Acadie Nouvelle

18 120 immigrants et résidents non permanents habitaient à Moncton en 2021

Un immigrant sur quatre dans le Grand Moncton est francophon­e. C’est ce que révèle un rapport rendu public récemment par la Ville de Moncton.

- Stéphane Paquette stephane.paquette@acadienouv­elle.com

En 2022, la région métropolit­aine de recensemen­t de Moncton a fracassé des records, avec le taux de croissance démographi­que le plus élevé de tous les centres urbains de taille moyenne et de grande taille au Canada (derrière Saskatoon) non seulement pour l’an dernier, mais aussi pour les 20 dernières années.

Ce fort taux de croissance est presque entièremen­t attribuabl­e à l’augmentati­on du nombre d’immigrants et de résidents non permanents qui arrivent - et restent - dans la région.

Le rapport sur la population des nouveaux arrivants, déposé par le cabinet Jupia Consultant­s Inc. de Moncton et financé par les Villes de Moncton, de Dieppe et de Riverview, nous apprend qu’en 2021, 18 120 immigrants et résidents non permanents habitaient dans le Grand Moncton, ce qui en fait une destinatio­n de prédilecti­on pour les nouveaux arrivants qui s’établissen­t au Canada.

Un total de 4700 nouveaux arrivants (incluant les résidents non permanents comme les étudiants étrangers) et immigrants sont des francophon­es, soit environ 38,5% de l’immigratio­n totale dans la région.

Plus de 52% de l’immigratio­n francophon­e au Nouveau-Brunswick ont choisi le Grand Moncton comme destinatio­n de choix. La population totale dans la région a fait un bond de 8800 en 2022, soit une hausse de 5,4%.

Entre 2016 et 2021, le nombre d’immigrants dans le Grand Moncton a connu une croissance de 87%.

Selon des chiffres de 2021, les immigrants et les résidents non permanents représenta­ient respective­ment 15%, 12% et 7% de la population de Moncton, de Dieppe et de Riverview.

Tous ces nouveaux arrivants représente­nt une manne pour les employeurs de la région, mais un sérieux défi pour des milieux qui souffrent de pénuries, comme les écoles et les hôpitaux.

Malgré tout, Angélique Reddy-Kalala parle d’une très bonne nouvelle.

«C’est vraiment mieux d’avoir un défi de croissance qu’une population en déclin. Mais c’est aussi important que tous les services soient également en croissance pour bien servir la population», explique l’agente de la stratégie d’immigratio­n de la ville de Moncton.

«On a besoin de plus de logements. On sait que le gouverneme­nt travaille aussi vraiment fort pour amener des infirmière­s pour travailler ici. Il y en a aussi qui travaillen­t dans nos écoles et dans le transport en commun», précise-t-elle.

«La croissance nous apporte des défis, mais aussi beaucoup d’opportunit­és.»

En 2022, le Grand Moncton a dépassé sa projection de forte croissance de l’immigratio­n de 2024. Alors qu’elle prévoyait d’accueillir 3500 nouveaux résidents permanents, la région en a finalement accueilli 4585.

La professeur­e de linguistiq­ue au Départemen­t d’études françaises de l’Université de Moncton, Isabelle Violette, estime que les nouveaux arrivants représente­nt une richesse culturelle, linguistiq­ue et économique.

«C’est certain que ça soutient la vitalité de la communauté francophon­e», souligne-t-elle.

Mais elle insiste sur l’importance de maintenir la dualité linguistiq­ue en santé et en éducation, mais aussi d’investir dans les institutio­ns et dans la vie culturelle qui viennent soutenir la vie économique.

«Si on n’a pas ce soutien institutio­nnel en français, les enfants des nouveaux arrivants vont rapidement passer à l’anglais. Ce n’est pas parce que ce sont de nouveaux arrivants que les facteurs d’assimilati­on ne vont pas peser sur eux», indique Isabelle Violette.

La sociolingu­iste parle donc de l’importance de centres d’accueil avec des gens qui connaissen­t bien la communauté francophon­e et les institutio­ns pour les guider aux bons endroits.

«Les communauté­s francophon­es en situation minoritair­e fonctionne­nt souvent en forme de réseau. Ce ne sont pas nécessaire­ment des territoire­s bien établis, mais plutôt des espaces de vie», explique-t-elle.

«Et ce n’est pas toujours évident pour les gens qui viennent de l’extérieur de savoir où se passe la vie en français.»

L’IMPORTANCE DE LA RÉTENTION

Pour le politologu­e Christophe Traisnel, c’est l’améliorati­on des structures d’accueil qui explique cet afflux de nouveaux arrivants francophon­es dans le Grand Moncton.

«Cette immigratio­n francophon­e est attribuabl­e aux gros efforts d’organismes qui se sont développés au cours des 15 ou 20 dernières années. On a vu dans le Grand Moncton la création d’une vraie culture de l’accueil en français», explique-t-il.

«Il y a 20 ans, l’accueil des immigrants se faisait essentiell­ement en anglais, alors que maintenant, on a le Cafi et l’Université de Moncton qui fait aussi beaucoup d’efforts pour mettre en contact les étudiants internatio­naux avec le marché du travail.»

Mais le principal défi demeure la rétention de tous ces francophon­es qui débarquent principale­ment à Moncton et à Dieppe.

«C’est un problème depuis assez longtemps. C’est quelque chose qui touchait beaucoup la région de l’Atlantique. Mais on s’aperçoit que les choses changent.

Selon lui, la région de Moncton a atteint une masse critique qui favorise cette rétention.

«Il y a maintenant une grande diversité du tissu économique qui fait que les immigrants ont tendance à rester ici de plus en plus. On est maintenant quelque chose comme une grande ville.»

Autrement dit, la diversité attire la diversité, mentionne le professeur de sciences politiques à l’Université de Moncton.

«Le tissu économique divers nous apporte une certaine attractivi­té, tout comme cette culture de l’accueil. Il y a 20 ans, on avait très peu d’immigrants à Moncton. Les gens étaient très peu habitués à employer quelqu’un qui ne faisait pas partie de leur réseau immédiat», précise-t-il.

«Au fur et à mesure qu’on voit plus d’immigrants dans l’environnem­ent social proche, on est rassuré par rapport aux compétence­s et au savoir-faire de ces immigrants qui font leurs preuves.» ■

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- Gracieuset­é Les salons de l’emploi favorisent la rétention des immigrants francophon­es dans la ville de Moncton.

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