Acadie Nouvelle

La science a-t-elle tué Dieu? Non, selon l’auteur acadien Eugène Aucoin

Eugène Aucoin a connu une belle carrière sur le plan profession­nel. Il ne s’attendait jamais à devenir auteur un jour. Il a pourtant remporté un prix littéraire dès la sortie de son premier livre.

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L’Acadien originaire de Saint-Louisde-Kent a oeuvré au sein de la fonction publique du Canada. Il était directeur national des programmes de ressources humaines avant de prendre sa retraite. Son expertise dans le développem­ent du potentiel humain en tant que praticien et éducateur l’a amené à prendre la parole à travers le monde.

Il a pris sa retraite «officielle­ment» en 2009. «Mais je suis revenu travailler pour le gouverneme­nt fédéral à contrat pour enseigner tous les aspects de la gestion. À un moment donné, je pense que j’avais formé la plupart des gestionnai­res fédéraux de l’Atlantique», affirme-t-il.

«À travers ça, j’ai été vraiment chanceux parce que j’ai été invité à donner des conférence­s. J’en ai présidé deux à Singapour. J’ai présenté 25 conférence­s à travers le monde. Ça m’a amené d’Athènes à Istanbul. Mes thèmes principaux, c’était le leadership dans la fonction publique», raconte-t-il.

Il a également enseigné à l’Université de Moncton, à la maîtrise en administra­tion publique. «Mes forces, c’était l’éducation des adultes et le leadership. J’ai calculé que j’avais formé à peu près 3500 gestionnai­res du secteur public», informe-t-il.

SON PREMIER LIVRE

Plutôt de nature terre-à-terre, M. Aucoin explique dans quel contexte il en est venu à écrire son premier livre intitulé La science a-t-elle tué Dieu?

Lui et sa femme Annette sont parents de deux filles. «Elles ont presque le même âge. Lorsqu’elles sont devenues adolescent­es, il y en a une qui m’a posé la question: Comment on sait qu’on a raison si on croit en Dieu? Parce qu’un collègue de sa classe affirmait que Dieu n’existait pas. J’ai beaucoup réfléchi à ça. J’ai répondu au meilleur de ma connaissan­ce, puis je mettais mes pensées par écrit en pensant de leur en faire part plus tard.»

Un jour qu’il présidait une conférence Canada-États-Unis à Toronto sur l’éducation des adultes, un des participan­ts lui a posé la même question. «Je lui ai répondu au meilleur de ma connaissan­ce. Il m’a dit que je l’avais convaincu. Il m’a encouragé à écrire ce livre. Venant de lui, un gars pas mal instruit, je me suis dit que je pouvais peut-être faire quelque chose», confie Eugène Aucoin.

«J’ai eu une période pendant mes jeunes années à l’université où je questionna­is pas mal tout, dit-il. À force de questionne­r et de réfléchir, j’en suis venu à réaliser que oui, il y a de la substance là pour croire. Je ne voulais pas que ce soit juste des vieux arguments ou de croire parce qu’on nous dit de croire. Je voulais vraiment que ça fasse du sens, même pour les personnes qui ne sont pas convaincue­s», explique l’Acadien d’origine.

Un de ses amis avec qui il avait de «bonnes jasettes» n’était pas du tout croyant. «À discuter, il me posait des questions auxquelles j’ai répondu dans mon livre. Lui aussi m’a dit que je l’avais convaincu.»

À un moment donné, cet ami lui avait écrit un courriel de six pages lui expliquant pourquoi ce n’était pas possible que Dieu existe. «Ma réponse de 19 pages l’a convaincu. Il m’a dit qu’il voulait partager ça avec son père non croyant. Lui aussi m’a encouragé à écrire le livre», dit-il.

«Ce n’est pas juste des arguments pour la tête. Le livre passe de la tête au coeur. Ce n’est pas un livre de philosophi­e, même s’il a été recommandé par le président des philosophe­s et théologien­s du Canada. Ce n’est pas un livre de théologie, c’est un livre écrit pour tout le monde», précise-t-il.

La science a-t-elle tué Dieu? a remporté le prix du Meilleur livre en théologie en Asie en 2020. «Ça m’a surpris parce que je ne le vois pas comme un livre de théologie. La théologie ça peut faire peur à du monde», dit-il en riant. Je le vois comme un livre de réflexion. J’écris pour les personnes qui aiment penser.»

Il avoue avoir beaucoup travaillé sur son bouquin pour le vulgariser, le simplifier. «Je voulais être sûr que monsieur et madame tout le monde étaient capables de me suivre», assure-t-il.

«Je ne veux pas du tout être considéré comme un prêcheur. Je le dis dans le début de mon livre, avise-t-il. Je ne suis pas un théologien et je ne suis pas là pour prêcher de haut en bas, je suis là pour partager mes idées. Si je peux amener les gens à réfléchir, j’aurai réussi mon livre.»

«J’ai beaucoup lu, réfléchi et parlé avec beaucoup de monde de toutes les religions. J’ai voyagé dans 63 pays et j’en suis venu à certaines conclusion­s. Tout ce que je fais, je partage mes idées avec d’autres adultes qui sont aussi capables de raisonner. Je partage mon vécu», exprime l’Acadien d’origine.

«La question du livre est celle-ci: est-ce qu’on peut croire encore en Dieu aujourd’hui, à la lumière de toutes nos connaissan­ces dans les grandes catégories de réflexion humaine, à commencer par la science?», affirme l’auteur.

«Nos meilleurs physiciens aujourd’hui sont en train de découvrir la très grande improbabil­ité que l’Univers puisse soutenir la vie par pur hasard.»

L’écriture de son manuscrit a été répartie sur plusieurs années. «Je voulais être sûr que je ne parlais pas à travers mon chapeau. J’ai fait beaucoup de recherches mais j’aime beaucoup être ancré dans la réalité.»

Eugène Aucoin ne pensait jamais que sa carrière prendrait ce tournant un jour. «Non, dit-il en riant. J’enseignais la gestion. C’était des sujets plutôt froids. La gestion des finances, les ressources humaines, le rouage gouverneme­ntal, etc.»

Il tient à donner crédit à sa femme, Annette Aucoin, qui l’a beaucoup aidé dans sa relecture finale.

Précisons que l’auteur a écrit une première version en anglais de Has Science Killed God qui a ensuite été traduite en français. Il compte aussi deux autres manuscrits intitulés The Appeal of God et Are you wired to believe or to doubt? ■

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Eugène Aucoin - Gracieuset­é
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