Saint-Quentin: les citoyens ne peuvent plus filmer les réunions des élus
Il est désormais interdit aux citoyens de diffuser en direct ou de prendre des photos ou des vidéos lors des rencontres publiques du conseil municipal de Saint-Quentin.
Le conseil a adopté une série de mesures lors de sa rencontre publique d’avril afin, soutient-on, d’assainir le climat lors de ces réunions et d’y ramener un peu d’ordre.
Il a ainsi révisé sa politique de sorte à interdire l’utilisation de cellulaires par les citoyens pour filmer ou photographier les membres du conseil municipal et du personnel.
La réunion publique continuera à d’être diffusée en direct, mais celle-ci le sera uniquement à partir de la page Facebook de la municipalité, une pratique adoptée depuis la pandémie et que le conseil souhaitait conserver par souci d’ouverture et de transparence.
«Depuis la dernière élection municipale, on ne se le cachera pas, c’est difficile.»
Maire adjoint de Saint-Quentin, JeanFrançois Martel affirme que depuis plusieurs réunions du conseil, des citoyens filment la séance ou prennent des photos des membres du conseil, une situation qu’il juge inutile puisque la Ville diffuse déjà elle-même la rencontre en direct.
«Ils sont là avec leur téléphone à la main, et on sent que leur but n’est que d’essayer de nous prendre à défaut. Certains s’en servent même par la suite pour faire des montages. De se faire mettre des téléphones comme ça tout le temps dans le visage, c’est dérangeant, intimidant même, et on veut que ça arrête», confie l’élu municipal.
En interdisant cette pratique, le conseil dit souhaiter ramener une atmosphère plus saine lors des rencontres.
«On veut également essayer d’enlever le plus possible la haine qui tourne autour de la politique municipale à Saint-Quentin dernièrement. En fait, on veut que le décorum soit respecté lors des rencontres, tout ça pour éviter des dérapages», exprime-t-il.
COMMENTAIRES DÉSOBLIGEANTS
M. Martel n’est pas le seul à penser ainsi. «On a été très patient et on a toléré cette situation trop longtemps. On aurait dû instaurer ces règles il y a bon moment déjà.»
Mairesse de Saint-Quentin, Nicole Somers soutient que les médias sociaux ont de bons côtés puisqu’ils permettent de rejoindre une plus grande partie de la population. Cela dit, elle ne peut que constater qu’ils ont aussi des effets pervers.
«Il y a des gens qui viennent aux rencontres, ils se filment et profitent de cette plateforme-là pour avoir des visionnements, faire rouler leur page Facebook, avoir des likes. Et comme c’est souvent le cas avec les médias sociaux, tout ça vient avec son lot de commentaires souvent plus désagréables, et nous on n’a pas besoin», explique-t-elle.
Celle-ci parle en connaissance de cause. Récemment, elle a été la cible d’un déferlement de haine sur les réseaux sociaux en lien avec le dossier du Palais Centre-Ville, un centre en partie subventionné par la municipalité et dont la gestion faisait l’objet de critiques de la part de certains citoyens.
Elle avoue avoir été ébranlée par le nombre et la teneur des commentaires à son égard à la suite de certaines vidéos mises en ligne.
«Je suis habituée à prendre des coups, mais là ça commençait à dépasser les bornes. Ce qui m’inquiète le plus avec tous ces commentaires-là, ce sont les impacts qu’ils auront sur les bénévoles qui gravitent autour des organisations et qui essayent de faire fonctionner les choses. Qui va vouloir se présenter sur un conseil d’administration d’un organisme ou même encore sur un conseil municipal quand on voit comment on se fait tirer des roches et traîner dans la boue sur les médias sociaux?»
Qu’à cela ne tienne, cet épisode ne l’a pas bousculé au point de repenser son implication sur la scène politique.
«Même si certains veulent ma tête, ils devront attendre. Je suis têtue et orgueilleuse. Je ne vais pas reculer, j’ai pris un mandat pour faire avancer notre communauté et je vais l’honorer jusqu’à la fin», dit la mairesse. ■