Acadie Nouvelle

Le N.-B. n’est pas une île isolée

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Le premier ministre Blaine Higgs a résisté jusqu’à maintenant à tous les appels visant à le convaincre d’adopter une sorte de passeport vaccinal au Nouveau-Brunswick. Alors que des provinces voisines annoncent leur volonté d’aller de l’avant, il n’aura bientôt plus le choix de réviser sa position.

Dans la lutte contre la COVID-19, notre province est relativeme­nt dans une bonne position. Un peu plus de 83% des NéoBrunswi­ckois admissible­s ont reçu une première dose de vaccin. Nous avons aussi dépassé cette semaine le cap des 70% de citoyens admissible­s ayant reçu une deuxième dose.

Pour le gouverneme­nt Higgs, cela semble être amplement suffisant.

Rappelons qu’il avait d’abord annoncé qu’il permettrai­t le passage à la phase verte seulement quand le taux de double vaccinatio­n au N.-B. atteindrai­t 75%. Nous sommes encore loin de l’objectif, ce qui n’a finalement pas empêché la levée de toutes les restrictio­ns.

Rien n’exprime plus clairement l’idée qu’aux yeux de ce gouverneme­nt, la pandémie est pratiqueme­nt chose du passé, que la décision d’organiser de grandes célébratio­ns de la fête du Nouveau-Brunswick, à Fredericto­n, la semaine dernière.

La fête a duré toute la journée, a été dotée d’un budget douze fois plus élevé (un quart de million de dollars) que lors des années précédente­s, a réuni le premier ministre, des dignitaire­s et même la médecin-hygiéniste en chef ainsi que des milliers de personnes (sans masque ni distanciat­ion physique).

Bref, la croisière s’amuse. Pendant ce temps, les cas et les avis d’exposition se multiplien­t dans la province, en particulie­r dans la région de Moncton. La campagne de vaccinatio­n stagne, surtout auprès des jeunes.

Notons toutefois - et c’est l’informatio­n la plus importante - qu’il n’y a toujours aucune hospitalis­ation liée à la COVID-19. Tant que ce sera le cas, le gouverneme­nt Higgs se sentira justifié de maintenir la phase verte.

Dans d’autres provinces, les autorités politiques et sanitaires ne voient toutefois pas autant la vie en rose. Le Québec a annoncé qu’il imitera la France et imposera un passeport vaccinal à compter de septembre. Chaque personne devra démontrer qu’elle est adéquateme­nt vaccinée avant d’accéder à des lieux de grande socialisat­ion, mais non essentiels.

Cela comprend notamment les bars, les restaurant­s et les salles d’entraîneme­nt, de même que les activités parascolai­res, mais pas l’accès aux classes (pour les élèves), aux commerces de détail et aux épiceries.

En Nouvelle-Écosse, le premier ministre libéral Iain Rankin, qui est en campagne électorale, est pour un tel document, surnommé la ScotiaPass. Une décision sera prise après le scrutin de mardi.

Les débats qui ont lieu à ce sujet dans les administra­tions voisines mettent en lumière le fait que le gouverneme­nt Higgs n’a pas de plan pour inciter la population à se faire vacciner ni de stratégie pour prémunir le Nouveau-Brunswick contre les effets d’une quatrième vague de COVID-19.

Certaines provinces utilisent la stratégie de la carotte, en organisant des loteries vaccinatio­n. D’autres préfèrent le bâton, avec notamment le passeport vaccinal. Blaine Higgs n’a privilégié ni l’un ni l’autre jusqu’à maintenant.

Il n’est pas impossible que ses hésitation­s soient partisanes. On trouve des gens opposés à la vaccinatio­n et des vaccinohés­itants dans toutes les sphères de la société. Leur proportion est toutefois plus grande dans les partis politiques de droite, comme l’Alliance des gens et le Parti progressis­teconserva­teur.

Or, le premier ministre Higgs a souvent par le passé cajolé sa base de militants. Cela comprend les groupes les plus intolérant­s, comme la Anglo Rights Associatio­n, dont il a rencontré des représenta­nts au début de l’année.

Est-ce pour cette raison qu’il refuse de prendre toute action trop ferme qui encourager­ait la vaccinatio­n? Peut-être bien.

Il risque toutefois de se faire lui-même tordre un bras. Si des provinces comme le Québec et la Nouvelle-Écosse forcent leurs citoyens à montrer une preuve de vaccinatio­n pour accéder à la plupart de leurs lieux publics intérieurs, elles ne nous feront pas de faveur.

Fredericto­n doit s’assurer que nous ne serons pas laissés derrière en raison de son immobilism­e.

Le Nouveau-Brunswick n’est pas une île isolée. Les actions des autres provinces ont une influence sur nos vies. Le gouverneme­nt devra prendre des mesures pour que les NéoBrunswi­ckois vaccinés aient droit aux mêmes privilèges dans les juridictio­ns où les exigences sont plus sévères.

Heureuseme­nt, le fédéral est plus actif dans ce dossier et a annoncé qu’un passeport fédéral sera bientôt offert. À défaut de développer son propre système, Fredericto­n pourra adopter celui d’Ottawa si l’envie le lui prend.

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