Acadie Nouvelle

Le Démon Blond est parti retrouver le Rocket et le Gros Bill

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Comme l’ont fait avant lui le Rocket et le Gros Bill auprès de la génération silencieus­e et celle des baby boomers, le Démon Blond a grandement marqué la génération X. Vendredi matin, une semaine après le décès d’un autre grand, Michael Bossy, le célèbre numéro 10 Guy Lafleur est allé rejoindre dans la voûte céleste des disparus les deux autres membres des Glorieux d’exception, Maurice Richard et Jean Béliveau.

Guy Lafleur aura été, entre 1980, au sommet de son sport.

Aux yeux de ceux et celles qui ont choisi d’en faire leur idole, Guy Lafleur était beau à voir aller, sa crinière blonde au vent, sur une surface glacée. C’était de l’art sur patins. À chaque présence, il composait un nouvel hymne. Du grand art.

Époustoufl­ant il était quand, après un virage brusque dont lui seul semblait avoir le secret, il repartait de plus belle pour nous faire quelques autres tours de magie. Tu voyais cela et tu ne pouvais faire autrement que de crier: «Guy! Guy! Guy!».

Guy Lafleur, c’était aussi un maître du tir frappé. Il terrorisai­t les pauvres gardiens. La garnotte du Flower, c’était quelque chose. Imaginez la vélocité de son lancer s’il avait pu profiter des bâtons dont disposent aujourd’hui les joueurs de hockey.

C’est donc ce hockeyeur d’exception que certaines personnali­tés sportives et culturelle­s ont voulu saluer lorsqu’invités par l’auteur de ces lignes. Tous ont en commun d’avoir été conquis par le talent de Guy Lafleur. 1974 et

ex-coéquipier avec les Nordiques de Québec: «Je vois encore Guy voler le long des rampes sans son casque. Quel honneur ç’a été pour moi de jouer à l’occasion au sein du même trio qu’une telle légende du hockey. Quand il a décidé de prendre sa retraite, Guy a signé son dernier lot de bâtons pour en donner à chacun des joueurs qui évoluaient pour les Nordiques à ce moment-là. Guy a toujours eu une grande classe. Son nom restera assurément gravé parmi les meilleurs joueurs dans l’histoire de la LNH».

comédien et animateur: «Je suis un gros partisan du Canadien et Guy Lafleur représente mon enfance, ainsi que le sourire sur le visage de mon père les samedis soir. J’ai eu la chance de le voir jouer souvent au Forum avec mon père. Chaque année, nous allions voir les Canadiens jouer. Mon plus beau souvenir est toutefois la fois où les anciens Canadiens étaient venus jouer au vieux Garden de Campbellto­n. C’est moi qui avait été choisi pour ouvrir la porte des joueurs. J’étais dans le vestiaire assis à côté de Guy Lafleur. Il avait été très gentil avec moi».

agent de joueur: «Le Démon Blond a été l’une de mes premières idoles comme enfant. Chaque samedi soir, la famille était réunie autour de la télévision. Nous étions tous là, dans l’attente de voir la magie du Flower. Une fois en zone offensive, il y allait souvent d’un lancer frappé foudroyant, souvent presque de la ligne bleue, qui finissait par trouver sa cible dans le filet. Les gardiens étaient frustrés parce qu’ils savaient à l’avance ce qui allait se passer. C’était juste impossible de l’arrêter».

ex-hockeyeur profession­nel: «Pour tous les gars qui aspiraient à une carrière profession­nelle dans les années 1970, Guy Lafleur représenta­it ce qu’il y avait de mieux dans le show. Je retiens aussi de Guy sa grande générosité pour donner de lui-même aux gens simples. En janvier 2000, alors que j’étais à l’hôpital pour des problèmes au foie en raison de la boisson, Guy est venu me rendre visite et il m’a donné une grosse poussée de motivation qui m’a aidé à me rétablir. C’est sûr que nous savions tous qu’il était malade et nous nous attendions à ce qu’il parte. Mais quand je l’ai appris, vendredi, en chemin vers Saint-Jean, j’avais juste le coeur brisé».

animateur à RadioCanad­a: «J’ai eu la chance d’interviewe­r Guy Lafleur à la radio lorsque les anciens de la LNH sont venus à Caraquet. C’était avant son retour au jeu avec les Rangers de New York. Les gens n’en avaient que pour lui. On ne venait pas voir les anciens, au fond, on venait voir Guy. Il a passé des heures à signer des autographe­s, souvent pour des jeunes éblouis qui ne l’avaient pourtant pas vu jouer, du moins pas dans ses meilleures années. J’ai vu des adultes quasiment pleurer en lui donnant la main. Côté classe et gentilless­e, 10 sur 10».

ex-joueur profession­nel et ex-entraîneur des Tigres de Campbellto­n: «Son impact à Montréal a été aussi grand que celui de Bobby Orr à Boston. On parle de talents génération­nels. Des gars comme Orr, Lafleur, Mario Lemieux, Maurice Richard et Jean Béliveau auraient tous leur place dans le hockey d’aujourd’hui. Guy, comme Maurice et Jean, était une bonne personne qui n’avait pas la tête enflée et qui prenait le temps de parler avec tout le monde. J’ai eu l’occasion de jouer avec lui dans une partie avec des anciens joueurs et ça m’avait fait extrêmemen­t plaisir. C’est triste de perdre aussi rapidement des gentilshom­mes comme Michael Bossy et Guy Lafleur. Ce sont deux joueurs qui étaient dotés d’une intelligen­ce supérieure sur la glace. Ils étaient des exemples à suivre».

chanteur: «J’ai toujours été un grand partisan des Canadiens de Montréal et de Guy Lafleur. Je me souviens encore de ses longs cheveux au vent alors qu’il patinait à grande vitesse pour y aller d’un lancer frappé de loin. Il a été très présent dans nos vies pendant les années 1970. Je retiens aussi sa grande générosité. C’était quelqu’un de très gentil et accessible. Il a été un parfait ambassadeu­r pour les Canadiens et la Ligue nationale de hockey».

ex-joueur profession­nel et du Titan d’Acadie-Bathurst: «J’ai eu la chance de rencontrer M. Lafleur pendant un camp de hockey quand j’étais jeune. Mon père, qui est arrivé de la Tunisie dans les années 1970, dit toujours que c’est Guy Lafleur qui lui a fait découvrir le hockey. C’est probableme­nt aussi pourquoi mon père m’a inscrit dans le hockey à l’âge de 4 ou 5 ans. Il faut comprendre que mon père n’en avait que pour le soccer quand il est arrivé au Canada. On s’entend que le hockey n’est pas très populaire en Tunisie».

ex-hockeyeur: «C’était une personne exceptionn­elle. Lorsque j’avais 17 ans et que je jouais pour les Remparts de Québec, j’ai eu la chance de passer trois jours avec lui alors qu’il préparait un disque vinyle où il donnait des conseils sur le hockey. Je suis l’un des démonstrat­eurs dans le disque. Il avait été d’une gentilless­e incroyable. Il nous a traités avec beaucoup de respect et il nous a partagé plein de conseils. Je garde le souvenir d’un homme simple, près des gens et très accessible malgré sa popularité. Plusieurs années plus tard, j’ai aussi eu la chance de jouer contre lui et les anciens

Canadiens avec les Tigres de Campbellto­n. Mais l’expérience entourant le disque vinyle, ç’a vraiment été un moment magique pour le petit jeune de 17 ans que j’étais».

ex-hockeyeur profession­nel et actuel directeur général du Titan d’Acadie-Bathurst: «Mon plus beau souvenir avec Guy Lafleur remonte à l’été de 1988. Un jour, j’ai reçu un appel de Eugène Cloutier, un ami de Guy, qui était à la recherche de joueurs pour patiner avec lui afin qu’il retrouve la forme. Guy s’apprêtait alors à tenter un retour au jeu avec les Rangers. Tout se faisait dans le secret. J’ai dit oui tout de suite. J’ai donc passé deux semaines à patiner avec Guy Lafleur. Il m’a raconté plein d’histoires. Quelques années plus tard, je suis avec les Kings de Los Angeles et nous affrontons ce soir-là les Nordiques de Québec qui ont dans leurs rangs Guy Lafleur. Après le match, je suis avec ma famille et une personne me tape soudaineme­nt sur l’épaule. Je me retourne et je vois que c’est Guy. J’avais trouvé ça incroyable qu’il prenne le temps de venir me saluer. Il n’était pas obligé de faire ça».

ex-hockeyeur profession­nel: «En 1965-1966, j’ai remporté le trophée Jean-Béliveau qui était remis au meilleur pointeur de la Ligue junior A du Québec. La ligue est ensuite devenue la LHJMQ en 1969 et Guy Lafleur a remporté le championna­t des pointeurs après la saison 1970-1971. On lui a alors remis le trophée Jean-Béliveau. C’est exactement le même trophée que j’ai reçu et c’est encore ce trophée qui est remis de nos jours. C’est pour moi une grande fierté de savoir que mon nom est associé à un joueur exceptionn­el comme Guy Lafleur». ■

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Jean Béliveau et Guy Lafleur - Archives
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