Acadie Nouvelle

La députée Kwan dit qu’elle ne laissera pas la Chine «effacer l’histoire»

La députée fédérale Jenny Kwan dit qu’elle ne cédera pas à l’intimidati­on de la Chine, même si cela risque de compliquer son travail.

- Mickey Djuric

L’élue néo-démocrate a été informée la semaine dernière par le Service canadien de renseignem­ent de sécurité qu’elle avait fait l’objet d’une ingérence par une puissance étrangère. Elle ne peut donner plus de renseignem­ents à ce sujet en raison des lois sur la sécurité de l’État.

Mme Kwan serait une cible pour la Chine à cause de ses positions sur les droits fondamenta­ux des résidents de Hong Kong et de la minorité musulmane ouïghoure.

La députée de Vancouver-Est - qui est née à Hong Kong - dit qu’il y a toujours un risque lorsqu’un élu se place dans la mire du gouverneme­nt chinois. Elle raconte que des électeurs voudront peut-être s’éloigner d’elle ou s’inquiétero­nt des effets que cela pourrait avoir sur leur vie.

Elle reconnaît que ces préoccupat­ions sont réelles, mais elle ne peut pas les laisser la détourner de son travail.

Mme Kwan dit que ceux qui vivent à l’extérieur à Hong Kong et de la Chine, doivent parler pour ceux qui ne peuvent pas s’exprimer.

Mme Kwan ajoute qu’elle n’avait pas remarqué les présumées mesures prises par la Chine à son endroit.

«Voici ce que je tire de cette séance d’informatio­n. Peu importe ce qu’une puissance étrangère peut me faire, je n’abandonner­ai pas le boulot que je suis en train d’accomplir.»

L’ingérence chinoise renforce sa conviction que la défense des droits de la personne est encore plus importante qu’auparavant, notamment à l’approche du 34e anniversai­re du massacre de la place Tiananmen, lundi. La répression contre le mouvement démocratiq­ue avait coûté la vie à des centaines de personnes, sinon des milliers.

Selon Mabel Tung, présidente de la Vancouver Society in Support of Democratic Movement, plusieurs commémorer­ont les événements en privé. Depuis les manifestat­ions en faveur des droits démocratiq­ues en 2919 à Hong Kong, les autorités chinoises ont retiré tous les monuments faisant référence à Tiananmen. Quant aux livres qui en parlaient, ils ne sont plus sur les tablettes des librairies ou des bibliothèq­ues.

«Il existe une stratégie très active pour effacer l’histoire», soutient Mme Kwan qui a émigré de Hong Kong à l’âge de 9 ans.

La députée a participé la semaine dernière à une manifestat­ion visant à se souvenir de ceux qui avaient été tués lors de la répression de 1989. Plusieurs manifestan­ts, membres de la diaspora hongkongai­se, portaient un masque afin que leurs proches vivant là-bas ne soient pas punis.

«Nous avions encouragé les gens à porter un masque, des lunettes fumées et un chapeau afin qu’on ne puisse pas les identifier. Ils avaient vraiment peur d’être reconnus, souligne Mme Tung. Personne ne veut aller en prison pour un acte qui n’est pas criminel.»

Selon elle, plusieurs Chinois expatriés vivant à Vancouver sont heureux de voir que Mme Kwan est prête à défendre leurs droits.

«Nous savons que nous ne sommes pas seuls. Cette personne est avec nous pour que nous suivions ensemble cette route.»

Mme Tung reconnaît qu’elle est inquiète pour la sécurité de Mme Kwan. ■

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Justin Tang Jenny Kwan - La Presse Canadienne:

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