Incendies de forêt: pas de record battu, mais ils pourraient être plus fréquents
Les incendies de forêt qui sévissent un peu partout au Québec ne sont pas les plus importants que la province ait connus, mais ils pourraient être de plus en plus fréquents avec les années, souligne Yves Bergeron, professeur et chercheur à l’Institut de recherche sur les forêts de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
«On n’est pas dans des situations jamais vues dans le passé. En 1922, ce sont 6500 kilomètres carrés qui ont brûlé au Québec, et environ 5500 l’année suivante, relate-t-il. Mais on ne répertoriait pas les feux dans le Nord.»
À titre comparatif, environ 1580 kilomètres carrés sont actuellement touchés par les flammes, selon des chiffres avancés par la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU).
Selon le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie et aménagement forestier, le 20e siècle a été plus humide que ses deux prédécesseurs; ce faisant, il y a eu moins d’incendies de forêt.
Une tendance qui pourrait changer dans l’avenir, craint-il.
«Au 20e siècle, les précipitations avaient suffisamment augmenté pour compenser l’augmentation de la température, explique M. Bergeron. Ce qu’on prédit, avec les changements climatiques dans l’est du Canada, c’est qu’on va revenir à des conditions très sèches, comme on a eu aux 18e et 19e siècles et qui étaient plus propices aux feux. Mais selon nos simulations, les précipitations ne suffiront plus.
«Avec les changements climatiques, on risque de dépasser ce à quoi la nature est habituée, et comme la forêt n’arrivera pas à se reconstruire au même rythme qu’elle brûlera, on pourrait voir apparaître de la déforestation. On n’en est pas là, mais c’est vers là qu’on se dirige si on ne fait rien», prédit le chercheur.
Si on ne peut attribuer uniquement aux changements climatiques l’origine d’un incendie de forêt bien précis, on ne peut nier leur rôle dans le réchauffement des saisons et l’impact de celui-ci sur l’environnement et l’agriculture, souligne aussi Angelica AlbertiDufour, porte-parole d’Ouranos, consortium sur les changements climatiques.
«Avec les changements climatiques, on observe un raccourcissement de la période hivernale et par le fait même, un printemps hâtif, explique-t-elle. Les températures printanières augmentent elles aussi. En raison des changements climatiques, on s’attend à ce que des épisodes de plus grande chaleur accompagnés de plusieurs jours sans précipitations soient plus fréquents.»
Le temps chaud et très sec observé depuis quelques semaines contraste avec les précipitations abondantes du début du mois de mai et qui ont été à l’origine d’importantes crues des eaux, relève JeanFrançois Bégin, météorologue chez Environnement Canada. ■