Acadie Nouvelle

Révocation d’arrêtés municipaux: le ministre Allain répond aux critiques

- Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Le ministre des Gouverneme­nts locaux et de la Réforme de la gouvernanc­e locale, Daniel Allain, a défendu son projet de loi en comité vendredi matin. Il a notamment affirmé que les critiques à l’endroit de son projet de loi controvers­é proviennen­t de personnes qui ne l’ont pas lu.

Le projet de loi du ministre vise à établir un processus de contestati­on des arrêtés municipaux qui seraient défavorabl­es à certains propriétai­res de terrains privés, notamment des fermiers et des entreprise­s forestière­s qui sont maintenant assujettie­s à de nouveaux arrêtés.

Cette partie de la loi répond à la demande de groupes représenta­nt l’industrie agricole et forestière qui ont fait pression sur le gouverneme­nt. Le projet de loi a été critiqué par les associatio­ns municipale­s, qui craignent une perte d’autonomie.

Daniel Allain donne l’exemple d’un fermier qui utilise son tracteur sur ses terres, mais qui doit maintenant se plier à un arrêté sur le bruit excessif parce que sa ferme a été amalgamée à une municipali­té.

Il assure toutefois que ce pouvoir de révoquer des arrêtés nécessite un processus d’appel qui passe par la commission de la gouvernanc­e locale, qui sera indépendan­te du gouverneme­nt.

«Avant que ça vienne au ministre, ça va être analysé et étudié par la commission qui est indépendan­te.»

Lors d’une réunion du comité qui étudiait son projet de loi vendredi, le ministre a répondu aux critiques de son projet de loi en affirmant que ces personnes ne l’ont pas lu.

«Ils devraient prendre le temps de le lire. [...] …Un individu, un journalist­e, un conseiller municipal, un porte-parole d’un conseil municipal… devrait au moins prendre le temps de lire le projet de loi.»

Il a même affirmé que de la désinforma­tion circule au sujet de son projet de loi.

«La désinforma­tion, c’est qu’il y a certains individus qui n’ont pas lu le projet de loi. Le projet de loi n’était pas là pour s’accaparer du pouvoir, [pour faire] attaque à la démocratie, c’est l’inverse. C’était pour que les gens, les propriétai­res du N.-B., aient accès à un mécanisme d’appel.»

Il a critiqué certaines expression­s utilisées par des maires pour décrire son projet de loi, mais il n’a pas précisé de quelle façon les doléances des associatio­ns municipale­s étaient erronées ou relevaient de la désinforma­tion.

«Je suis fier du projet de loi qu’on a amené, il y a certains individus qui parlaient au nom des municipali­tés. Je ne crois pas qu’ils ont lu le projet de loi. Il n’est pas ridicule, ce n’est pas une claque dans la face de personne.»

UNE ERREUR DANS LA LOI?

Daniel Allain répète depuis quelques jours que la modificati­on ou la révocation d’un arrêté par son bureau ne se fera pas sans un processus de consultati­on public composé de plusieurs étapes et d’un examen de la part de la commission. C’est un aspect de la loi qui peut facilement porter à confusion, parce qu’il contient probableme­nt une erreur, selon un expert.

D’après Lyle Skinner, un avocat de droit constituti­onnel expert de questions parlementa­ires, on y établit bel et bien un processus de consultati­on publique nécessaire pour révoquer un arrêté. Mais dans sa forme actuelle, le projet de loi donne aussi le pouvoir au ministre de révoquer unilatéral­ement un arrêté sans aucune consultati­on. Autrement dit, ce pouvoir du ministre n’est pas rattaché au processus de consultati­on publique.

M. Skinner croit que cela n’est probableme­nt pas l’effet escompté du projet de loi.

«Je pense que c’est probableme­nt un oubli de rédaction, d’après les déclaratio­ns du ministre en comité.»

Le ministre Allain n’a pas pu répondre à nos questions à ce sujet. L’Acadie Nouvelle a cherché à avoir des précisions du ministère, mais on n’a pas répondu à notre demande avant l’heure de tombée.

PAS D’EXEMPLES SPÉCIFIQUE­S

«Il n’y a pas d’exemple spécifique» d’un arrêté adopté au N.-B. qui nécessiter­ait une interventi­on du ministre, a aussi ajouté Daniel Allain en réponse aux questions de journalist­es vendredi.

Il a repris un exemple utilisé jeudi par l’Alliance agricole du N.-B. concernant un arrêté sur les coupes à blanc qui a finalement été rejeté par le conseil municipal de Miramichi.

«Il y a un caractère de ruralité qu’on veut garder. Et il y a des municipali­tés qui vont peut-être prendre des décisions dont elles ne connaissen­t pas toutes les conséquenc­es. Je crois que l’Alliance agricole en a mentionné un. Le ministre va avoir un pouvoir additionne­l, mais ça sera une consultati­on publique, il y aura un rapport public aussi.» ■

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Le ministre des Gouverneme­nts locaux et de la Réforme de la gouvernanc­e locale, Daniel Allain. - Archives
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