Acadie Nouvelle

Des restaurate­urs digèrent mal un règlement qui leur interdit de servir des tartares

Plusieurs chefs disent mal comprendre pourquoi le ministère de la Santé leur interdit soudaineme­nt de servir des tartares de boeuf, un plat qu’on leur permettait de servir jusqu’à présent.

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Plus tôt cette semaine, des restaurate­urs de Moncton ont été étonnés d’apprendre qu’ils ne pourraient désormais plus servir de tartare, un plat à base de boeuf cru, à la suite d’une visite d’un inspecteur du ministère de la Santé.

Luc Doucet, chef et propriétai­re du Black Rabbit à Moncton, sert régulièrem­ent des tartares. Il s’est dit surpris de la nouvelle consigne puisque le gouverneme­nt ne s’est jamais opposé à ce que son restaurant serve ce plat.

«Ils nous connaissen­t et savent ce qu’on fait», s’étonne-t-il.

M. Doucet n’est pas le seul à qui on a interdit de servir des plats à base de viande crue. Little Louis’, un autre restaurant de Moncton, a reçu les mêmes consignes dans une lettre livrée cette semaine.

«Ça fait 13 ans que je sers du tartare au restaurant, s’indigne Pierre Richard, chef du Little Louis’. Personne n’arrive à réellement nous expliquer pourquoi il y a soudaineme­nt eu ce changement.»

«On ne comprend pas pourquoi, on ne nous en a pas parlé avant et les raisons justifiant les changement­s sont vagues», ajoute M. Doucet.

D’après le ministère de la Santé, «11 établissem­ents ont reçu une lettre concernant le service de boeuf cru ou insuffisam­ment cuit» depuis un mois.

«Ces lettres ne sont pas émises parce que des personnes sont devenues malades après avoir consommé ces aliments – elles le sont plutôt à cause de préoccupat­ions générales relatives à la salubrité alimentair­e», a écrit un porte-parole du ministère dans un courriel.

«UNE VRAIE FARCE»

Le ministère de la Santé n’a toutefois pas souhaité expliquer pourquoi il a soudaineme­nt décidé d’interdire aux restaurate­urs de servir des tartares de boeuf alors qu’ils le font depuis des années.

«Les restaurant­s avec permis d’alcool sont tenus de se conformer au Règlement sur les locaux destinés aux aliments qui prévoit des exigences en matière de températur­e minimale de cuisson (63°Celsius), a expliqué le ministère de la Santé. Le Ministère évalue les possibilit­és d’actions futures qui pourraient permettre un champ d’exercice plus large.»

Les restaurate­urs souhaitant continuer à servir des tartares pourront se soumettre à «une évaluation qui sera menée par la Direction de la protection de la santé et qui déterminer­a si le processus est conforme à l’esprit du règlement».

Pierre Richard ne mâche pas ses mots à l’endroit de cette évaluation, qualifiant le tout de farce. La situation est d’autant plus frustrante que le Nouveau-Brunswick commençait finalement, à l’instar d’autres provinces comme la Nouvelle-Écosse, à se faire remarquer pour la qualité de sa gastronomi­e et de ses tables.

«J’ai toujours été à l’avant-scène pour essayer de pousser le tourisme gastronomi­que dans la province et, là, le gouverneme­nt nous dit qu’on ne peut pas faire de tartare, c’est une gifle en plein visage pour tous les chefs.»

Pour M. Doucet, il serait bien plus simple pour le gouverneme­nt d’émettre des consignes claires que tous les restaurate­urs pourraient suivre plutôt que d’exiger des évaluation­s à la pièce.

«J’ai parlé avec beaucoup de restaurant­s depuis hier (jeudi), on est un peu découragés, mais on veut travailler pour progresser et trouver une solution. Nous ne sommes pas contre le ministère de la Santé ou les inspecteur­s, on veut simplement pouvoir en discuter avec eux et trouver une solution», ajoute-t-il. ■

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Luc Doucet, chef et propriétai­re du Black Rabbit à Moncton. - Gracieuset­é
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