Acadie Nouvelle

Arrestatio­n musclée: la partie visible d’un problème beaucoup plus grave

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Un travailleu­r de rue de Campbellto­n trouve regrettabl­e l’interventi­on musclée survenue vendredi sur la rue Roseberry, où un homme a été frappé à plusieurs reprises au corps par un policier. Il refuse toutefois de condamner les principaux acteurs.

Cela fait plus d’une vingtaine d’années que Luc Chiasson agit comme travailleu­r de rue. Au Restigouch­e, il est un incontourn­able. Pratiqueme­nt tous les toxicomane­s, sans-abri, jeunes délinquant­s, fugueurs, marginaux et familles dans le besoin le connaissen­t.

Comme plusieurs, il a été ébranlé après avoir visionné la vidéo d’un policier de Campbellto­n utilisant une force qu’il qualifie d’excessive sur un suspect en apparence maîtrisé au sol. Le suspect – André Mercier –, M. Chiasson le connaît bien pour avoir eu affaire à lui à plusieurs reprises.

«Ce n’est pas une mauvaise personne. C’est juste un garçon qui ne l’a pas eu facile et qui a fait quelques mauvais choix en cours de route. Mais il ne méritait pas cela pour autant», raconte le travailleu­r de rue.

M. Chiasson affirme ne pas connaître tout des circonstan­ces de l’arrestatio­n, mais il concède que les images sont frappantes et que la force de l’interventi­on est discutable. Ses clients l’ont vu. Ils en parlent dans la rue et plusieurs jugent que la confiance avec les forces de l’ordre est ébranlée.

S’il estime qu’un certain examen de conscience est de mise au sein de la GRC, Luc Chiasson n’est pas prêt à blâmer ni le policier ni le conseiller impliqué dans cette affaire.

«Je ne vais pas leur jeter la pierre, car ce qu’ils vivent en ce moment doit être terrible également», dit M. Chiasson.

«Les gens dans la rue, les toxicomane­s et les gens avec des problèmes de santé mentale, ce n’est pas une clientèle facile, mais plutôt imprévisib­le. Est-ce que le stress et les nerfs ont pris le dessus? Possibleme­nt, mais ce n’est pas à moi de juger du travail du policier ou du conseiller, car on ne sait jamais comment on risque de réagir à une certaine situation tant qu’on n’y est pas confronté», indique-t-il.

INTERVENTI­ONS MIEUX ADAPTÉES

Luc Chiasson croit que la GRC aurait tout à gagner de mettre ses membres à jour sur la façon d’intervenir avec les «gens de la rue». Selon lui, il faut un certain doigté, de la patience et une pointe de fermeté au besoin. Mais surtout, beaucoup d’empathie.

«Ces gens-là ont besoin de compassion et d’amour», dit-il.

Comme il l’a déjà exprimé dans nos pages, ce n’est pas parce que la région du Restigouch­e est éloignée des grands centres qu’elle soit pour autant épargnée des problèmes comme la prostituti­on, la toxicomani­e, la délinquanc­e ou l’itinérance. Non seulement cette réalité existe, mais aurait même pris de l’ampleur au cours des dix dernières années, à son avis.

«Je le vois sur le terrain. Les choses ne s’améliorent pas. Bien au contraire.»

Il affirme être plus occupé que jamais. La pandémie aurait amplifié les problèmes de santé mentale ou de consommati­on chez certains. ■

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