Chirurgies en clinique privée: des craintes sur la corporatisation en santé
Les partis d’opposition et d’autres groupes s’opposent à un projet de loi du gouvernement progressiste-conservateur qui élargirait l’offre de services de santé dans les cliniques privées.
Le ministre de la Santé, Bruce Fitch, est content du succès des projets pilotes à Bathurst et à Miramichi visant à offrir des chirurgies de la cataracte en clinique privée.
Sa nouvelle loi formalise le processus pour permettre à plus de chirurgies d’être pratiquées dans des cliniques privées, pourvu qu’elles signent un accord avec une régie de la santé.
Il revient aussi au ministre d’approuver ces cliniques. Leurs patients ne pourront pas payer pour un service qui est financé par l’Assurance-maladie et ils ne pourront pas payer pour y avoir accès de façon prioritaire.
Le ministre affirme ainsi que son projet de loi contient donc suffisamment de protections et qu’il ne s’agit pas d’une privatisation accrue du système de santé.
Le gouvernement continuera de se concentrer sur l’offre de chirurgies de la cataracte, mais le ministre peut approuver d’autres types de chirurgies selon le besoin pour ce type de service dans la province.
Rob McKee affirme que le gouvernement pourrait financer des chirurgies dans des cliniques à l’extérieur d’un hôpital, mais avec un modèle «gouverné par le système public».
Il estime que la loi telle qu’elle est conçue actuellement présente des risques de dérapages.
«Il y a toujours la question de la maind’oeuvre, il y a toujours la question de corporations qui pourraient venir s’installer ici si elles faisaient un contrat avec les régies de santé et il y a toujours cette possibilité, ça n’a pas été fermé dans la législation.»
La députée Megan Mitton, du Parti vert, estime qu’il s’agit d’une «corporatisation» des soins de santé, ce qui l’inquiète.
«Il faut assurer que nous investissions dans notre système de santé public, et je vois que ce n’est pas la voie que le ministre choisit. Il veut que l’argent aille vers [...] le privé, et pas dans le public. Il faut investir dans le système public, par exemple dans la rétention d’infirmières.»
Bruce Fitch estime toutefois que cet argument ne tient pas la route puisque les services offerts à la population sont toujours payés par l’assurance-maladie et qu’il ne s’agit donc pas d’un système «à deux vitesses».
PERTE DE RESSOURCES
La présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du N.-B., Paula Doucet, s’oppose au projet de loi. Elle estime que l’offre de services en clinique privée risque d’aggraver la pénurie de professionnels de la santé, y compris celle des infirmières, puisque ces cliniques pourraient être plus attrayantes pour des travailleurs du système public.
«En ouvrant d’autres cliniques privées, on ne fait que soutirer des ressources à notre système public en faisant miroiter des promesses selon lesquelles ce ne sera pas nous, le public, qui devra payer la facture. Or, nous savons tous trop bien que cela ne fait qu’ouvrir la porte à de nouvelles possibilités pour le secteur privé à but lucratif qui viendront dégrader encore davantage notre système de santé public.»