Acadie Nouvelle

Un centre-ville sans diversité

- JEAN-CLAUDE BASQUE Moncton

Un centre-ville, pour être vivant, doit héberger des citoyens de différents milieux économique­s, des célibatair­es, des familles et des personnes de différents âges. Cette diversité humaine a besoin de maisons unifamilia­les, de duplex, de maisons de chambres et oui d’édifices à logements. Au centre-ville de Moncton, nous assistons présenteme­nt à la démolition de maisons unifamilia­les, à des évictions dans les maisons de chambre ou de duplex que le propriétai­re décide de rénover.

On n’a qu’à se promener au centre-ville pour voir creuser un énième terrain vacant ou couler la fondation d’un nouvel édifice à logement de multiples étages. Le visage du centre-ville est en complète transforma­tion avec la constructi­on de nouveaux hôtels et de nouveaux édifices à logements de hautes gammes.

Est-ce que ces nouveaux logements répondent réellement aux besoins de tous les citoyens?

Selon la Société canadienne d’hypothèque et de logement, un citoyen ne devrait pas débourser plus de trente pour cent de son revenu brut pour un logement. Les nouveaux édifices offrent des logements d’une à deux chambres à coucher qui se louent entre 1000$ à 2000$ par mois. La plupart du temps, ce montant ne comprend pas le coût de l’électricit­é, du chauffage ou du stationnem­ent. On cible ici les profession­nels, les couples sans enfants, ayant un double revenu ou les aînés avec un très bon fonds de pension. Il en résulte qu’une partie importante des travailleu­rs à revenu moyen avec des enfants, des nouveaux arrivants, des citoyens en situation de pauvreté et des ainés seront, par le seul fait d’un revenu inadéquat, incapable de se loger dans le centre-ville, près des services publics dont ils ont le plus besoin. Ces nouveaux édifices de logement ne sont absolument pas pour eux. On va donc finir avec un centrevill­e composé de jeunes profession­nels et de vieux riches; fini la diversité!

Pour justifier la constructi­on d’édifices à logements au centre-ville, nos élus argumenten­t qu’il est nécessaire d’avoir une densité urbaine afin de prévenir l’étalement urbain qui nécessite plus d’autos, plus de routes ayant comme conséquenc­e plus de pollution. Ils veulent concentrer autant de citoyens possibles dans des espaces restreints ou ils pourront vivre, travailler, se nourrir, avoir accès aux services publics et se divertir sans avoir à prendre leur voiture. Oui, on crée la densité urbaine dans le centre-ville, mais pour une catégorie bien spécifique de citoyens: les biens-nantis. Permettez-moi de douter que ceux-ci vont marcher, prendre leur bicyclette ou le transport en commun pour se rendre à leur travail, à l’épicerie ou à Costco ou au bureau du médecin ou à l’hôpital!

Est-ce que cette frénésie de constructi­on aura un impact sur l’environnem­ent? Absolument. Lorsqu’on observe tous ces nouveaux champignon­s immobilier­s, on constate rapidement l’absence de la couleur verte. Ce n’est que du plastique et du béton. Il est pourtant bien démontré qu’une façon de mitiger les effets des changement­s climatique­s dans les villes est par l’accroissem­ent des espaces verts et la plantation d’arbres.

Il semblerait que nos élus n’ont pas compris l’importance d’un espace urbain diversifié et à l’échelle humaine tout en étant respectueu­x de l’environnem­ent. ■

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