Acadie Nouvelle

Faim au N.-B.: une situation «inquiétant­e»

Le taux de personnes ayant des difficulté­s à se nourrir a dépassé celui d’avant la pandémie en 2022, au Nouveau-Brunswick. En même temps, les banques alimentair­es et les soupes populaires de la province ont dû répondre à une demande plus forte.

- Cédric Thévenin cedric.thevenin@acadienouv­elle.com

«Nous souhaitons voir le nombre de clients diminuer ou plafonner dans les prochains mois parce que sinon ça va devenir extrêmemen­t difficile de maintenir les services à plusieurs endroits. C’est inquiétant», exprime le directeur de Food Dépôt Alimentair­e, Stéphane Sirois.

Son organisme envoie une partie de la nourriture nécessaire à 64 associatio­ns du NouveauBru­nswick, qu’elles soient des banques alimentair­es ou des soupes populaires.

«Les organismes ont tous les mêmes difficulté­s: il y a plus de gens qui viennent, les ressources diminuent, le coût de la nourriture augmente et tout le monde se serre la ceinture, donc c’est plus difficile d’avoir des dons. C’est une tempête parfaite», résume M. Sirois.

Il précise que toutes les personnes qui se présentent aux banques alimentair­es et aux soupes populaires du Nouveau-Brunswick reçoivent à manger pour l’instant, même si leur nombre a augmenté de 30% à 40% de 2021 à 2022. «Cette année, ça continue d’augmenter. Depuis octobre dernier, nous voyons qu’il y a 4000 clients supplément­aires dans les agences», ajoute M. Sirois.

NOUVEAUX PROFILS

Stéphane Sirois remarque en outre que le profil des nouveaux clients des banques alimentair­es et des soupes populaires est différent de ceux des habitués.

«Ce sont des personnes à la retraite, par exemple, qui ont un revenu fixe, ainsi que des familles où les deux parents travaillen­t», rapporte M. Sirois.

Le gestionnai­re de la soupe populaire Ray of Hope Needy Kitchen à Moncton, Greg Fennell, a aussi constaté que des personnes d’un nouveau type ont demandé l’aide de son organisme.

«Pendant la pandémie, nous servions des repas à emporter, précise-t-il. Il y avait beaucoup d’immigrants qui venaient. Ils avaient parfois trois ou quatre enfants, ils étaient à Moncton depuis peu de temps et n’avaient sûrement pas de travail.»

Ray of Hope Needy Kitchen sert uniquement des plats sur place depuis deux semaines. L’organisme peut ainsi donner de meilleurs repas et éviter l’achat d’ustensiles en plastique et de boîtes en styromouss­e. À la suite de ce changement, son nombre de clients a diminué.

«J’espère que ceux qui ne viennent plus se sont arrangés pour s’inscrire à une banque alimentair­e, exprime M. Fennell. Certains d’entre eux ne peuvent pas manger chez nous parce qu’ils doivent aller à l’école pendant nos heures d’ouverture.» ■

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