PURE LAINE QUÉBÉCOISE
On était à peine debout, le 1er janvier au matin, que les internautes d’Acadie et d’ailleurs se lamentaient du contenu de l’émission de RadioCanada, Bye Bye 2021: pas une mention du pays qui a pour nom «Canada», pas même de souhaits de chez nous, rien que des sujets du Québec, des sketches du Québec, des pastiches de nouvelles du Québec. En fait, cette année, la grande primeur était qu’on annonçait les couleurs d’entrée de jeu avec une petite mention assassine, au tout début du show, du genre «on s’est dit qu’on n’avait pas besoin de sortir du Québec pour avoir du fun»! On ne pouvait pas dire qu’on n’était pas prévenu! Du côté de la CBC, ce soir-là, mon compatriote Rick Mercer animait une émission nationale depuis TerreNeuve. Des artistes du Grand Nord, de Colombie-Britannique, de l’Atlantique et d’ailleurs au pays l’ont accompagné. Imaginez donc le scandale s’il avait décidé de n’avoir que des artistes de l’Ontario parce que c’est là qu’il y a le plus de téléspectateurs! Mais pas d’indignation dans le cas de Radio-Canada! Après tout, on est habitué. Et certains de se culpabiliser même, en se demandant si on n’avait pas collectivement le devoir d’envoyer nos voeux pour qu’on nous insère, peut-être, dans l’émission. Il n’y a pas un Québécois qui se soit posé la question, croyez-moi, et nous n’avions pas à le faire. Pas du tout! On paie, tous et chacun, pour Radio-Canada, on paie pour que ses émissions (qu’elles soient réalisées par elle ou confiées à des sociétés privées) reflètent le pays dans son ensemble. Sauf qu’on ne parle pas du même pays. Et si je comprends les Québécois de vouloir continuer à s’amuser entre eux, avec leurs blagues, leurs vedettes et leur nombril, il est inacceptable qu’ils le fassent avec notre société d’État à nous tous, d’un bout à l’autre du pays. Combien de fois faudra-t-il le dire, le répéter et s’indigner? Malgré son nom, son financement et sa raison d’être, Radio-Canada est une institution québécoise et tant pis pour nous.