Acadie Nouvelle

LE «QUINZOU» DE JUSTIN TRUDEAU

- STÉPHANIE CHOUINARD

Si les rumeurs qui circulent se révèlent vraies, on peut s’attendre à ce que la Fête nationale de l’Acadie, ce dimanche, soit le moment pour Justin Trudeau d’aller saluer Son Excellence, Mary Simon, à Rideau Hall. Ce sera l’occasion non pas de l’inviter au Tintamarre, mais de lui demander de dissoudre le Parlement, déclenchan­t du coup une élection générale fédérale. La date du scrutin serait déjà fixée au 20 septembre prochain, ce qui aura comme résultat une campagne-éclair de 36 jours – la plus courte période de campagne autorisée par la Loi électorale canadienne.

Les Canadiens ont rarement beaucoup d’appétit pour les élections, mais c’est d’autant plus vrai en ce moment. Selon un sondage récent de la firme Nanos, près de trois-quarts d’entre eux sont opposés à l’idée de se présenter aux urnes cet automne. La quatrième vague de COVID19 qui point déjà à l’horizon n’a rien pour les faire changer d’avis, donnant à cette campagne électorale des allures de roulette russe. L’opposition capitalise déjà sur ce sentiment: tant les néodémocra­tes, pourtant en bonne posture dans les sondages, que les conservate­urs, qui au contraire, font piètre figure dans les intentions de vote, tentent de faire porter l’odieux de cette élection «frivole» à leurs yeux sur les épaules des libéraux. Un message qui pourrait bien résonner particuliè­rement fort auprès des électeurs advenant une éclosion de mi-campagne comme celle qui a accablé Terre-Neuve-et-Labrador, l’hiver dernier. De quoi parlera-t-on durant cette campagne? De l’après-COVID, assurément. Les annonces du budget du printemps dernier en matière de relance économique seront recyclées en promesses électorale­s – tout comme ce fameux projet de loi sur la modernisat­ion de la Loi sur les langues officielle­s, dont le dépôt à la Chambre des communes en juin dernier assurait la mort au feuilleton. On parlera aussi sans doute de changement­s climatique­s. Entre les feux de forêt dévastateu­rs et la sécheresse accablant les agriculteu­rs cet été, les Canadiens se disent plus préoccupés que jamais par cette question. Les libéraux auront là un bilan mitigé à défendre, trahissant un écart entre le discours du parti et ses actions concrètes depuis 2015.

Enfin, le recouvreme­nt de milliers de tombes non marquées d’enfants autochtone­s un peu partout au pays dans les derniers mois forcera certaineme­nt à l’avant-scène la question de la réconcilia­tion avec les peuples autochtone­s – un autre enjeu sur lequel Justin Trudeau a fait d’importante­s promesses, dont certaines, comme la garantie d’accès à l’eau potable sur toutes les réserves indiennes du pays, ne demeurent encore que partiellem­ent remplies.

Mais au-delà des enjeux, les sondages nous indiquent que cette élection sera moins une joute entre partis politiques qu’un référendum sur la gouvernanc­e des libéraux. Les Canadiens sont-ils prêts à octroyer à M. Trudeau un gouverneme­nt majoritair­e? La crise de la COVID-19 a-telle permis au Parti libéral de redorer son image à tel point que les électeurs sont prêts à lui donner à nouveau les rênes du pouvoir, sans condition? Voilà ce que sera réellement la question du scrutin.

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