Haïti: le président Jovenel Moïse assassiné à son domicile, son épouse blessée
Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné chez lui dans la nuit de mardi à mercredi, a annoncé mercredi le premier ministre intérimaire du pays, qui a dénoncé un geste «haineux, inhumain et barbare».
La Première dame du pays, Martine Moïse, a quant à elle été blessée et transportée dans un hôpital. Le pays de 11 millions d’habitants était de plus en plus instable et insatisfait sous la gouverne de M. Moïse.
«La situation sécuritaire du pays est sous le contrôle de la police nationale et des forces armées d’Haïti, a assuré par voie de communiqué le bureau du premier ministre intérimaire Claude Joseph. La démocratie et la république triompheront.»
Les rues de la capitale, Port-au-Prince, étaient essentiellement désertes mercredi matin, mais on rapportait des actes de pillage en certains endroits.
La police a été déployée autour du Palais national et dans le quartier huppé de Piétonville, a dit M. Joseph, et elle sera aussi envoyée ailleurs.
L’aéroport international a été fermé et les responsables ont proclamé un «état de siège».
M. Joseph dirigera probablement le pays dans l’immédiat, mais cela pourrait rapidement changer dans un pays où le respect des règles constitutionnelles est sporadique, a dit Alex Dupuy, un sociologue d’origine haïtienne qui enseigne à l’université américaine Wesleyan.
Le meilleur scénario pour Haïti, croit-il, serait que le premier ministre intérimaire et l’opposition s’entendent pour organiser des élections. «Mais on ne peut rien tenir pour acquis en Haïti, a-t-il dit, en estimant que la situation est actuellement dangereuse et volatile. Ça dépend de l’équilibre des forces.»
La police haïtienne doit déjà composer avec une explosion de violence qui a chassé quelque 15 000 personnes de chez elles à
Port-au-Prince, a-t-il ajouté.
Les circonstances de l’assassinat demeurent obscures. M. Joseph a simplement dit que certains des assaillants s’exprimaient en anglais et en espagnol. Jovenel Moïse avait eu 53 ans il y a quelques jours.
PROBLÈMES ÉCONOMIQUES, POLITIQUES ET SOCIAUX
Les problèmes économiques, politiques et sociaux d’Haïti se sont récemment aggravés. La violence a explosé dans les rues de la capitale, l’inflation est hors de contrôle et les aliments et le carburant sont difficiles à trouver dans un pays où environ 60% de la population survit avec moins de 2$ US par jour.
Haïti peine toujours à se relever des dégâts causés par un séisme en 2010 et par l’ouragan Matthew en 2016.
M. Moïse gouvernait le pays seul depuis environ un an, depuis que le Parlement avait été dissous après qu’on eut été incapable d’organiser des élections. L’opposition l’accusait de chercher à augmenter son pouvoir, notamment depuis l’adoption d’un décret qui limitait le pouvoir du tribunal qui étudie les contrats gouvernementaux et d’un autre qui créait une agence du renseignement qui répondait seulement au président.
L’opposition réclamait sa démission depuis plusieurs mois, en faisant valoir que son mandat était terminé depuis février. M. Moïse et ses partisans prétendaient plutôt que son mandat a débuté en février 2017, dans la foulée d’une élection chaotique qui avait nécessité la nomination d’un président intérimaire.
L’assassinat survient moins de deux jours après que Jovenel Moïse ait procédé à la nomination d’Ariel Henry au poste de premier ministre du pays, avec le mandat de former un gouvernement pour résoudre le problème criant de l’insécurité et travailler à la réalisation des élections générales et du référendum.
Haïti devait organiser des élections générales plus tard cette année. ■