Les ventes de livres en librairie demeurent stables
La situation dans les librairies indépendantes francophones est plutôt stable, bien que certains défis demeurent entiers notamment à l’égard du commerce électronique et de la relève.
Pendant la pandémie, une fois que les commerces ont pu rouvrir leurs portes, les libraires ont eu l’impression de vivre un deuxième Noël.
Depuis, la situation s’est stabilisée, estime le propriétaire de la Librairie Matulu à Edmundston, Alain Leblanc. Julien Cormier de la Librairie Pélagie dans la Péninsule acadienne connaît aussi une bonne année. L’été a été formidable avec l’abondance de touristes dans la région.
Selon les deux libraires, le plus grand défi demeure le commerce électronique, bien que les commandes en ligne représentent une infime partie des revenus des librairies.
«Les gens veulent ça tout de suite. Les Amazon de ce monde ont les moyens et le système pour que ça aille vite. Nous on ne peut pas se permettre ça. Si un client me demande un livre que je n’ai plus, je dois le commander. Et avant que je le commande, j’essaie d’accumuler certaines commandes pour absorber les coûts de transport», explique Alain Leblanc.
Le copropriétaire de la Librairie Pélagie dans la Péninsule acadienne, Julien Cormier, mentionne que le gouvernement fédéral se prépare à verser des subventions aux librairies indépendantes du pays afin de les aider à défrayer les frais postaux de livraison et le commerce électronique. Un soutien que les libraires réclament depuis longtemps.
«On fait pas mal de vente sur Internet, mais sauf que présentement ça ne nous rapporte presque rien à cause des coûts de la poste. Si on veut faire compétition avec les Amazon de ce monde, on n’a pas les reins assez solides comme de raison pour ça, mais tout à coup si le gouvernement peut nous donner un coup de main, ça va drôlement aider.»
LE DÉFI DE LA RELÈVE
Sur le marché depuis deux années, la Librairie Pélagie a peut-être finalement trouvé preneur bien que rien d’officiel ne soit encore signé.
«Disons que ça regarde bien pour l’instant et ça va peut-être se faire. On dirait que oui ( y a de la relève), mais ça ne court pas les rues», souligne le copropriétaire.
Alain Leblanc qui tient sa librairie depuis 23 ans songe aussi à sa succession. Il espère un jour pouvoir vendre son commerce et non le donner, puisqu’il a bâti son entreprise d’arrache-pied.
«J’espère qu’il va y avoir une relève parce qu’on est juste quatre librairies indépendantes francophones dans la province. Il y a aussi une petite librairie-papeterie à SaintQuentin.»
UNE «DEMANDE INTÉRESSANTE» POUR LES AUTEURS NÉO-BRUNSWICKOIS
La campagne J’achète un livre du Nouveau-Brunswick qui en est à sa troisième édition commence à faire son effet, constatent les libraires.
Alain Leblanc soutient qu’il est important d’aider à promouvoir les écrivains d’ici puisqu’ils sont tous un peu dans le même bateau. Des clients débarquent dans son commerce pour acheter des livres du Nouveau-Brunswick.
«Ça ne paiera pas mon loyer, mais ça fait connaître nos auteurs et nos autrices. On connaît beaucoup les auteurs de notre voisin et nos petits-cousins au Québec, mais ça fait découvrir et ça montre aux gens qu’on a de quoi de bon ici. On n’a pas à avoir honte», soutient le libraire d’Edmundston.
Les biographies de personnalités locales, les faits vécus figurent parmi les ouvrages qui ont du succès dans sa région.
«Le roman, ça passe un peu, mais il faut le vendre comme L’Averti qui a remporté le combat des livres. La poésie, quand c’est local, les gens vont en acheter.»
Julien Cormier note que l’intérêt pour les publications néo-brunswickoises n’est jamais aussi grand que pour les livres québécois et européens. Or, la poésie, les livres jeunesse et les histoires locales se vendent tout de même assez bien.
«Je ne peux pas raconter que c’est un engouement, mais il y a définitivement une demande intéressante», a-t-il ajouté.
La campagne J’achète un livre du NouveauBrunswick se déroule jusqu’au 17 septembre. Lors de cette journée, plusieurs activités seront organisées dans différentes régions de la province. ■