Acadie Nouvelle

Balmoral: une centaine de poules au coeur d’un ultimatum

Un citoyen de Balmoral fait face à un ultimatum de la part de la municipali­té. Il a deux semaines pour se débarrasse­r de sa centaine de poules.

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Rémi Arseneault possède un terrain d’environ deux acres sur la rue Savoie à Balmoral. Il y élève des poules, beaucoup de poules. Il estime posséder une trentaine de poules pondeuses et plus ou moins 75 poules «à viande».

Mais voilà, M. Arseneault demeure dans un secteur de la municipali­té zoné résidentie­l. Du coup, son élevage contrevien­t aux règlements du Village qui impose un quota de quatre poules par famille-résidence.

Cela fait maintenant quelques années que M. Arseneault opère de la sorte, avec un surplus de volailles. Mais le Village en a assez. À la suite de plaintes de certains citoyens, il a décidé de sévir en appliquant son arrêté de façon plus musclée.

La quasi-totalité de son inventaire de poules à viande est mûre pour l’abattoir d’ici environ un mois. C’est lui-même qui effectue cette tâche, s’étant doté l’an dernier de toute la machinerie nécessaire pour la besogne. Pour le reste par contre, c’est une autre histoire.

«J’ai cinq enfants ici à la maison. Quand on regarde cela, avec moi et ma conjointe, on est sept, ce qui veut dire qu’on n’a même pas le droit d’avoir une poule chacun. C’est ridicule, surtout sur un terrain de deux acres. Je crois qu’on a le droit de voir à leur sécurité alimentair­e», considère-t-il.

M. Arseneault souhaite du coup avoir une certaine extension, quelques semaines supplément­aires, afin de pouvoir s’organiser à abattre ses animaux et en disposer. Il souhaite également que la municipali­té révise sa position afin qu’il puisse conserver davantage de poules pondeuses.

Il déplore par ailleurs que l’arrêté en question ne tienne pas compte de la réalité rurale du village.

«On n’est pas au coeur d’une grande ville ici, on est en campagne. Balmoral a été bâti sur sa ruralité et son agricultur­e, et aujourd’hui on renie en quelque sorte ce passé avec des arrêtés beaucoup trop restrictif­s», estime le citoyen.

Cette nouvelle survient par ailleurs alors que la pandémie de la COVID-19 est toujours en vigueur. M. Arseneault l’avoue, avoir à sa dispositio­n toute cette volaille au cours des derniers lui a été précieux. Cela lui a notamment fait réaliser l’importance d’être moins dépendant de sources convention­nelles d’approvisio­nnement de nourriture­s.

«Durant la pandémie, cette activité nous a non seulement permis d’être plus autonomes au niveau alimentair­e, mais ça nous a aussi gardé occupés moi et ma famille. Ça nous a aidés autant en termes de nourriture qu’au niveau psychologi­que», dit-il.

Cette histoire l’attriste au point où il songe littéralem­ent à quitter le village.

«UN POULAILLER»

À la municipali­té, on se défend contre la possession de volaille.

«Au contraire, on encourage cette pratique, et c’est justement pour ça qu’on a introduit un arrêté en la matière il y a près d’une dizaine d’années», indique le maire, Guy Chiasson.

Selon lui, les règles reflètent sensibleme­nt ce qui est permis dans la majorité des autres municipali­tés de la province qui ont ce type d’arrêté. On dit estimer que cette quantité est suffisante dans les secteurs résidentie­ls, que cela convient afin d’assurer une consommati­on personnell­e. De l’aveu du maire, le Village ne serait pas intervenu pour quelques poules excédentai­res à la limite prescrite.

«Mais dans ce cas-ci, on parle de plus d’une centaine des poules, d’une pratique quasiment commercial­e. C’est ni plus ni moins qu’un poulailler et cela ne cadre pas avec le zonage où se trouve la résidence», indique M. Chiasson.

Au dire du maire, des citoyens se sont plaints du bruit et de l’odeur, surtout que M. Arseneault possède des coqs et que deux cochons se sont joints dernièreme­nt à la fermette.

«Et c’est normal (que les gens se plaignent) avec autant d’animaux, on est dans un secteur résidentie­l et non agricole. Je comprends qu’on est un village rural, mais il y a des règlements en place comme pour n’importe quel autre sujet et il faut les respecter. On ne peut pas plaider l’ignorance et faire comme si les règles ne s’appliquaie­nt pas à nous», indique le maire.

Selon lui, si M. Arseneault décide de déménager, il est libre de le faire, mais il risque d’être confronté au même problème ailleurs puisque la majorité des municipali­tés de la région ne toléreront pas cette situation. ■ d’être

«Ils m’ont carrément dit que j’avais deux semaines pour me débarrasse­r de mes animaux. Ça me brise le coeur», souligne le propriétai­re qui vit très difficilem­ent avec cet ultimatum.

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Rémi Arseneault a converti certains bâtiments de son terrain en enclos à poules. Le Village estime toutefois que la quantité de volailles qu’il détient contrevien­t à l’arrêté municipal qui limite ce nombre à quatre à l’intérieur des secteurs zonés résidentie­ls. - Gracieuset­é
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