Acadie Nouvelle

Les homardiers obtiennent entre 7$ et 7,50$ la livre

Malgré les difficulté­s financière­s annoncées par l’industrie de la transforma­tion, les homardiers de la zone 23 se disent pour l’instant satisfaits de leur saison de pêche.

- Justin Dupuis justin.dupuis@acadienouv­elle.com

Il y a un mois, les homardiers de la zone 23 prenaient la mer alors que débutait une autre saison de pêche au homard.

D’après l’industrie de la transforma­tion, il faut s’attendre à ce que 2023 soit difficile pour les pêcheurs. Il y a deux semaines, l’Associatio­n des transforma­teurs de homard des Maritimes prédisait que les prix que pouvaient espérer obtenir les homardiers allaient fort probableme­nt s’écrouler en raison d’une faible demande découlant du contexte économique incertain aux États-Unis.

Pour l’instant, malgré cette mise en garde, les choses ne se déroulent pas ainsi. Au cours des derniers jours, les pêcheurs ont pu compter sur un prix d’achat oscillant entre 7$ et 7,50$ la livre, un montant jugé satisfaisa­nt par l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM).

«Pour nos pêcheurs, c’est raisonnabl­e. Nos membres estiment que c’est équitable considéran­t que nous sommes dans une situation où les transforma­teurs disent qu’il faut être prudent», dit Martin Mallet, directeur général de l’UPM.

M. Mallet rappelle que les pêcheurs sont eux aussi frappés de plein fouet par l’inflation et doivent composer avec des dépenses plus importante­s en appât et en carburant. Offrir un prix d’achat inférieur à 7$ la livre pour leurs prises serait donc injuste.

«En ce moment, les pêcheurs reçoivent un montant qui leur permet de payer les dépenses qui sont à la hausse à cause de l’inflation et ils sont aussi capables d’en tirer un profit avec le volume des débarqueme­nts que nous avons présenteme­nt. Je crois qu’à court ou moyen terme, les usines et les transforma­teurs devraient être corrects avec l’état actuel des choses», avance-t-il.

LE CHANGEMENT DU CLIMAT, SOURCE D’INQUIÉTUDE­S

La semaine dernière, le ministère des Pêches et des Océans faisait paraître un rapport sur l’état des stocks de homard au pays.

D’après l’analyse du MPO, les population­s de homard dans les Maritimes se portent bien, même si le changement du climat pourrait être à l’origine d’une récente tendance à la baisse.

La situation n’est pas sans inquiéter l’UPM. «Le rapport indique que l’état des stocks est en bonne santé, mais il y a quand même quelques drapeaux rouges. On a des rapports de nos pêcheurs et de gens de l’industrie qui indiquent des déclins dans les débarqueme­nts depuis quatre ou cinq ans, c’est certaineme­nt une inquiétude pour nous», indique M. Mallet.

Les changement­s climatique­s causent des changement­s rapides dans les écosystème­s marins, une réalité qui s’observe depuis plusieurs années déjà dans l’aire de distributi­on des homards.

«La limite sud de l’aire de distributi­on du homard se déplace vers le nord d’année en année, note Martin Mallet, qui est biologiste de formation. Il y a des endroits où il y avait du homard il y a 30 ou 40 ans et aujourd’hui il y en a presque plus, par exemple du côté de la Caroline du Nord.»

La migration des population­s de homard est aussi visible sur la Côte-Nord au Québec et sur la côte ouest de Terre-Neuve, des endroits où on n’en voyait que très rarement, ajoute M. Mallet.

Bien que ce crustacé tolère bien un assez grand écart de températur­e, M. Mallet cite des études suggérant qu’une eau trop chaude semble être néfaste pour la reproducti­on.

Déjà en 2017, des scientifiq­ues de l’American Lobster Settlement Index ont constaté une chute du nombre de bébés homards dans le golfe du Maine, ce qui laissait présager une diminution des stocks.

Bien que plus d’études seront nécessaire­s pour le confirmer, ce déclin pourrait être expliqué par le fait que l’eau qui se réchauffe entraîne un déclin dans les population­s de plancton, la nourriture dont ont besoin les larves de homard afin de se développer. Le fait que de plus en plus de baleines migrent vers le nord à la recherche de plancton donne du poids à cette hypothèse, explique M. Mallet.

«Pour l’instant, nous n’avons pas ce problème ici, au printemps, on observe un gros boom de plancton et lorsque les larves sont dans l’eau en juillet, il y a plein de nourriture pour elles», précise-t-il. ■

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Martin Mallet, directeur général de l’UPM Archives

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