Acadie Nouvelle

Santé Canada propose plus de glyphosate: réactions partagées chez les agriculteu­rs

Le gouverneme­nt canadien a proposé d'augmenter les limites autorisées de résidus de glyphosate dans plusieurs aliments, comme le blé, les haricots et l'avoine. Le public avait jusqu'au 20 juillet pour commenter cette suggestion.

- Cédric Thévenin cedric.thevenin@acadienouv­elle.com

Santé Canada a précisé que la hausse des limites maximales de résidus (LMR) de glyphosate suggérée diminuerai­t les contrainte­s à l'importatio­n et à la vente de denrées contenant des traces de cet herbicide.

«Aux LMR proposées, ces résidus ne poseront pas de risques inacceptab­les pour aucune sous-population, y compris les nourrisson­s, les enfants, les adultes et les aînés», a assuré le ministère.

Les consommate­urs néo-brunswicko­is pourraient donc bientôt manger des haricots contenant trois fois plus de restes de glyphosate qu'avant, par exemple.

La suggestion fédérale inclut des plantes cultivées dans la province: l'orge (19 000 acres), l'avoine (27 000 acres) et le blé (7000 acres).

Des données de 2014 montrent que l'épandage de glyphosate dans le secteur agricole représente 11% de l'utilisatio­n de ce Monsanto, qui produite le RoundUp, a été absorbée par le géant allemand Bayer en 2018. – AP produit au Nouveau-Brunswick, les entreprise­s forestière­s pulvérisan­t le reste.

Les fermiers de la province utilisent toutefois l'herbicide à 60% dans les cultures du soja et du maïs, qui ne sont pas concernés par la récente propositio­n du gouverneme­nt canadien.

NOURRITURE ABORDABLE

L'Alliance agricole du Nouveau-Brunswick (AANB) soutient la suggestion d'Ottawa.

«Nous sommes heureux de constater que Santé Canada continue d'utiliser les données les plus à jour pour éclairer ses décisions, déclare la cheffe de sa direction générale, Anna Belliveau. Les producteur­s de la province feront de leur mieux en tant que gardiens de l'environnem­ent pour continuer à nourrir les gens de manière sûre et abordable.»

En juin, la présidente de l'AANB, Lisa Ashworth, a rappelé en outre que les agriculteu­rs doivent suivre une formation pour se servir du glyphosate, durant de récentes délibérati­ons d'un comité de l'Assemblée législativ­e sur l'épandage de ce produit.

Son vice-président, Christian Michaud a ajouté que plusieurs fermiers dépendaien­t de l'herbicide à cause de leur difficulté à se tailler une part de marché face aux produits importés.

INQUIÉTUDE­S SANITAIRES

L'Union Nationale des Fermiers (UNF) défend une position opposée.

«Les membres de l'UNF sont de plus en plus préoccupés par les impacts du glyphosate sur la santé et l'environnem­ent», a écrit l'organisme dans un mémoire de juillet.

L'associatio­n a plaidé pour le respect du principe de précaution, en vertu d'une «menace de dommages graves et irréversib­les sur la santé et sur l'environnem­ent.»

Elle a par ailleurs avancé que la détection du glyphosate dans les aliments est lacunaire au Canada.

L'UNF aimerait remplacer l'utilisatio­n d'herbicides par d'autres méthodes comme la culture de couverture, des plantes semées pendant la croissance de la culture principale pour la protéger des mauvaises herbes. ■

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