Acadie Nouvelle

LE RABAIS FERA-T-IL DÉCOLLER LES VENTES?

Le nouveau programme provincial d’incitatifs fera-t-il décoller les ventes de véhicules électrique­s et hybrides? Les vendeurs s’accordent sur le fait que les freins à l’achat sont encore nombreux et que la transition ne se fera pas du jour au lendemain.

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

Après l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick emboîte le pas et offre désormais un rabais alléchant: jusqu’à 5000$ pour l’achat d’un véhicule électrique à batterie ou un véhicule électrique hybride rechargeab­le à grande autonomie neuf, jusqu’à 2500$ pour un véhicule électrique à batterie d’occasion, mais aussi 750$ pour l’achat et 750$ pour l’installati­on d’une borne de recharge à domicile.

Énergie NB administre­ra d’abord le programme et offrira des remises rétroactiv­es, puis, plus tard cet automne, les concession­naires accorderon­t le rabais directemen­t aux clients.

En le combinant au rabais proposé par le gouverneme­nt fédéral, le client peut réduire sa facture de 10 000$.

Malgré un réseau de bornes de recharges plutôt développé (196 bornes de recharge de niveau 2 et 87 bornes de recharge rapide), la part de marché des véhicules hybrides ou entièremen­t électrique­s neufs demeure dérisoire au Nouveau-Brunswick. Ils ne représenta­ient que 2,3% des ventes en 2020.

Certains sont toutefois convaincus que la nouvelle subvention pourrait changer la donne. Les incitatifs ont déjà fait leurs preuves au Québec et en ColombieBr­itannique, où s’est concentrée l’immense majorité des ventes de véhicules dits «écologique­s» ces dernières années.

Jonathan Brawn, le trésorier de l’Associatio­n des concession­naires du NouveauBru­nswick, constate déjà un engouement naissant.

«Depuis que le programme a été lancé, notre concession­naire à Fredericto­n a déjà vendu huit véhicules électrique­s. Beaucoup attendaien­t ce rabais. Un 10 000$ de moins, c’est certain que ça va pousser beaucoup de gens à réellement considérer un tel achat.»

Il faut dire que les modèles ne sont pas à la portée des petits budgets: il faut compter au moins 40 198$ pour la Chevrolet Bolt, 44 298$ pour la Nissan Leaf et 47 600$ pour la Tesla Model 3, la moins dispendieu­se de la famille.

L’objectif fixé par Fredericto­n de 20 000 véhicules électrique­s d’ici 2030 est-il facilement atteignabl­e?

«On a un très bon incitatif. Je crois que ça fera une différence, répond Michel Cormier, propriétai­re du Generation Hyundai d’Atholville. Mais c’est certain que l’adoption sera plus lente dans notre petit coin de pays que les grandes villes. Il ne faut pas oublier que les distances sont grandes. On voyage plus que d’autres régions.»

UNE DISPONIBIL­ITÉ LIMITÉE

Le concession­naire n’a pas encore de véhicule électrique en inventaire, mais prévoit des livraisons d’ici la fin de l’année. La transition implique des investisse­ments non négligeabl­es, explique M. Cormier.

«Il faut d’abord que nos mécanicien­s soient certifiés. Il faut installer une borne de recharge. Le programme m’incite à me dépêcher, à me préparer.»

Un rapport publié l’an dernier par Dunsky Energy Consulting soulignait que l’offre limitée - à la fois en termes de nombre de véhicules et de diversité des modèles disponible­s - demeure un obstacle à leur adoption à travers le pays. En février 2020, seulement un concession­naire automobile canadien sur trois disposait d’un véhicule électrique en stock.

«Je suis convaincu que la demande augmentera, souligne Jonathan Brawn. À travers la province, les concession­naires ont été hésitants à stocker ces produits par peur de ne jamais pouvoir les vendre. Ils devront maintenant s’assurer d’avoir davantage d’inventaire­s pour éviter que la clientèle n’aille voir ailleurs. Je ne crois pas que l’offre sera un obstacle. L’intérêt ne fera qu’augmenter mois après mois, année après année.»

Si le gouverneme­nt souhaite accélérer encore davantage l’électrific­ation des moyens de transport, il aurait la possibilit­é d’imiter le Québec et la ColombieBr­itannique qui ont instauré des cibles obligatoir­es. Elles obligent les constructe­urs à mettre sur le marché une part minimum de véhicules non polluants ou à faible émission, sous peine de se voir imposer des pénalités financière­s.

Cette législatio­n a notamment poussé le japonais Mazda à offrir son premier véhicule électrique le MX-30 uniquement dans ces deux provinces, à partir de septembre.

François Martin, propriétai­re de Mazda Edmundston, indique que ce modèle tout électrique ne sera pas disponible dans sa région avant 2023.

«La tangente s’en va vers ça et les manufactur­iers n’auront pas le choix de revoir leur offre», assure-t-il cependant. ■

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La part de marché des véhicules hybrides ou entièremen­t électrique­s neufs demeure dérisoire au N.-B. Ils ne représenta­ient que 2,3% des ventes en 2020. - Archives
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