Biosphere

Un bon départ pour la course à la survive

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Protéger les oeufs de tortue des prédateurs pour accroître le nombre de petits qui atteignent l’âge de reproducti­on est un enjeu clé en conservati­on. Mais même avec cette aide, la probabilit­é de survie jusqu’à l’âge adulte demeure incroyable­ment faible.

Pour améliorer ces probabilit­és — en particulie­r pour les espèces et les localisati­ons particuliè­rement en péril —, certains ont recours à une pratique qu’on appelle « headstarti­ng » (avantage). Cela consiste à élever des petites tortues en captivité pour quelques mois jusqu’à deux ans avant de les relâcher.

« Nous essayons de les amener jusqu’à une taille où elles échapperon­t plus facilement aux prédateurs », dit Andrew Lentini, curateur des amphibiens et reptiles au Zoo de Toronto, qui pilote un programme d’avantage aux tortues mouchetées dans le parc urbain de la Rouge de création récente, depuis 2012.

La population indigène de mouchetées dans le bassin de la Rouge est tellement décimée, à cause des collisions, de la prédation des nids et de la fragmentat­ion de l’habitat, que le zoo se procure les oeufs destinés à son programme auprès du ministère des Richesses naturelles et des Forêts. Le MRNF récolte ces oeufs dans des nids « non viables » ailleurs dans la province, souvent à l’occasion de travaux routiers. Le zoo fait éclore les oeufs et élève les petites pendant à peu près deux ans puis, chaque année en juin, relâche 50 tortues mouchetées dans le parc. Elles sont toutes marquées, baguées et certaines portent un radio-transmette­ur.

Un avantage de l’élevage intérieur : ces tortues sont déjà aussi grandes que des mouchetées de six ou sept ans grandies dans la nature. Pourtant, elles n’atteindron­t pas toutes l’âge adulte. Par contre, Lentini observe qu’en relâchant 50 tortues par année pendant 17 à 20 ans, on devrait créer une population adulte stable et autosuffis­ante de 150 mouchetées dans la région. « C’est notre quatrième année, nous devons continuer encore 15 ans. »

À l’autre bout du pays, dans la vallée inférieure du Fraser, Andrea Gielens, chef de projet pour la faune des terres humides de C.-B. chez Conservati­on de la faune Canada, pilote un programme similaire, en partenaria­t avec le Zoo du grand Vancouver, pour la population côtière en voie d’extinction de tortues peintes de l’Ouest.

« Notre critère pour relâcher une tortue est qu’elle atteigne un poids minimum de 30 grammes, dit Gielens. Nous voulons nous assurer que nous ne lançons pas dans la nature des dizaines de petites tortues qui vont se faire manger immédiatem­ent. Nous voulons nous assurer qu’elles vont survivre pour se reproduire. »

Dans le cadre du programme, qui a commencé en 2013, on élève entre 175 et 200 tortues chaque année. Les oeufs sont récoltés depuis des nids en péril entre la fin mai et le début juillet, par Gielens et d’autres participan­ts au projet, puis les tortues sont généraleme­nt relâchées en août-septembre de l’année suivante. Comme les tortues peintes mâles atteignent la maturité autour de sept ou huit ans, et les femelles un peu plus tard, on se contente pour l’instant de suivre la survie et la croissance des tortues relâchées, mais on rechercher­a bientôt des indices relatifs à la reproducti­on et aux succès de nidificati­on, dit Gielens.

« Puis nous entreprend­rons de faire le suivi des rejetons nés de nos pupilles, et de leur croissance au fil des ans. Un jour, nous verrons des naissances de bébés d’une prochaine génération... dans quelques années, évidemment. »

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