«Le premier ministre a perdu son chemin»
Les gens du Nouveau-Brunswick doutent de plus en plus de la parole du gouvernement Higgs, selon certains intervenants, ce qui pourrait laisser des séquelles dans le futur.
L’épisode du «Data my ass», en réponse à la présentation de données au sujet des succès de l’immersion française, la construction d’une prison basée sur des anecdotes et les trois courriels venant justifier la révision d’une politique protégeant les élèves issus de la communauté LGBTQ+ ne sont que quelques exemples qui en laisse certains perplexes quant à la façon dont le gouvernement provincial justifie ses décisions.
C’est sans compter les propos qu’il a tenus, cette semaine, envers les élèves LGBTQ+, en suggérant que ceux-ci doivent avertir leurs parents lorsqu’ils changent leur nom ou pronom à l’école, même si des intervenants estiment que le fait de cacher certaines informations de la sorte assure la sécurité de certains d’entre eux.
Pour en rajouter, il a même mentionné que les enfants d’un certain âge ne devraient pas écouter des contes lus par une drag queen.
L’ex-ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, Dominic Cardy, a même confirmé que Blaine Higgs avait une position pour le moins étrange par rapport à la mise en place de la politique 713 dans les écoles de la province.
«Il n’était pas à l’aise de parler de ça et il pensait que sa perspective personnelle, soit son malaise de discuter de questions sexuelles, devait être imposée aux jeunes malgré les montagnes de preuves qui disent que les programmes d’éducation sexuelle sont essentiels pour les jeunes.»
Pour la chef du Parti libéral, Susan Holt, il est devenu clair que le gouvernement Higgs manque de transparence.
Elle croit que les gens du NouveauBrunswick n’ont plus confiance en la capacité du gouvernement d’élaborer des politiques fondées sur des données concrètes et à mener des consultations efficaces et réelles.
Elle estime que les commentaires du premier ministre sont de plus en plus personnels.
«Il n’est pas le représentant d’un gouvernement, d’une province ou d’une équipe. Il semble faire ce qu’il veut.»
«Je pense que le premier ministre a perdu son chemin et peut-être qu’il est temps d’avoir quelque chose de nouveau. Ses commentaires, son point de vue, (sa façon) de faire du travail sans données, sans consultations, sans qualifications, ce n’est pas un travail d’équipe. Le Nouveau-Brunswick mérite quelque chose de meilleur.»
COMME UN AUTOCRATE
De son côté, le chef du Parti vert, David Coon, trouve que le manque de transparence du gouvernement Higgs frôle le ridicule.
Il est même allé jusqu’à dire que le premier ministre Higgs se comporte en autocrate, en ajoutant qu’il dirige le gouvernement comme le PDG d’une grande entreprise.
«Ce n’est pas une bonne chose pour la santé de notre démocratie (...) Il prend des décisions sans comprendre que nous ne sommes pas une compagnie. C’est très grave.»
Dans un contexte où le premier ministre Higgs se met de plus en plus de groupes à dos, il s’agit peut-être d’une occasion à saisir pour les libéraux.
«C’est dommage que l’opportunité se présente parce qu’on a un premier ministre qui ne respecte pas le monde, mais je dirais qu’on a une excellente équipe, on présente des idées, on développe des politiques. Notre équipe est prête pour être le vent de changement que les Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises méritent.»
Par contre, même si le gouvernement Higgs était défait lors des prochaines élections, Mme Holt croit que le mal est peut-être déjà fait, surtout qu’elle estime que les autres membres du parti conservateur manquent de courage en ne s’exprimant pas publiquement sur les propos de leur chef.
«Ça m’inquiète que le monde devienne de plus en plus polarisé et qu’ils perdent confiance, non seulement en ce gouvernement et le premier ministre, mais dans l’institution au complet. Ça va être beaucoup plus dur d’améliorer la situation, car les gens ont perdu presque toute leur confiance dans le système. Il y aura beaucoup de travail à faire pour rebâtir cette confiance.»
Pour sa part, David Coon croit que le premier ministre Higgs surfe de plus en plus sur la vague de droite qui déferle sur le Canada, notamment en provenance des États-Unis.
«Tout le bruit qui se produit a créé un espace politique pour une personne très conservatrice comme Blaine Higgs.» ■
«Le seul point qui est important pour le premier ministre est sa propre perspective.»