LA CROIX DU GRAND DÉRANGEMENT VOLÉE ET DÉTRUITE
Le président de la Commission de l’Odyssée acadienne, Jean J. Gaudet déplore le vol de la croix du monument commémorant le Grand Dérangement à Dieppe. Il a récupéré l’objet brisé en deux et dénudé de ses ornements, en provenance d’un ferrailleur du Grand Moncton.
La Ville de Dieppe, responsable du monument situé près de la rivière Petitcodiac à la sortie de Moncton, a signalé le méfait à la GRC.
Le détachement de Codiac n’a cependant pas répondu aux questions de l’Acadie Nouvelle.
M. Gaudet pense que le vol a eu lieu à la fin juin, durant une fin de semaine, probablement à la faveur de l’obscurité.
«Les brigands ont scié des boulons de la croix puis ont tiré dessus pour l’arracher», reconstitue l’octogénaire en montrant des photos de la scène du délit sur son téléphone cellulaire.
RÉPARATION DISPENDIEUSE
Celui qui préside la commission de l’Odyssée acadienne de la Société Nationale de l’Acadie (SNA) depuis plus de dix ans estime que le remplacement de l’objet coûtera environ 10 000$.
«Son coulage est très difficile, commente-til. Et c’est du bronze. C’est très, très coûteux.»
M. Gaudet précise que la Municipalité de Dieppe est responsable de la réparation de cette reconstitution de la croix de Grand-Pré en Nouvelle-Écosse, un lieu d’embarquement des Acadiens lors du Grand Dérangement.
«Apparemment, la commande est passée, se réjouit-il. La commission apprécie la prompte coopération de la Ville.»
L’agente de communication, Julie Albert confirme que l’administration a communiqué avec une entreprise, mais que le responsable du dossier est en vacances.
«Nous espérons de tout coeur que ce monument pourra être restauré, a réagi la présidente de la SNA, Louise Imbeault. Nous sommes attristés d’apprendre que ce monument honorant la mémoire des victimes du plus grand traumatisme infligé à notre peuple a été vandalisé.»
Mme Imbeault ajoute que ce geste est isolé et qu’il ne reflète pas l’esprit d’inclusion et de respect de la population du Grand Moncton.
D’autres monuments commémoratifs de la commission de l’Odyssée acadienne, parmi les 16 qui existent, ont subi des
«Est-ce que c’est une démarche haineuse? Je ne suis pas prêt à dire ça, temporise M. Gaudet. Je pense que c’est plutôt l’appât du gain lié à la vente du bronze.»
actes de vandalisme.
La Société acadienne Port-Royal de Bécancour, au Québec, a déploré les vols de plaques métalliques en 2019, 2017 et 2011, selon Le Courrier Sud. Un événement similaire a eu lieu à Saint-Jacques, dans la même province, en 2016.
«Nous sommes vulnérables, constate M. Gaudet. Mais au fur et à mesure des épreuves, nous avons amélioré la résistance des croix.»
L’Acadien est peut-être d’autant plus frustré de la destruction de celle de Dieppe.
«Ça me peine beaucoup, car c’est une insulte à l’intelligence que d’essayer d’obtenir un gain minime en ferraille en comparaison de ce que la restauration coûte», exprime-t-il.
Il est possible que le délinquant ait cependant jugé le bénéfice potentiel de son larcin grand en comparaison de son faible revenu. ■