La poésie visuelle de Maryse Arseneault
Pour Maryse Arseneault, les arts visuels et la poésie ne sont jamais très loin. L’artiste de Moncton qui propose une nouvelle exposition, Le grand verre, à l’occasion du Festival Acadie Rock aime piquer la curiosité des spectateurs.
Sur les murs de la Galerie d’art du 2e étage du Centre culturel Aberdeen, on peut y admirer une série de dessins, d’estampes sur papier et sur plexiglas, de petites peintures et une installation de nature écologique. Ses oeuvres sondent les limites du corps vivant et sa relation à l’objet manufacturé. Une sorte de métaphore sur l’évolution de l’être humain, note l’artiste. Le grand verre fait référence au travail de l’artiste français Claude Duchamp réputé pour avoir cassé les codes artistiques et esthétiques de son époque. Il a inventé les fameux «ready-made» (prendre un objet quelconque pour l’élever au rang d’une oeuvre d’art). L’exposition de l’artiste acadienne est une réflexion sur l’aliénation et l’autodétermination.
«C’est du dessin d’observation et j’essaie de connecter avec ces objets-là comme s’ils étaient plus que non vivants. Ça m’amène à me questionner aussi sur ma propre autodétermination», explique l’artiste.
Son exposition variée explore diverses avenues. Elle se penche notamment sur l’idée de l’interconnectivité et de l’harmonie entre les êtres vivants, leur environnement et la matière non vivante. Dans cette collection, on retrouve des dessins d’objets, dont une série de variations en peinture autour du gilet de sauvetage. Cet objet revêt plusieurs significations (survie, flotter), souligne l’artiste.
«C’est juste une métaphore pour apprendre à être une meilleure personne, être prêt à évoluer, à changer ou à se transformer.»
Pour certains visiteurs, ce gilet peut aussi évoquer les vacances et rappeler différents souvenirs. Maryse Arseneault aime que le spectateur utilise son imaginaire pour se créer sa propre histoire en voyant ses oeuvres.
«Cet imaginaire déclenche la poésie dans chacun de nous, c’est comme l’élan vital. Je trouve que la poésie, les arts visuels, la vie ont tous cette même volonté d’exister et de se propager.»
À cette fascinante collection de dessins, s’ajoute une vidéo de performances réalisées à Montréal dans le cadre de son projet l’Art de voler. L’artiste propose des performances impromptues où elle chante vraisemblablement une chanson pour le trafic sur le coin d’une rue.
Elle adore dessiner. Cela lui permet de rester connectée avec la nature, les autres et les sujets qu’elle dessine. «Même si ce sont des objets non vivants, je deviens comme investie dans leur vie», mentionne-t-elle avec un petit sourire moqueur.
Le ventilateur fait aussi partie de ses objets de prédilection. Ses dessins sont installés de manière à flotter, faisant en sorte que le passage des gens fait bouger les oeuvres un peu comme avec le vent.
Maryse Arseneault a été invitée à présenter cette exposition dans le cadre du festival qui célèbre le recueil Acadie Rock de son père Guy Arsenault. Pour elle, cela vient un peu cristalliser le tout. Sans vouloir à tout prix être identifiée comme la fille du poète, elle admet que tout comme son paternel, elle a cet élan créateur qui alimente sa vie. Elle est heureuse de voir que l’oeuvre de son père continue d’être célébrée.
«L’oeuvre de mon père c’est quelque chose qui a nourri la culture ici. Les arts visuels et la poésie continuent à nourrir notre imaginaire. C’est pour ça que je fais de l’art. Ça surgit en nous. Cette poésie veut vivre puis être vécue. Moi pis mon père on est juste des véhicules à ça. Acadie Rock a solidifié ça et ça devient comme un hommage à cet élan vital et à cette poésie.»
Les arts visuels seront à l’honneur pour l’ouverture du 10e Festival Acadie Rock ce vendredi, de 17h à 19h, avec le vernissage de deux expositions. L’Atelier d’estampe Imago présente l’exposition 10X Acadie Rock qui rassemble des oeuvres inspirées des dix ans du festival créées par des dix artistes de l’Acadie.
Lors du vernissage de l’exposition de Maryse Arseneault, la direction du Centre culturel Aberdeen dévoilera le nouveau nom de la galerie. L’artiste présentera aussi une performance. Le double vernissage sera suivi d’une soirée jazz avec Les Improbables et le Coude à la Salle Empress à 19h. L’exposition sera en montre jusqu’au 24 septembre. ■