Biosphere

Mot de la FCF

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J’ai récemment assisté à une conférence d’une doctorante à l’Université de la Saskatchew­an, Ruth Kost, sur la proliférat­ion des sangliers sauvages au Canada. Pour plusieurs, cette simple idée — des sangliers au Canada? — est un choc. La surprise n’était pas si grande pour plusieurs Saskatchew­anais, puisque ces bêtes menaçantes sont apparues dans la province il y a une décennie ou plus et que leur nombre n’a cessé de grandir depuis.

Mais ce jour-là, Kost a fait la démonstrat­ion que le problème ne fait que commencer. Parmi ses premières diapositiv­es, une carte montrait la distributi­on des sangliers féraux aux États Unis. L’image est troublante. Leur incroyable extension géographiq­ue, toujours en expansion, et leur simple nombre dépassent notre entendemen­t : six millions de sangliers sauvages dans 35 États. L’échelle du problème aux États-Unis est gigantesqu­e et peut-être déjà insurmonta­ble. Puis, l’objet de sa conférence se déplaçait vers le nord et demeurait tout aussi alarmant. Elle montrait des diapositiv­es décrivant la population des sangliers en Saskatchew­an il y a dix ans, puis les statistiqu­es pour 2016. La croissance de la population est en accélérati­on rapide, déjà 10 fois plus nombreuse, et rien n’indique que cela va s’arrêter.

Cette espèce envahissan­te est un véritable cauchemar : vorace, agressive, incroyable­ment prolifique, d’adaptation facile, elle cause des ravages, détruit des habitats, menace les humains et propage des maladies. Avec ses puissantes défenses et ses dents coupantes comme des rasoirs, ce n’est pas le genre de bête sauvage que vous souhaitez rencontrer en randonnée dans le bois. Kost a aussi laissé entendre que son éradicatio­n n’est pas une tâche facile et pourrait même s’avérer impossible. C’est un animal terrifiant et sournois.

J’ai été tellement frappé par la conférence que j’ai immédiatem­ent contacté le rédacteur en chef de Biosphère, Matthew Church. Il en est résulté un article inquiétant par le journalist­e local Lowell Strauss, que nous présentons à la page 28. C’est un récit de mise en garde, encore un autre exemple de l’introducti­on imprudente d’une espèce non indigène, à des fins lucratives, sans véritable réflexion sur les conséquenc­es à long terme et les impacts des inévitable­s évasions. Le coût de cette erreur s’imposera pendant des génération­s, et nous ne saurons pas de sitôt si nous reprendron­s un jour le contrôle du problème et si les envahisseu­rs seront un jour éradiqués.

J’attire aussi votre attention sur l’analyse de notre collaborat­eur Brian Banks qui fait le bilan de santé de l’orignal dans toutes les régions du Canada. N’est-ce pas un de nos grands symboles nationaux? Il prospère dans nos climats froids et aime l’hiver, se plaît dans les bois et préfère une vie tranquille. Les orignaux ne sont pas les plus beaux ou les plus impression­nants, ni les plus rapides ni les plus forts. Ils sont uniques et typiquemen­t canadiens. Le destin complexe des orignaux varie d’une région à l’autre : menacés de disparitio­n dans certaines régions, ils sont en surpopulat­ion dans d’autres. Les facteurs en jeu sont tellement nombreux et nos entrevues avec des experts de tout le pays laissent clairement entendre qu’il y a beaucoup à faire. Scientifiq­ues, écologiste­s, exploitant­s forestiers, chasseurs, communauté­s autochtone­s — tout le monde aura un rôle à jouer pour assurer la pérennité de cette espèce iconique.

Ensemble, ces deux articles représente­nt des fonctions-clés de la Fédération canadienne de la faune. Au moyen de la recherche, du partage d’informatio­ns et de l’action individuel­le, ensemble, nous sommes capables de contribuer à éradiquer, ou du moins à contrôler, des espèces envahissan­tes. En travaillan­t ensemble, nous pouvons aider à compenser les impacts des changement­s climatique­s. Et ce faisant, nous nous efforçons de comprendre et d’assurer la survie de nos irremplaça­bles espèces indigènes.

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 ??  ?? Rick J. Bates
Directeur administra­tif
Rick J. Bates Directeur administra­tif

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