Acadie Nouvelle

Diversité et identité sexuelles: les mentalités évoluent

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Les efforts de la communauté 2ELGBTQIA+, qui milite pour l’avancement de ses droits au Canada, portent leurs fruits. Les jeunes ont moins peur de s’afficher en comparaiso­n à leurs prédécesse­urs, mais la lutte se poursuit. Deux génération­s de personnes de la diversité sexuelle et de genre témoignent de leur expérience.

Pierre McGraw, Sylvie Lirette et Louise Cormier sont d’une génération où l’homosexual­ité était taboue. Matty Melanson, Danica Roy et Samuel LeBlanc font partie de la nouvelle génération où les questions concernant la communauté 2ELGBTQIA+ sont de plus en plus abordées publiqueme­nt.

Ils ont partagé leurs histoires personnell­es ce week-end lors d’une conférence tenue dans le cadre du Rendez-vous Acadie Love, à Caraquet. Ils ont notamment abordé la question de leur cheminemen­t dans un milieu rural et francophon­e.

Sylvie Lirette, originaire de Caraquet, habite aujourd’hui à Dieppe avec son épouse, Louise Cormier. Âgée de la quarantain­e, elle a toujours su qu’elle était attirée par les femmes, mais le contexte de l’époque durant laquelle elle a grandi, les années 1980 et 1990, en a été une de stigmatisa­tion pour la communauté 2ELGBTQIA+ en raison d’idées reçues sur le SIDA, qui touchait particuliè­rement les hommes homosexuel­s.

«J’avais entendu parler d’homosexual­ité à cause de tout ce qui se passait au niveau du SIDA et malheureus­ement, il n’y avait pas de modèles autour de moi. C’était un sujet vraiment tabou. J’ai seulement fait mon coming out lorsque j’ai quitté la région de Caraquet. Je suis allée étudier à Ottawa et j’ai pu trouver les mots pour expliquer ce que je vivais. J’ai quand même mis tout ça de côté pour me concentrer sur ma carrière», raconte-t-elle.

C’est seulement lorsqu’elle s’est taillé une place sur le marché du travail qu’elle a trouvé le courage d’en parler avec sa famille.

«Je l’ai fait par lettre. Il y a des gens que je croyais qui allaient bien réagir qui ont moins bien réagi et avec ceux que je m’attendais que ça va mal, ils ont bien réagi. Ç’a été une grande surprise.»

Bien qu’elle ait graduellem­ent commencé à se sentir plus libre dans sa peau, le fait qu’elle soit touchée par des problèmes de cécité ajoute au défi, dit-elle.

«Le cheminemen­t n’a pas été facile. Je travaillai­s déjà dans le domaine de la santé mentale donc j’avais des collègues avec qui je pouvais en discuter. Le fait que je sois aveugle ajoutait au défi. N’ayant déjà pas vraiment de modèle, j’en avais encore moins avec un handicap. Je me demandais comme je serais accepté.»

«S’il y avait eu plus de visibilité et de modèles quand j’étais jeune, j’aurais probableme­nt fait mon coming out plus jeune, à l’adolescenc­e. Même si j’ai grandi dans les années 1990, on n’en parlait pas à l’école. L’homosexual­ité ne faisait pas partie du curriculum. Je n’avais pas les mots pour exprimer ce que je vivais.»

DES RÉPONSES SUR INTERNET

Samuel LeBlanc, un adolescent trans assigné fille à la naissance, s’est toujours senti plus masculin, même à l’enfance.

«Il y a des photos de moi où je me suis dessiné une barbe sur la face et des choses comme ça», dit l’adolescent de Ste-Mariede-Kent qui entamera bientôt sa 12e année à l’école L’Odyssée, à Moncton.

À l’âge de 11 ans, il se rend compte que quelque chose ne va plus. Comme plusieurs de sa génération, il se tourne vers Google et YouTube pour commencer à trouver le début d’une réponse convenable.

«Je n’avais pas entendu parler de personnes trans à l’école, ce n’est pas quelque chose que je connaissai­s. J’ai fait de la recherche sur internet et c’est là où j’ai trouvé des ressources. C’est ce qui m’a amené à envoyer un message texte à ma mère. Je voulais qu’elle devine ce que je voulais lui dire, car je n’avais pas la force de le faire. Ç’a pris une quinzaine de minutes, mais à la fin, elle m’a demandé si je voulais être un garçon. J’ai dit oui. Toutes les choses ont été bien dites, mais on n’a pas agi après ça pendant une bonne année.»

Près d’une année plus tard, Samuel annonce à sa mère qu’il est bisexuel, mais quelques mois plus tard, à l’approche de ses 13 ans, il comprend qu’il est vraiment une personne trans.

«On a tous les deux compris que ce n’était pas une phase, que c’était là pour rester. On a commencé les démarches pour les hormones et tout ça, donc ç’a été le début de la transition.»

La réaction de la famille est assez positive.

«Ç’a pris du temps pour qu’elle s’habitue à mon nouveau nom, mais en même temps, ce n’était pas des gens qui étaient nécessaire­ment habitués à ces choses-là non plus. Ils ont été respectueu­x et ils m’ont aimé. Avec l’aide de ma mère, ç’a été facile pour moi aussi. À l’école, j’ai fait mon coming out en 7e année. J’étais dans une école à Dieppe, une communauté assez ouverte, mais j’ai reçu des commentair­es de gens où il était clair qu’ils ne m’acceptent pas. J’ai pris la décision de changer d’école.» ■

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Le 5e Rendez-vous de la Fierté Acadie Love s’est déroulé sous le thème des transident­ités, en fin de semaine, à Caraquet. - Acadie Nouvelle: David Caron
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