Chris LeBlanc sur les traces des anciens du Collège Saint-Joseph
Dans une approche personnalisée, le cinéaste Chris LeBlanc s’est donné comme mission de préserver et de partager la richesse de la mémoire de ceux qui ont vécu et étudié au collège SaintJoseph à Memramcook. Avec cette série d’entrevues, le réalisateur a le sentiment que la jeunesse d’une époque s’adresse à celle d’aujourd’hui.
Réalisé de concert avec la Société culturelle de Memramcook, Patrimoine intangible sera lancé vendredi à l’occasion du 2e Festival du film de Memramcook qui se déroule du 22 au 25 février au MonumentLefebvre. Un court montage des entrevues sera alors présenté afin de donner un petit aperçu de ce projet d’archives interactives, unique en Acadie. Le réalisateur rappelle que Memramcook, berceau de l’éducation, a largement contribué à la renaissance acadienne. Le cinéaste natif de cette région a rencontré 45 anciens et anciennes du Collège Saint-Joseph et du couvent pour femmes Notre-Dame-du-Sacré-Coeur qui se confient à la caméra. Ces gens ayant atteint un âge vénérable racontent leurs souvenirs de jeunesse dans les années 1950. Ils parlent de leurs parents, de leurs grandsparents, de leur famille, de la vie à Memramcook, de leur jeunesse et de leur vécu au Collège Saint-Joseph. Leurs histoires offrent aussi un portrait de la vie dans la Vallée à l’époque du collège.
«C’était un village bourdonnant d’activités. Il y avait des prêtres, un couvent avec des soeurs qui marchaient en ville, il y avait des centaines de collégiens. Mon grand-père avait un business de taxi. Il y avait des magasins, des restaurants, du sport, il y avait des centaines de personnes et c’était juste en face de chez mes grands-parents. Alors, c’était comme un Memramcook magique.»
Chris LeBlanc a toujours eu de la facilité à échanger avec les personnes aînées. Cette aisance remonte à son adolescence. Une des premières entrevues qu’il a réalisées c’était avec ses grands-parents au sujet de l’époque du collège Saint-Joseph. Son grand-père qui conduisait un taxi dans les années 1940 et 1950 transportait les collégiens à Moncton.
«Ça fait que c’était déjà dans mon imagination, et quand la Société culturelle de Memramcook m’a approchée, c’est sûr qu’ils n’ont pas eu besoin de me tordre le bras.»
DES HISTOIRES FASCINANTES
Le cinéaste souligne que les gens pourront entendre des histoires fascinantes. Chris LeBlanc a entrepris ce projet pendant la pandémie en 2020 et 2021. Il a apprécié le courage et l’effort des participants qui se sont déplacés pour raconter leur histoire malgré la crainte de contracter le virus. «Certaines de ces personnes avaient plus de 85 ans et même 100 ans. Ça a mis une certaine urgence dans le sens que je voyais que c’était une démographie qui était en vue de passer à l’histoire. Je trouvais que ça méritait de les interviewer.»
Selon le réalisateur, les jeunes pourront se reconnaître dans les propos des gens interviewés puisqu’ils parlent de leur jeunesse, de leur entrée au collège, des amis et de leurs angoisses face à leurs choix de vie. Ce sont des préoccupations universelles.
«Quand j’entends des jeunes aujourd’hui dire ‘‘ah la trigonométrie quosse ça va me donner plus tard’’, mais c’est pas la trigonométrie ou le latin qui leur a apporté quelque chose, c’est cette éducation-là classique qui était très équilibrée, très inclusive, il y avait une ouverture au Collège Saint-Joseph qui a permis à ces jeunes adolescents-là de faire des choix puis d’aller de l’avant. […] J’ai la même discussion avec ma fille.»
Il aimerait que les jeunes du secondaire puissent avoir accès à ces entrevues. «Je trouve intéressant que ce soient les jeunes de 65 ans passés qui nous parlent.»
Parmi les personnes interviewées, figurent, entre autres, Jean Gaudet, Bernard Poirier, Léopold Belliveau, Bertholet Charron, Adélard Cormier et Louise Imbeault. Ils sont devenus maires, conseillers, éditorialistes, professeurs, juges, journalistes, ministres, des piliers de la société acadienne.
«Je ne le connaissais pas au début de l’entrevue, alors c’était pour moi des découvertes humaines.[…] Vers la fin de l’entrevue, je réalisais que j’avais un géant devant moi. Chacun d’eux a raconté sa vie...»
Une station de visionnement sera installée afin de permettre aux gens de consulter ces archives interactives pendant toute la durée du festival. Trois années de travail ont été nécessaires pour compléter l’ensemble de la collection. Les entrevues ont été cataloguées, transcrites et classées dans des catégories.
Le lancement aura lieu au Café du Monument-Lefebvre, vendredi, à 15h30, à la suite de la projection du film Tintamarre – La piste Acadie en Amérique d’André Gladu. ■