Acadie Nouvelle

«L’ÉLASTIQUE EST ÉTIRÉ AU MAXIMUM»

Pas de répit dans les salles d’urgence cet été. Le manque de personnel et la charge de travail ne se sont pas allégés même si les réseaux de santé font des pieds et des mains pour trouver des solutions.

- Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

La pénurie de personnel et le niveau d’occupation des lits d’hôpitaux mettent à mal le système de santé depuis des années, mais le problème s’est empiré au cours des derniers mois.

Le système tient le coup, mais la situation ne peut plus durer, selon le Dr Pierre Tremblay, urgentolog­ue à l’Hôpital régional Chaleur de Bathurst.

L’été apporte historique­ment une diminution des visites aux urgences et des hospitalis­ations, mais cela ne semble pas être le cas jusqu’à présent cette année.

«On s’attendait à avoir un peu de répit de ce côté-là. On s’est rendu compte que cette année, du moins, ça n’arrive pas», dit celui qui est aussi chef de départemen­t d’urgence dans la zone 6 et directeur médical régional des urgences au Réseau de santé Vitalité.

En raison de la pandémie, plusieurs patients souffrant de problèmes de santé chroniques n’ont pas pu obtenir les soins de base aussi régulièrem­ent qu’ils l’auraient pu au cours des 16 derniers mois. C’est l’un des facteurs qui contribuen­t à ce phénomène, selon M. Tremblay.

Quand ces gens-là se présentent à l’hôpital, ils ont donc besoin d’être hospitalis­és alors qu’ils pouvaient autrefois recevoir des traitement­s en externe, soutient le docteur.

Il affirme toutefois que le Réseau tient le coup, mais que «l’élastique est étiré aussi loin qu’il peut l’être».

Pendant l’été, les vacances du personnel des hôpitaux pèsent aussi très lourd dans la balance. Le Dr Tremblay affirme qu’à sa connaissan­ce, personne n’a jusqu’à maintenant dû annuler ses vacances pour qu’un service soit maintenu.

Il estime aussi que l’arrivée d’une nouvelle cohorte d’infirmière­s devrait alléger la pression sur le système.

«Mais un pansement sur le bobo, ça ne guérit pas le bobo.»

Les maux du système de santé sont complexes et il n’existe pas de solution à court terme, selon lui.

«Toute la manière dont les soins de santé sont donnés à la population du N.-B. a besoin d’être réinventée, sinon on va continuer sur une lancée de crises interminab­les. C’est la réalité.»

DES FERMETURES TEMPORAIRE­S CHEZ HORIZON

Le Réseau de santé Horizon, de son côté, a été forcé à trouver des solutions peu alléchante­s.

L’urgence de l’hôpital de Sackville est fermée les soirs de fin de semaine cet été. Celle d’Oromocto ferme à 16h chaque soir plutôt qu’à 22h.

Jeudi, le Réseau a annoncé que le service d’urgence de l’Hôpital Hôtel-Dieu de St. Joseph, à Perth-Andover, ne sera plus ouvert 24 heures sur 24, mais plutôt de 8h à 18h.

Jean Daigle, porte-parole chez Horizon, affirme que le Réseau mène un recrutemen­t «agressif» de personnel pour tenter de pallier au manque de ressources humaines qui a mené à ces réductions de services.

L’organisme a notamment engagé 42 médecins de famille l’an dernier et a ajouté des cliniques d’infirmière­s praticienn­es à Fredericto­n et à Saint-Jean pour rayer quelque 12 000 noms de la liste d’attente pour un fournisseu­r de soins de santé primaires.

«Dans les mois à venir, nous allons mettre sur pied ce qu’on appelle des cliniques de détourneme­nt des services d’urgences à Fredericto­n, à Moncton et à Saint-Jean», dit aussi Jean Daigle.

Ces cliniques permettron­t aux cas non-urgents qui se présentent à l’urgence d’être traités par des infirmière­s praticienn­es ailleurs.

En juin, Vitalité a lancé un projet similaire qui permet aux patients ayant des problèmes non-urgents de recevoir des soins dans une clinique médicale dans un délai de 48 heures.

Jusqu’à maintenant, cette mesure n’a pas beaucoup réduit l’achalandag­e dans les urgences, en partie puisque le transfert se fait sur une base volontaire, selon le Dr Pierre Tremblay.

Contrairem­ent à ce qui se passe du côté d’Horizon, le Dr Tremblay affirme que Vitalité ne planifie pas de fermetures temporaire­s des urgences, mais que le Réseau est tout de même «à la merci de la malchance».

«C’est une danse qu’on a besoin de faire au quotidien, de trouver du personnel infirmier et des médecins pour continuer à garder toutes les urgences ouvertes. On est tellement étirés que s’il y a un médecin qui fait un accident de vélo et qui se casse un bras, ça se peut que ça (fermer une urgence) arrive», affirme-t-il. ■

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