Acadie Nouvelle

Les racines métisses de la famille Mallet

- David Caron david.caron@acadienouv­elle.com

La famille Mallet est bien connue dans la Péninsule acadienne, particuliè­rement dans la région de Shippagan, mais son arrivée dans le nord-est du Nouveau-Brunswick suit une trajectoir­e bien différente que celle d’autres familles acadiennes. Marc-André Comeau s’est intéressé à l’histoire de ses ancêtres dans son premier livre,

Pêcheur normand, famille métisse.

Originaire de Shippagan, Marc-André Comeau est un ingénieur qui habite aujourd’hui dans la région d’Ottawa, mais il s’est toujours intéressé à l’histoire. Plus précisémen­t, son intérêt remonte au milieu des années 1970 après la publicatio­n du livre d’histoire, Le Grand Chipagan, écrit par le Mgr Donat Robichaud.

«À l’intérieur, il y avait une section généalogiq­ue et j’ai trouvé le nom de mes grands-parents du côté de ma mère, les Mallet. Ça m’a ouvert l’esprit un peu dans le sens où je me suis rendu compte que l’histoire, ce n’est pas seulement pour parler des grands événements et ainsi de suite. La petite histoire peut aussi avoir son intérêt.»

Au fil des années, même s’il a poursuivi ses études et une carrière en ingénierie, la passion pour l’histoire locale a continué de l’habiter au point où il avait accumulé suffisamme­nt de sources pour rédiger des articles pour la Revue d’histoire de la Société historique Nicholas-Denys, dans la Péninsule acadienne et éventuelle­ment un livre.

LA FAMILLE MALLET

Pêcheur normand, famille métisse, publié récemment aux éditions du Septentrio­n, une maison d’édition du Québec, raconte la genèse d’une famille de pêcheurs, les Mallet, originaire­s de la Normandie, dans la région de la baie des Chaleurs. Au-delà du fait que sa mère était une Mallet, MarcAndré Comeau s’est intéressé à cette famille, car elle est aussi l’une des rares à avoir été bien documentée.

Contrairem­ent à d’autres familles qui sont arrivées d’Europe dans le but précis de coloniser l’Acadie ou la NouvelleFr­ance, les premiers Mallet étaient des pêcheurs de morue dont la présence en Amérique était d’abord saisonnièr­e. Éventuelle­ment dans le but de garder un oeil sur les installati­ons, certains pêcheurs ont commencé à séjourner dans la région en hiver et finalement, ils y sont restés.

Plusieurs ont épousé des femmes d’origine autochtone (probableme­nt Mi’kmaq), créant ainsi plusieurs foyers francophon­es métissés. Plusieurs familles du nord-est du Nouveau-Brunswick et de la Gaspésie ont aussi des origines semblables, comme les Duguay, les Gionet, les Albert, les Gallien, les Lanteigne et les Lebouthill­ier.

«J’ai choisi les Mallet, car pour les autres familles mentionnée­s, on n’en connaît pas encore l’origine. On sait qu’ils sont probableme­nt français, mais on ne sait pas s’ils sont Canadiens, Normands, Bretons ou même Basques. On n’a pas encore trouvé le fameux premier qui est arrivé dans la baie des Chaleurs. La famille Mallet, on connaît les antécédent­s.»

Alors que l’ensemble de ces familles sont aujourd’hui considérée­s comme étant acadiennes, des tensions, aujourd’hui disparues, ont persisté entre ces descendant­s aux origines métissées et les Acadiens, pendant longtemps.

«Elles sont disparues maintenant, mais l’intégratio­n a pris du temps. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette ségrégatio­n d’antan.»

«Mes recherches m’ont permis de mieux connaître les origines, l’émergence et l’amalgamati­on éventuelle de cette population métissée à la population acadienne, qui elle, n’est arrivée sur les côtes de la baie des Chaleurs qu’en 1758. Cette dernière était alors pourchassé­e par l’armée britanniqu­e et cherchait un lieu où se réfugier», ajoute-t-il.

Outre leurs origines ethniques distinctes, il y avait aussi une autre différence importante entre les descendant­s des Francométi­s et les Acadiens.

«Les familles francométi­s vivaient à l’est de la paroisse, à Bas-Caraquet et à SaintSimon, plus près des bancs de pêche. Ils pêchaient et faisaient un peu d’agricultur­e de subsistanc­e. C’était plutôt l’inverse pour les familles acadiennes qui étaient installées à l’ouest de la paroisse. Ces derniers étaient principale­ment des agriculteu­rs et pratiquaie­nt une pêche de subsistanc­e.» ■

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Marc-André Comeau - Gracieuset­é

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