Un projet rassembleur
Philippe Ferguson Rivière-à-la-Truite MRT de Tracadie
Monsieur le maire Denis Losier et les membres du conseil municipal, tout d’abord, j’en profite pour vous féliciter, toutes et tous, pour votre élection. La tâche est ardue et je vous souhaite toute la chance possible. Si je prends le temps ce matin de vous écrire, c’est que comme nouvelle municipalité avec un grand territoire et de nombreux kilomètres de routes, il faut prendre le temps de constater ce que nous avons en commun pour bâtir un sentiment d’appartenance.
Pour se faire, il est certainement plus facile de remonter le temps, plus précisément à l’arrivée des premiers Acadiens. On se souvient que les Premières Nations (les Micmacs) y étaient déjà. Nous sommes donc vers la fin des années 1700.
Les Acadiens, de par leur croyance, étaient très religieux et déjà, au début des années 1800, on retrouvait, dans le village qu’on avait nommé Tracadie, une chapelle. L’histoire nous démontre qu’une première église se trouvait à l’endroit qu’on appelait jadis la Pointe-au-pré. Pour bien situer le tout dans le contexte d’aujourd’hui, elle se trouvait là où reposent nos premiers prédécesseurs, au cimetière des Fondateurs, rue Saulnier-est, dans la MRT. Cette église était debout vers 1821. D’ailleurs, dans le cimetière, nous trouvons des dates d’inhumation à partir des années 1798 jusqu’à 1880.
Les Acadiennes et Acadiens étant des gens très pieux et fidèles à la religion catholique, on peut, sans risque de brimer les faits historiques, affirmer que la majorité des habitants de la grande région de Tracadie de l’époque y ont été baptisés, mariés et ensevelis. Il n’y avait pas d’autres églises dans la région immédiate de Tracadie, la paroisse s’étendant de Pokemouche à Néguac.
C’est ainsi qu’un précédent conseil municipal a vu l’importance de souligner ce point en investissant des fonds pour rehausser son apparence et rappeler à la population l’importance de se souvenir de nos ancêtres. À la même occasion, les touristes pouvaient visiter ce site si ce n’est que pour constater la panoplie de noms qu’on y retrouve. Aussi, les lieux se prêtent si facilement à un agrandissement. Avec quelques arbres et quelques tables de pique-nique, ces lieux deviendraient un espace vert et un parc historique, avec vue sur la mer. Oui, ceci engendrerait des coûts. On peut trouver toutes les raisons pour dire que ce n’est pas de votre responsabilité.
Toutefois, l’histoire d’un peuple et de son éducation ne peut se mesurer aux signes de piastres. C’est le village tout entier qui doit voir à l’éducation de sa relève. Dans ce cas, notre municipalité doit assumer ce rôle. Je vous fais remarquer aussi l’enseigne du cimetière des Fondateurs qui arbore fièrement le logo de notre municipalité.
En tant que résident de cette grande municipalité, je vous prie de considérer d’absorber les coûts nécessaires annuels (gazon, drapeaux, etc.) pour faire de ce lieu un endroit de recueillement et un site qui nous rappelle notre passé commun, nous les gens de la Municipalité régionale de Tracadie. Il est certainement temps d’encourager ce sentiment perdu qui nous relie toutes et tous. Nos ancêtres du temps, reposant tous au même endroit, en seraient bien fiers.
Dans l’espoir d’une considération réfléchie et d’une discussion approfondie, le présent conseil municipal pourrait débuter son mandat sous le signe de la reconnaissance d’un passé qui nous a mené à aujourd’hui.
Le conseil municipal, après de longues discussions, en est arrivé à la proposition suivante, soit de faire enlever les enseignes sur la rue Principale et la rue Saulnier-est, indiquant les lieux du cimetière des Fondateurs. Cherchez à comprendre! D’ailleurs, je m’abstiendrai de faire d’autres commentaires sur les propos entendus lors de ces discussions. Je sais toutefois que ça va prendre une génération pour corriger le tir..