Le pont interprovincial devenu un véritable perchoir pour les cormorans
Des centaines de cormorans perchent quotidiennement sur le chapelet du pont interprovincial J.C. Van Horne qui relie Campbellton et Pointe-à-la-Croix en Gaspésie. Une présence qui commence à déranger… et à se faire sentir.
La présence des cormorants pose problème, ou plus précisément, les fientes qu’ils déchargent en abondance sur le pont, la chaussée et les nombreux usagers qui traversent le pont.
Ces volatiles passent la nuit sur le pont. Au matin, ils disparaissent pour ne revenir qu’en fin de soirée, visiblement bien repus. Une colonie de cormorans est implantée depuis des années à Dalhousie, notamment sur le rocher Bon Ami. Mais la présence de cette quantité de cormorans sur le pont est plutôt récente.
«On a commencé à en voir en grand nombre il y a environ quatre ans et chaque année depuis, ça empire.»
Maire de Pointe-à-la-Croix, Pascal Bujold ignore pourquoi les cormorans ont décidé de se regrouper sur le pont interprovincial. L’hypothèse la plus plausible selon lui serait une augmentation de leurs sources de nourritures. Doit-on y voir une relation avec l’augmentation du bar rayé dans le secteur?
«Est-ce que c’est ça ou autre chose, on ne le sait pas avec certitude. Ce que l’on constate par contre, c’est que leur nombre est sans cesse grandissant. Ç’a commencé de notre côté du pont et maintenant ils font presque tout le chapelet», souligne le maire.
Ce fait plutôt inusité pourrait, en d’autres circonstances, être intéressant à observer. De l’aveu même de M. Bujold, cette présence est impressionnante, tout comme le spectacle de leur envolée matinale. Mais les citoyens de Pointe-à-la-Croix ne sont pas friands de ces nouveaux voisins. Ils en ont notamment contre ce qu’ils laissent derrière.
«C’est simple, l’asphalte sous certaines parties du pont est tout blanc, et ce n’est pas de la peinture! Les citoyens commencent à en avoir assez, car lorsqu’on traverse le pont, on a de bonnes chances de se faire arroser. Et comme les seuls lave-autos du coin sont de l’autre côté, à Campbellton, on est mal pris», explique le maire.
Avec ces déjections vient l’odeur. «Non seulement c’est vraiment inesthétique sur le pont, mais ça ne sent pas très bon lorsqu’on s’approche ou que l’on traverse le pont. Et quand on sait ce qui risque de nous tomber dessus, ce n’est pas tentant de le faire. Encore moins à pied», note M. Bujold.
Celui-ci estime que cette grande quantité d’excréments pourrait même devenir un enjeu de sécurité en provoquant des accidents.
La municipalité a entrepris des démarches l’été dernier auprès du gouvernement fédéral, responsable de l’infrastructure.
«Un consultant est venu sur place et a confectionné une étude, mais on n’a aucune idée de ce qu’elle contient, à quoi ressemblent les recommandations. Ce qu’on nous dit c’est qu’elle est toujours au stade de la révision. Je crois qu’ils (le gouvernement) sont sérieux dans leur volonté de faire quelque chose, mais on commence à avoir hâte. Car pendant ce temps les oiseaux ne s’en vont pas et notre saison touristique approche à grands pas», indique le maire.
Selon lui, le dossier demeure complexe qu’il n’y paraît. Car comment déplace-t-on toute une colonie?
«On ne veut pas que ces oiseaux-là meurent, on veut simplement qu’ils se déplacent ailleurs, dans un environnement plus naturel que sur un pont», dit-il.
RECHERCHE DE SOLUTIONS
Questionné à ce sujet par l’Acadie Nouvelle, Services publics et Approvisionnement Canada a confirmé rechercher des solutions au problème des cormorans qui se perchent sur le pont J.C. Van Horne.
«Nous avons entamé une étude environnementale afin d’examiner les mesures qui nous permettraient de dissuader sans cruauté les oiseaux de se percher sur le pont. Nous sommes également à examiner des études de cas concernant d’autres ponts qui ont connu des problèmes similaires avec des populations de cormorans. Selon notre évaluation préliminaire, une solution à grande échelle portant sur la gestion des espèces sauvages par les différentes administrations concernées pourrait éventuellement s’avérer nécessaire», rapporte le service des communications. ■