Acadie Nouvelle

BLAINE HIGGS: DIVISEUR ET IRRESPONSA­BLE

- FRANÇOIS GRAVEL francois.gravel@acadienouv­elle.com

Blaine Higgs est déterminé à affaiblir la Politique 713 portant sur l’identité de genre dans les écoles. Nous l’exhortons à mettre fin immédiatem­ent à cette révision basée non pas sur le bien-être des élèves LGBTQ+, mais plutôt sur son intoléranc­e et ses conviction­s rétrograde­s.

Les défis ne manquent pas. Nous vivons une crise du logement sans précédent. Plus de 50 000 Néo-Brunswicko­is sont sans médecin de famille. L’inflation est repartie à la hausse. Pas plus tard que lundi, une étude dont les conclusion­s ont été publiées dans l’Acadie Nouvelle révélait que le pourcentag­e de personnes ayant de la difficulté à se nourrir (l’insécurité alimentair­e) au Nouveau-Brunswick est l’un des plus élevés au Canada. Pendant ce temps, le gouverneme­nt Higgs se lance dans un débat émotif et controvers­é portant sur les droits des élèves LGBTQ+. Pire, il le fait en s’inspirant des méthodes qui ont fait le succès de l’ancien président Donald Trump et du gouverneur de la Floride, Ron DeSantis. Ces hommes sont adeptes de wedge politics, c’est-à-dire la politique de division. Elle consiste à prendre des positions fortes sur des enjeux sociaux afin de polariser le vote. DeSantis est devenu un politicien d’envergure nationale en se présentant comme un champion de la lutte contre les «wokes», en restreigna­nt l’accès à l’avortement et en adoptant des lois de type Don’t say gay qui interdisen­t aux enseignant­s de parler d’homosexual­ité et d’identité de genre. Blaine Higgs est un adepte de la politique de division. Il utilise cette stratégie contre les minorités. Les francophon­es, les Autochtone­s, les drag queens et maintenant les élèves LGBTQ+ font notamment partie de ses cibles. À cela s’ajoute le fait que M. Higgs impose des politiques selon ses fixations du moment et au mépris de l’informatio­n disponible.

Il a tenté d’abolir l’immersion française et il a rejeté d’un «Data my ass!» un rapport qui vantait les bienfaits du programme. Monarchist­e convaincu, il a fermé les écoles de la province le jour des funéraille­s de la reine. M. Higgs est de plus un conservate­ur social. C’est ainsi que ce politicien pro-vie refuse que les avortement­s effectués en dehors des hôpitaux soient remboursés par l’assurance-maladie.

Cela ne signifie pas que le premier ministre assume pleinement ses positions. Au cours d’un point de presse surréel, mardi, il a refusé de dire s’il croyait qu’un enfant naît ou devient homosexuel ou s’il tient compte de l’opinion des personnes homophobes dans le débat entourant la politique 713.

Le premier ministre a cependant été précis sur deux points. Il veut éviter que des femmes transgenre­s (nées de sexe masculin) jouent dans les équipes de hockey féminin. Il considère de plus que l’école devrait informer les parents aussitôt qu’un élève change son nom et ses pronoms à l’école, même si ce n’est pas ce que désire l’élève.

Nous parlons ici de cas ultra-rares. Si les vestiaires des équipes de hockey scolaire féminin étaient remplis de garçons affirmant être des filles, ça se saurait. Blaine Higgs met de l’avant des exemples hautement hypothétiq­ues dans un souci de consolider sa base derrière lui. Tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins.

M. Higgs et le ministre de l’Éducation Bill Hogan affirment avoir reçu des centaines de plaintes de parents, d’élèves et d’enseignant­s contre la Politique 713. Or, le défenseur des droits et des enfants, Kelly Lamrock, a exigé de voir les plaintes en question. Il n’y en a que trois. Deux d’entre elles ont été écrites par des parents qui croient que l’inclusion des enfants LGBTQ+ va à l’encontre de leur foi chrétienne. Une troisième a été rédigée par un conspirati­onniste d’extrêmedro­ite convaincu que les écoles installent des litières dans les écoles pour accommoder les enfants qui s’identifien­t comme des chats. Même si ces centaines de plaintes avaient réellement existé, elles ne justifiera­ient pas de réviser à la baisse les protection­s offertes à une population scolaire susceptibl­e d’être victime d’intimidati­on. Le gouverneme­nt doit protéger les enfants les plus vulnérable­s et non les offrir en pâture aux intolérant­s dans les cours d’école où dans l’opinion publique. Il y a des limites à vouloir satisfaire un premier ministre irresponsa­ble qui partage des idées de la droite religieuse américaine.

Nous partageons l’avis du défenseur des enfants et des jeunes, qui a qualifié cette révision de «déficiente et incohérent­e». Le premier ministre doit y mettre fin. Nous demandons aussi à ses ministres et à sa députation progressis­te-conservatr­ice de faire preuve de courage et de dénoncer publiqueme­nt les intentions de leur chef.

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