Acadie Nouvelle

Odeurs nauséabond­es: les gens de Richibucto sont à bout de patience

Les citoyens de Richibucto demandent au conseil municipal de Beaurivage d’agir maintenant dans le dossier des odeurs nauséabond­es qui émanent dans leur quartier.

- Mario Tardif mario.tardif@acadienouv­elle.com

Une bonne quarantain­e de citoyens ont attendu pendant plus d’une heure avant de prendre la parole à la toute fin de la réunion du conseil municipal de mardi soir, dans le quartier de Richibucto.

L’une des membres du Comité d’action sur la qualité de l’air de Kent, Maisie Rae McNaughton, a rappelé que l’usine Coastal Shell avait l’autorisati­on de fonctionne­r jusqu’au 31 juillet. À ce sujet, elle a invité le conseil municipal à choisir son camp.

Le gouverneme­nt provincial a accordé un permis de trois mois à la compagnie, du 1er mai au 31 juillet. Selon le gouverneme­nt, elle doit tester ses émissions et doit soumettre un échéancier de l’installati­on de nouveaux équipement­s pour contrôler les odeurs.

«Notre souffrance n’est pas une farce. Ce n’est pas comique», a exprimé Maisie Rae McNaughton, avant d’inviter le conseil à agir tout de suite et à ne pas attendre la fin de juillet. «Notre qualité de l’air est compromise, notre rivière est en danger, nos entreprise­s souffrent. Nous devons faire mieux maintenant.»

Après avoir été applaudie par la quarantain­e de citoyens présents, elle a mentionné qu’elle n’a plus le goût de parler, elle veut de l’action immédiate de la part du conseil municipal. «C’est en train de devenir une crise de santé mentale et une urgence de santé publique.»

«Il faut que ça ferme, a ajouté le citoyen Paul Fournier, en parlant de l’usine. Il ne faut pas qu’ils essaient d’arranger rien. Toutes les années c’est la même histoire.»

«Ça me rend malade, a-t-il dit en parlant de la puanteur. Vous voulez avoir des touristes ici? J’ai des chums qui arrivent de la ville de Québec. Lorsqu’ils vont voir ça, ils ne reviendron­t jamais de leur vie.»

Une enseignant­e à la retraite, Nicole Boucher, a vu un enfant vomir à l’école en raison de la puanteur. «Ils essaient d’apprendre

en se couvrant le nez. Est-ce normal?» s’est-elle demandé en rapport aux élèves.

«Lorsque tu sors de l’école, tu as des maux de tête, les yeux te brûlent, ta tête veut exploser, et tu dois retourner à la maison pour laquelle je paie des taxes, et je ne sais pas pourquoi puisque je ne peux même pas vendre ma maison, car je n’aurai rien pour», a fait savoir l’enseignant­e.

«Ne parlons même pas d’investisse­ments. Parlons plutôt des quelque 220 jeunes écoliers qui souffrent», a-t-elle précisé, avant d’être applaudie par les gens dans la salle.

Lors d’une conversati­on téléphoniq­ue mercredi, elle a raconté que l’année dernière, alors que des odeurs se dégageaien­t de l’usine, il n’était pas possible pour les élèves de sa classe d’ouvrir les fenêtres.

«Disons que dans une journée chaude, on parle d’une classe de 25 élèves, la températur­e peut monter facilement jusqu’à 25°C et sans ventilatio­n. Alors là aussi, estce que c’est humain de demander à des enfants de passer à travers ça», s’est questionné la nouvelle retraitée.

Un autre citoyen, Stuart Wallace, se demande comment le gouverneme­nt a pu accepter ce permis d’exploitati­on de trois mois et pourquoi l’usine n’a pas fermé en attendant de trouver la solution au problème d’odeurs nauséabond­es.

«C’est comme rouler avec une vieille bagnole et se faire dire par l’agent de continuer à l’utiliser pendant trois mois avant de le faire réparer.»

«Ils ne peuvent pas régler le problème, a poursuivi le citoyen. Ils n’ont pas l’équipement approprié. Ils n’ont pas l’argent pour l’améliorer. C’est une opération infructueu­se et ils font leur argent aussi rapidement qu’ils le peuvent sur le dos des gens d’ici.»

Le maire s’est dit conscient du problème. «Un gars m’a téléphoné. Il pêchait au quai de Loggiecrof­t (dans le parc Kouchiboug­uac). Il m’a dit qu’il sentait l’odeur de là.»

«Les membres du conseil, nous allons nous asseoir et discuter sérieuseme­nt de la question, a fait savoir Arnold Vautour. Il a lancé l’invitation au Comité d’action sur la qualité de l’air de Kent pour discuter de la situation.

«Faisons quelque chose, travaillon­s ensemble», a proposé le maire.

Après la rencontre, il s’est dit satisfait de la réponse du public.

«On est à l’écoute des gens, et j’espère que le conseil au complet a compris le message des gens.»

«Je les comprends, concède-t-il à propos des résidents. Ça fait six ou sept ans qu’ils se font dire que ça va s’améliorer et ça ne se fait pas. Je pense que les gens en ont eu assez. Je pense qu’il est temps qu’on prenne position. Je suis d’accord avec eux», a-t-il informé. ■

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- Acadie Nouvelle: Mario Tardif L’usine Coastal Shell est spécialisé­e dans le séchage de coquilles de crustacés. Selon les citoyens, c’est de cette usine qu’émanent des odeurs nauséabond­es.
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