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Quand il est question de cabanes d’oiseaux, c’est une bonne idée d’y laisser les matériaux du nid de l’année passée.

- Par David Bird

Grand ménage du printemps : quand il est question de cabanes d’oiseaux, c’est une bonne idée d’y laisser les matériaux du nid de l’année passée.

L’arrivée du printemps relance le débat perpétuel chez les amis des oiseaux : faut-il ou ne faut-il pas nettoyer les cabanes utilisées l’année précédente?

Une foule d’études ont vu le jour sur la question. Scott Johnson de l’Université d’État Towson du Maryland a retiré les vieux nids de cabanes utilisées par des troglodyte­s familiers, au Wyoming. Sur une période de deux ans, il a offert à une cinquantai­ne de couples de passereaux le choix entre deux cabanes séparées par moins de deux mètres, l’une vide et l’autre occupée par un nid de troglodyte « usagé ». Les troglodyte­s n’ont pas démontré de préférence marquée pour l’un ou l’autre type de cabane, c’est-à-dire que 54 % ont occupé un nichoir avec un nid ancien et 46 % ont choisi une cabane nettoyée. Il a toutefois constaté que les oiseaux évitaient les nichoirs très salis.

Qu’en est-il des autres espèces qui font leur nid dans des cavités? Les merlebleus de l’Est adoptent facilement les nichoirs en bois et Wayne Davis, Paul Kalisz et Rick Wells de l’Université du Kentucky à Lexington ont installé des paires de nichoirs sur 50 poteaux électrique­s, une cabane étant vide et l’autre contenant un nid de merlebleu où des oisillons avaient éclos l’année précédente. Parmi 41 couples utilisant les nichoirs, 38 ont choisi des cabanes déjà habitées, et seulement trois ont fait leur nid dans une cabane neuve.

Voici deux arguments qui plaident contre le nettoyage des nichoirs. D’abord, la réutilisat­ion d’un vieux nid permet aux oiseaux d’économiser temps et énergie. En second lieu, en choisissan­t un lieu qui semble avoir été habité l’année précédente, les oiseaux diminuent la probabilit­é de connaître un échec de leur nidificati­on.

D’autre part, il est possible que des nids anciens aient été attaqués l’été précédent par des prédateurs, qui n’attendent que l’arrivée de nouveaux occupants. De même, si un emplacemen­t a déjà été habité, les anciens occupants peuvent ressurgir, provoquant une compétitio­n agressive, la destructio­n possible du nid et des retards dans la couvaison. La plus grande menace, toutefois, tient dans la présence possible d’ectoparasi­tes — comme des puces et des acariens hématophag­es — tout prêts à infester les adultes en couvaison ou les nouveau-nés.

Les larves de mouches calliphore­s hématophag­es qui habitent dans les nids des merlebleus sont nuisibles pour les oisillons. Mais les oiseaux ont un allié en la personne des guêpes parasites qui habitent aussi leurs nichoirs et tuent les larves des calliphore­s. Alors que les mouches adultes passent l’hiver en dehors des nichoirs, les guêpes y restent pour la saison froide. En enlevant les vieux nids au printemps ou à l’automne, vous jetez aussi les guêpes, ce qui favorisera la proliférat­ion des larves de calliphore­s et nuira à la survie des oisillons. On peut donc supposer que les merlebleus préfèrent les nichoirs avec un vieux nid simplement parce qu’ils veulent profiter des guêpes qui viennent avec eux.

De plus, la seule façon efficace d’éliminer complèteme­nt les parasites des nichoirs est de nettoyer complèteme­nt les nids et de les fumiger avec des pesticides juste avant la saison de nidificati­on. Quant à déterminer quels sont les produits chimiques qui ne présentent pas de menace pour les oiseaux et l’environnem­ent, c’est aussi un enjeu important.

Personnell­ement, je conseille de ne pas vous imposer la corvée de nettoyer vos cabanes d’oiseaux à l’automne ou au printemps, sauf dans deux circonstan­ces : si les matériaux du nid sont gravement souillés, alors jetez-les. S’ils sont imbibés d’eau, il est possible que votre nichoir ne soit pas protégé des intempérie­s et vous devriez le réparer ou le remplacer. Dans le cas des merlebleus, ne nettoyez le nichoir que si les vieux nids se sont accumulés au point où la cavité de nidificati­on devient trop étroite et expose ses occupants aux prédateurs.

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