Pharmacies: plus de services seront remboursés
Fredericton remboursera les services d’évaluation et de prescription effectués par les pharmaciens pour sept problèmes de santé, une manière d’améliorer l’accès aux soins primaires dans la province, croit le ministère de la Santé.
Le ministère de la Santé a annoncé lundi matin un investissement d’environ 300 000$ afin d’élargir les services prodigués par les pharmacies de la province.
Grâce à ces fonds, le Nouveau-Brunswick remboursera les consultations dans les pharmacies participantes visant à diagnostiquer et soigner les dermatites de contact allergique, les feux sauvages, l’eczéma léger ou modéré, les reflux gastro-oesophagiens pathologiques, l’impétigo, la prévention de la maladie de Lyme à la suite d’une morsure de tique présentant un risque élevé et l’acné légère.
Bruce Fitch, ministre de la Santé, est d’avis que cette approche permettra d’améliorer l’accès aux soins de santé primaire dans la province, tout en offrant un peu de répit aux hôpitaux.
«Il y a environ 80 000 consultations annuellement pour ce genre de problèmes de santé, donc ça va permettre de libérer autant de rendez-vous dans la province pour d’autres problèmes plus graves, a-t-il indiqué lundi. Pour les gens n’ayant pas de médecin ou d’accès à des soins de santé primaire, ça peut aussi vouloir dire que ces personnes n’iront pas aux urgences. Ce sont de bonnes nouvelles.»
Le président de l’Association des pharmaciens du N.-B. abonde dans le même sens.
«Les gens ont déjà l’habitude de consulter leurs pharmaciens, qui sont en réalité les pourvoyeurs de soins les plus accessibles dans la province. Jusqu’à aujourd’hui, ils voyaient souvent le pharmacien et se voyaient forcés d’aller consulter un médecin pour ensuite revenir. Maintenant, le tout pourra se faire en une seule visite», dit-il.
«Les pharmaciens peuvent diagnostiquer et prescrire des médicaments pour 34 problèmes de santé. Avec l’ajout de ces sept, on en aura donc 11 sur 34 qui seront remboursés par l’assurance maladie», se réjouit M. Drover.
EN FAIRE DAVANTAGE
Andrew Drover est d’avis que les pharmaciens pourront en faire davantage afin d’améliorer les soins primaires au N.-B.
«En Nouvelle-Écosse, les pharmaciens sont impliqués dans la gestion de maladies chroniques et ont le droit de diagnostiquer des problèmes de santé que nous ne pouvons pas faire ici, par exemple les infections de gorge aux streptocoques, donc nous pensons que nous pouvons en faire davantage ici. Je n’ai pas de chiffres précis, mais il y avait 14 pharmacies impliquées dans leur projet pilote et on vient d’en ajouter 14 supplémentaires. À ma connaissance, et c’est subjectif, les résultats sont très positifs. Ça permet de sortir des patients des urgences», avance-t-il.
Un projet pilote dans les pharmacies de l’Île-du-Prince-Édouard afin d’étendre l’accès aux soins primaires a aussi connu de bons résultats, ajoute M. Drover.
«L’approche semble avoir dépassé toutes leurs attentes et ils ont reçu deux fois plus de consultations anticipées, donc ces personnes ne se rendent pas dans une urgence», dit-il.
ATTENTION AU PRIVÉ
Claire Johnson, professeure à l’École des Hautes études publiques de l’Université de Moncton, se réjouit que le gouvernement tente de rendre les soins primaires plus accessibles. Elle s’inquiète toutefois de potentiels conflits d’intérêts qui pourraient découler de cette initiative et somme Fredericton de bien l’encadrer.
«Les pharmacies sont communautaires et très accessibles, c’est facile d’y entrer et discuter avec un pharmacien, ce qui est très bien. Là où j’hésite un peu c’est quand c’est la même personne qui fait le diagnostic qui prescrit et vend le médicament, j’y vois potentiellement un énorme conflit d’intérêt. Il faudra bien encadrer tout ça», précise Mme Johnson. ■