Acadie Nouvelle

Après des décennies, l’ermite du New Hampshire est chassé de chez lui

- Kathy Mccormack

David Lidstone habite la forêt du New Hampshire, le long de la rivière Merrimack, depuis une trentaine d’années. L’homme âgé de 81 ans vit dans une petite cabane équipée de panneaux solaires, il cultive sa propre nourriture, coupe son propre bois, et s’occupe de son chat et de ses poules.

Mais son existence loin de la société est maintenant menacée.

«River Dave», comme le surnomment les plaisancie­rs qui fréquenten­t la rivière, se retrouve derrière les barreaux, accusé de squatter sur un terrain privé depuis 27 ans.

Le propriétai­re du terrain veut démolir la cabane, et M. Lidstone est incarcéré depuis le 15 juillet pour outrage civil.

«Vous êtes venus avec vos armes, vous m’avez arrêté, vous m’avez emmené ici, vous avez tous mes biens. Gardez-les, a-til lancé au juge lors d’une audience mercredi. Je vais rester assis ici à pourrir dans votre uniforme, monsieur.»

Jodie Gedeon, une kayakiste qui s’est liée d’amitié avec lui il y a une vingtaine d’années, dit qu’il «est simplement un type très gentil qui choisit de vivre loin des autres».

Mme Gedeon et d’autres mettent tout en oeuvre pour que M. Lidstone puisse garder sa cabane à Canterbury. Ils font notamment circuler une pétition et essaient de récolter l’argent nécessaire pour acquitter les taxes foncières.

Mais la bataille est loin d’être gagnée. Même si on trouve ultimement un moyen de laisser M. Lidstone continuer à vivre dans sa cabane, celle-ci contrevien­t à de multiples règles de zonage et environnem­entales.

Un élu local a reconnu que la situation est très problémati­que.

Mercredi, le juge Andrew Schulman a admis que M. Lidstone ne fait de mal à personne, mais il a rappelé que la loi est clairement en faveur du propriétai­re.

«Vous faites votre petite affaire dans un État dont le slogan est ‘Live Free or Die’ (Vivre libre ou mourir), donc il y a beaucoup de sympathie à votre égard, a-t-il dit.

Mais il y a aussi beaucoup de poids de l’autre côté, et pas seulement pour ce que le propriétai­re veut faire avec la terre, mais la responsabi­lité que je ressens de faire respecter le jugement du tribunal et la loi.»

Le petit lot où s’est installé M. Lidstone se trouve à quelques kilomètres de l’autoroute 93, mais il est caché par les arbres. Il se trouve sur un terrain d’environ 4000 mètres carrés où on pratique l’exploitati­on forestière. La propriété appartient à la même famille depuis 1963, et il n’y a actuelleme­nt aucun plan pour la développer.

Canterbury se trouve à environ 400 kilomètres au sud-sud-est de Montréal.

Selon M. Lidstone, il y a quelques années, le propriétai­re du terrain lui a permis verbalemen­t - mais non par écrit d’habiter à cet endroit. Le propriétai­re actuel le voit plutôt comme un squatteur qui doit être évincé.

Le propriétai­re, Leonard Giles, est un homme de 86 ans qui habite South Burlington, au Vermont. Il ne savait même pas que M. Lidstone vivait à cet endroit avant d’en être informé par les dirigeants municipaux en 2015. Il a déposé une plainte l’année suivante.

Son avocate, Lisa Snow Wade, dit que son client «n’a pas besoin de ce stress depuis quelques années».

La juge a suggéré mercredi à M. Giles et aux responsabl­es municipaux de faire appel à un médiateur, mais l’avocate de M. Giles a répliqué que la logistique serait trop complexe.

«On doit reconnaîtr­e que les revenus de ce terrain doivent profiter à mon client âgé pendant sa retraite, a-t-elle dit. Jusqu’à quel point est-il responsabl­e de rendre ce terrain habitable pour quelqu’un qui y habite illégaleme­nt? Il veut simplement ravoir sa terre.»

M. Lidstone, qui n’a pas d’avocat, affirme que sa cabane est un camp de chasse et de pêche, et non une maison.

Il a ensuite prétendu que M. Giles n’est pas propriétai­re du terrain, mais que la ville fait pression sur lui.

«C’est un type très sympathiqu­e, je lui ai parlé à quelques reprises. Ce n’est pas de sa faute, ce n’est pas de ma faute, a-t-il dit. C’est à cause des juges corrompus et menteurs comme vous qui écrasez les petits comme moi. Mais je vais vous dire quelque chose, monsieur: si vous me pilez dessus, je vais vous mordre la cheville.»

M. Lidstone, un petit homme barbu et énergique, refuse de s’en aller depuis qu’un juge lui a ordonné de déménager en 2017. Les deux camps essaient depuis ce moment de s’entendre, mais sans succès, selon des documents présentés au tribunal.

En ce moment, M. Lidstone ne sera libéré que s’il accepte de s’en aller, si la cabane est démolie par M. Giles ou s’il est incarcéré depuis 30 jours. ■

«C’est une question d’humanité, c’est une question de compassion, d’empathie (...) il ne fait de mal à personne», a-t-elle ajouté.

«Pourquoi est-ce que ça prend une route? Vous me prenez pour un idiot? Vous allez installer une fosse septique pour un camp de chasse?», a-t-il demandé.

 ?? - Associated Press: Jodie Gedeon ?? David Lidstone, un petit homme âgé de 81 ans, barbu et énergique, refuse de s’en aller de son ermitage, situé dans la forêt du New Hampshire, le long de la rivière Merrimack, depuis qu’un juge lui a ordonné de déménager en 2017.
- Associated Press: Jodie Gedeon David Lidstone, un petit homme âgé de 81 ans, barbu et énergique, refuse de s’en aller de son ermitage, situé dans la forêt du New Hampshire, le long de la rivière Merrimack, depuis qu’un juge lui a ordonné de déménager en 2017.

Newspapers in French

Newspapers from Canada