Les racines métisses de la famille Mallet
La famille Mallet est bien connue dans la Péninsule acadienne, particulièrement dans la région de Shippagan, mais son arrivée dans le nord-est du Nouveau-Brunswick suit une trajectoire bien différente que celle d’autres familles acadiennes. Marc-André Comeau s’est intéressé à l’histoire de ses ancêtres dans son premier livre,
Pêcheur normand, famille métisse.
Originaire de Shippagan, Marc-André Comeau est un ingénieur qui habite aujourd’hui dans la région d’Ottawa, mais il s’est toujours intéressé à l’histoire. Plus précisément, son intérêt remonte au milieu des années 1970 après la publication du livre d’histoire, Le Grand Chipagan, écrit par le Mgr Donat Robichaud.
«À l’intérieur, il y avait une section généalogique et j’ai trouvé le nom de mes grands-parents du côté de ma mère, les Mallet. Ça m’a ouvert l’esprit un peu dans le sens où je me suis rendu compte que l’histoire, ce n’est pas seulement pour parler des grands événements et ainsi de suite. La petite histoire peut aussi avoir son intérêt.»
Au fil des années, même s’il a poursuivi ses études et une carrière en ingénierie, la passion pour l’histoire locale a continué de l’habiter au point où il avait accumulé suffisamment de sources pour rédiger des articles pour la Revue d’histoire de la Société historique Nicholas-Denys, dans la Péninsule acadienne et éventuellement un livre.
LA FAMILLE MALLET
Pêcheur normand, famille métisse, publié récemment aux éditions du Septentrion, une maison d’édition du Québec, raconte la genèse d’une famille de pêcheurs, les Mallet, originaires de la Normandie, dans la région de la baie des Chaleurs. Au-delà du fait que sa mère était une Mallet, MarcAndré Comeau s’est intéressé à cette famille, car elle est aussi l’une des rares à avoir été bien documentée.
Contrairement à d’autres familles qui sont arrivées d’Europe dans le but précis de coloniser l’Acadie ou la NouvelleFrance, les premiers Mallet étaient des pêcheurs de morue dont la présence en Amérique était d’abord saisonnière. Éventuellement dans le but de garder un oeil sur les installations, certains pêcheurs ont commencé à séjourner dans la région en hiver et finalement, ils y sont restés.
Plusieurs ont épousé des femmes d’origine autochtone (probablement Mi’kmaq), créant ainsi plusieurs foyers francophones métissés. Plusieurs familles du nord-est du Nouveau-Brunswick et de la Gaspésie ont aussi des origines semblables, comme les Duguay, les Gionet, les Albert, les Gallien, les Lanteigne et les Lebouthillier.
«J’ai choisi les Mallet, car pour les autres familles mentionnées, on n’en connaît pas encore l’origine. On sait qu’ils sont probablement français, mais on ne sait pas s’ils sont Canadiens, Normands, Bretons ou même Basques. On n’a pas encore trouvé le fameux premier qui est arrivé dans la baie des Chaleurs. La famille Mallet, on connaît les antécédents.»
Alors que l’ensemble de ces familles sont aujourd’hui considérées comme étant acadiennes, des tensions, aujourd’hui disparues, ont persisté entre ces descendants aux origines métissées et les Acadiens, pendant longtemps.
«Elles sont disparues maintenant, mais l’intégration a pris du temps. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette ségrégation d’antan.»
«Mes recherches m’ont permis de mieux connaître les origines, l’émergence et l’amalgamation éventuelle de cette population métissée à la population acadienne, qui elle, n’est arrivée sur les côtes de la baie des Chaleurs qu’en 1758. Cette dernière était alors pourchassée par l’armée britannique et cherchait un lieu où se réfugier», ajoute-t-il.
Outre leurs origines ethniques distinctes, il y avait aussi une autre différence importante entre les descendants des Francométis et les Acadiens.
«Les familles francométis vivaient à l’est de la paroisse, à Bas-Caraquet et à SaintSimon, plus près des bancs de pêche. Ils pêchaient et faisaient un peu d’agriculture de subsistance. C’était plutôt l’inverse pour les familles acadiennes qui étaient installées à l’ouest de la paroisse. Ces derniers étaient principalement des agriculteurs et pratiquaient une pêche de subsistance.» ■