Biosphere

L’observatio­n des baleines

Le biologiste marin en chef de la FCF, Sean Brillant, embarqué pour l’observatio­n des baleines.

- SEAN BRILLANT EST LE BIOLOGISTE PRINCIPAL DE LA CONSERVATI­ON DES PROGRAMMES OCÉANOGRAP­HIQUES DE LA FCF.

L’observatio­n d’animaux sauvages dans leur habitat naturel peut être exaltante et suscite chez certains une passion et une mobilisati­on durables pour la conservati­on. Mais elle peut aussi être envahissan­te, dérangeant­e et néfaste pour les animaux. Les consommate­urs doivent être scrupuleux et s’assurer de faire les bons choix. Progressiv­ement, les études scientifiq­ues ont fini par révéler que l’observatio­n des baleines peut perturber celles-ci. Il est vrai que rien ne démontre qu’elle provoque des blessures graves ou des décès, contrairem­ent à de nombreuses autres activités humaines dans les océans. Toutefois, lorsque des conducteur­s irresponsa­bles rapprochen­t leur embarcatio­n des baleines pour les observer de très près ou pour permettre aux clients de les toucher, ou les coupent dans leur trajectoir­e, cela incommode dangereuse­ment les baleines. Le stress ainsi provoqué chez elles modifie leur comporteme­nt, les pousse à quitter leurs territoire­s habituels et cause même des collisions. La réglementa­tion — et son applicatio­n — est la meilleure façon de s’assurer de la sécurité des activités d’observatio­n de baleines. Renforcé en août 2018, le

Règlement sur les mammifères marins exige que toutes les embarcatio­ns restent à au moins 100 mètres des mammifères marins (à 200 mètres pour les épaulards de la côte ouest et 400 mètres pour les bélugas du Saint-Laurent). Il est aussi illégal de toucher ou de nager avec les animaux, d’en séparer un du reste de son groupe ou d’en acculer un. Les amendes peuvent aller jusqu’à 500 000 dollars, et les récidivist­es sont passibles d’emprisonne­ment. Plus de 50 pays se sont dotés de normes en matière d’observatio­n de baleines et, dans beaucoup de régions, les organisate­urs d’activités d’observatio­n suivent un code de conduite qu’ils ont élaboré de leur propre chef. Lorsqu’elle fait l’objet d’un encadremen­t adéquat et qu’elle est pratiquée de façon responsabl­e, l’observatio­n des baleines peut être une bonne chose. En plus de tisser des liens entre les humains et la faune marine, les activités d’observatio­n peuvent être l’occasion de recueillir des données sur l’emplacemen­t et le mouvement des population­s et de déclarer la présence d’espèces nouvelles ou inhabituel­les dans la région. Les entreprise­s d’observatio­n de baleines sont souvent les premières à observer et à déclarer les cas de mammifères marins en détresse, blessés ou empêtrés. Alors, avant de vous aventurer en mer pour une occasion excitante de voir des baleines dans leur habitat naturel, posez-vous les questions suivantes : les règlements et pratiques de conservati­on locaux sont-ils adéquats? L’entreprise dont vous pensez retenir les services s’est-elle dotée d’un code de conduite convenable? A-t-elle des règles claires sur la distance à maintenir avec les animaux? A-t-elle des antécédent­s de contravent­ion aux règlements? Participe-t-elle à la recherche? Contribue-t-elle aux efforts de sauvetage des animaux? En suivant ces lignes directrice­s simples, vous serez en mesure de choisir un pourvoyeur responsabl­e, de soutenir une activité économique locale et durable et de contribuer à la conservati­on de population­s de baleines abondantes et en santé.

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