Saint-André, nouvel eldorado du bitcoin
Au cours de la dernière année, la Communauté rurale de Saint-André est devenue un terrain fertile dans le minage de cryptomonnaie. Et cette tendance tend à se poursuivre si l’on se fie au rythme auquel une mine de bitcoins se développe depuis les derniers mois.
À la fin novembre, lors d’une présentation aux investisseurs de l’entreprise HIVE Blockchain - qui se spécialise dans ce type d’activités à divers endroits de la planète, dont le Canada - il a été mentionné que l’objectif est d’avoir quatre bâtiments destinés au minage de cette cryptomonnaie au cours des prochains mois à Saint-André.
Ces quatre bâtisses, lorsque leur construction sera terminée, consommeraient de 70 à 80 mégawatts d’énergie, soit l’équivalent de 7000 résidences.
Un troisième bâtiment est d’ailleurs en voie d’être terminé et la construction d’un quatrième a été entrepris à Saint-André.
CINQ BITCOINS PAR JOUR
Selon Luc-Louis Ouellette, directeur régional des activités de HIVE au NouveauBrunswick, la mine, lorsqu’elle sera complétée, produira environ cinq bitcoins par jour. Jeudi, la valeur du bitcoin était d’un peu plus de 54 600$ canadiens.
D’après la valeur actuelle du marché, ce dernier estime que la mine rapportera un nombre significatif de revenus.
«On parle d’approximativement 1% du marché mondial du bitcoin et plus de 18 000 mineurs (ordinateurs) une fois le projet terminé», a expliqué M. Ouellette.
«À Saint-André, nous sommes les mains et les pieds du procédé d’installation physique des équipements nécessaires pour le réseau de cryptomonnaie bitcoin», a-t-il ajouté.
En tant que directeur régional, Luc-Louis Ouellette s’assure du bon fonctionnement des équipements et de la fluidité du processus d’installation dans le centre de données.
Celui qui a près de 20 ans d’expérience dans le monde de l’informatique croit que ses connaissances lui permettront d’ éduquer les gens et répondre à leurs questions.
SAINT-ANDRÉ SUR LA MAP
Le maire de Saint-André, Marcel Levesque, dit comprendre un peu mieux l’ampleur de ce projet. Il est conscient que le taux de taxes relativement bas, le climat plus frais du nordouest du Nouveau-Brunswick et sa proximité avec les lignes de haute tension d’Énergie NB en font un endroit de choix.
«Le bitcoin, on en parle partout au Canada et dans le monde. Ça vient de mettre SaintAndré “sur la map”.»
Il estime toutefois qu’il est difficile, pour l’instant, d’expliquer l’amplitude exacte de l’impact que celui-ci aura sur la communauté qui compte environ 2000 habitants.
«Ce n’est pas encore fini, mais c’est certain qu’on parle de permis de 30 à 40 millions $ la “shot”. Quand tu prends un terrain vide et que tu mets quelque chose dessus, c’est sûr que ce sera bon pour les taxes (...) Mais les permis ne disent pas tout, parce qu’au bout du compte, c’est la construction qui va compter pour les taxes et pas ce qu’il y a dedans. On aura une meilleure idée plus tard dans l’année.»
Cependant, le premier bâtiment à avoir été construit, qui est le seul à figurer sur les évaluations foncières du Nouveau-Brunswick présentement, a été évalué à 3,6 millions $, a indiqué M. Levesque.
Le maire de Saint-André croit aussi que ce type d’installation mènera à d’autres projets de développement dans les environs.
«Ça va faire déboucher bien des choses, cette affaire-là. C’est bon, car il ne faut pas avoir peur de se développer un peu.»
RÉTICENCES
Le maire Levesque s’est aussi dit satisfait de la relation que la communauté entretient avec HIVE Blockchain. Il admet avoir affiché certaines réticences, notamment en raison de mauvaises expériences vécues avant la vente du centre de données.
«Avant, ça appartenait à GPU One qui avait embauché un entrepreneur de l’Ontario. À un moment donné, beaucoup de personnes de la région n’avaient pas été payées. La compagnie de construction est partie entretemps. Quand ç’a été vendu à HIVE et qu’ils nous ont approchés pour des permis, j’ai joué un peu au shérif en leur disant, s’ils voulaient des permis, qu’ils paient notre monde. Finalement, ça s’est réglé en cour.»
«Personnellement, je n’ai rien à dire contre HIVE. On a de bonnes relations avec les gens de l’entreprise et c’est le “fun” de travailler avec une entreprise qui veut investir dans la communauté.»
Même si plusieurs milliers d’ordinateurs bourdonnent dans leur ruche virtuelle, Marcel Deschênes estime qu’il ne s’agit pas d’une nuisance pour les gens des environs.
«Tu les entends un peu plus l’été quand il fait chaud, mais dans ce temps-ci, tu ne les entends pas beaucoup.» ■