Michel Cardin: un album international de chant et de théorbe
Le théorbe et la voix forment un mariage idéal comme en témoigne le nouvel album de Michel Cardin, Baroque Arias from Europe réalisé avec une soprano de la Grèce.
Lancé au Festival de guitares d’Athènes, ce nouvel opus rassemble 13 pièces du répertoire baroque. Le luthiste et théorbiste de Moncton a enregistré cette collection avec la soprano Thalia Moutopoulou d’Athènes ainsi qu’avec le ténor et guitariste grecque Chrysostomos Kalogridakis. Michel Cardin entretient des liens avec des organisateurs de festivals et des musiciens en Grèce depuis plusieurs années. Il donne régulièrement des concerts et des conférences au Festival de guitares d’Athènes et aux Rencontres estivales ALEA III sur l’île de Naxos. D’ailleurs, l’album a été enregistré dans le décor inspirant de Naxos.
«C’est étonnant parce que Naxos c’est plutôt une île de villégiature avec des ports de mer, du beau soleil et des plages. Pourtant il y a des gens compétents qui enregistrent. On avait tout l’équipement et les techniciens pour le faire là.»
La collaboration avec la soprano grecque a débuté en 2017 à Naxos. Une amitié et une complicité musicale se sont développées entre les artistes qui ont collaboré à plusieurs reprises par la suite.
«On aime beaucoup jouer ensemble chaque été. Étant donné qu’on avait une collaboration assez régulièrement, on s’est dit que ce serait bien d’avoir un témoignage tangible de notre collaboration.»
Chaque mois d’août, Michel Cardin se rend à Naxos pour présenter des concerts et collaborer à divers projets. Il va, entre autres, réaliser un nouvel album de Thalia Moutopoulou et de Chrysostomos Kalogridakis sur des chansons folkloriques grecques modernisées.
«C’est le fun de faire de la musique avec du monde avec qui on s’entend bien.»
UN TALENT NATUREL
Selon le musicien et professeur au département de musique de l’Université de Moncton, Thalia Moutopoulou a une voix exceptionnelle avec une belle intensité dramatique. Sa voix se prête très bien aux airs de l’époque baroque.
«Elle a travaillé sa technique avec d’excellents professeurs parce que là-bas, la musique classique est extrêmement forte et en plus, elle a un talent naturel pour le son de la musique baroque.
«Thalia sans vouloir être une vraie spécialiste, elle a très naturellement cette façon d’exprimer la musique baroque.»
La soprano qui pourrait certainement avoir une carrière comme chanteuse d’opéra en Europe n’aspire pas nécessairement à faire qu’une seule chose, préférant la diversité des formes d’art. Pianiste et chanteuse, elle est aussi artiste de danse, professeure, chef de choeur et actrice, précise le musicien.
La plupart des pièces choisies pour ce projet ont souvent été jouées par des ensembles. Cette fois, le théorbe remplit le rôle de l’orchestre, à l’exception de deux morceaux où la guitare de Chrysostomos Kalogridakis se joint au duo, notamment dans la cantate espagnole de Haendel et dans l’air de l’opéra La Calisto de Cavalli. Des pièces chantées en italien, en espagnol, en anglais et en français composent cette collection qui, au dire du musicien, est assez représentative de l’époque. Parmi les 13 morceaux, figure une trouvaille spéciale, soit trois airs d’opéra du compositeur de Bohème Johann Heinrich Schmelzer. Il s’agit d’un compositeur un peu moins connu de cette époque.
Il y a toujours une touche personnelle dans les interprétations de pièces baroques, précise le théorbiste.
«Dans les pièces qu’on joue, je fais des ritournelles que j’ai composées et c’est normal dans les oeuvres baroques, c’est un peu comme pour le jazz. On fabrique son accompagnement qui est propre à notre interprétation.»
Le musicien acadien précise que le théorbe (une sorte de grand luth) est l’instrument idéal pour accompagner la voix.
«Guilio Caccini a écrit un livre vers l’an 1600 et c’est là que le baroque a commencé et il parle de révolution. Et dans son traité, une des premières choses qu’il dit est que tout chanteur devrait chanter avec théorbe parce que c’est l’instrument idéal.» ■