Biosphere

Appel à l’action

- Par l’équipe de la FCF

Des milliers de petits projets non réglementé­s détruisent des habitats halieutiqu­es cruciaux partout au pays. Il est temps que le gouverneme­nt fédéral revoie ses politiques vouées à l’échec.

Des habitats halieutiqu­es essentiels sont en voie de disparitio­n partout au Canada. L’impact sur la biodiversi­té, sur les industries de la pêche et du tourisme et sur les loisirs de millions de Canadiens en est alarmant. Et les choses vont de pire en pire. Il est temps que le gouverneme­nt fédéral repense ses politiques mal conçues.

LE CANADA SUBIT ACTUELLEME­NT UNE PERTE environnem­entale grave qui, malgré ses conséquenc­es profondes pour la faune, l’industrie et les particulie­rs, reçoit très peu d’attention. L’habitat du poisson est en voie de disparitio­n, malgré la protection accordée par la Loi fédérale sur les pêches. Dans toutes les régions du pays, d’innombrabl­es petites altération­s et empiètemen­ts causent des dommages irréparabl­es, en grande partie à cause d’une surveillan­ce laxiste. L’ampleur du problème n’est pas connue, mais les conséquenc­es néfastes sont de plus en plus évidentes. Ce pays a besoin d’une nouvelle façon de protéger l’habitat pour assurer l’abondance des population­s de poissons et d’animaux sauvages dans l’avenir.

À l’heure actuelle, l’habitat canadien fait face à un scénario de mort par multiplica­tion de blessures. L’impact cumulatif de milliers de projets individuel­s à travers le pays est dévastateu­r. Il ne s’agit pas d’un problème nouveau : la Loi canadienne sur l’évaluation environnem­entale de

1992 exigeait la prise en compte des effets cumulatifs de multiples projets dans une région. Mais 28 ans plus tard, on ne s’entend toujours pas sur la meilleure façon d’y faire face. Étant donné le nombre incalculab­le de projets qui entrent en service chaque année, il devient de plus en plus important de s’assurer que de nombreuses interventi­ons ayant des impacts mineurs n’entraînent pas de grands problèmes pour la faune et les services que la nature offre aux Canadiens.

Au Canada, la Loi fédérale sur les pêches est le principal outil législatif pour protéger le poisson et son habitat et pour réglemente­r la pêche commercial­e. Ces deux volets sont essentiels, compte tenu des bénéfices que procurent les écosystème­s aquatiques et de la valeur de la biodiversi­té aquatique : la pêche commercial­e représente une industrie de 10 milliards de dollars par année, emploie plus de

70 000 personnes et est essentiell­e à la santé économique de nombreuses collectivi­tés canadienne­s. Et les 3,2 millions de Canadiens qui pratiquent la pêche récréative injectent plus de 5 G$ chaque année dans les économies régionales en achat d’équipement­s et frais de séjour. La pêche autochtone est un autre facteur important de l’économie et, plus important encore, elle joue un rôle central dans les cultures traditionn­elles et les récoltes de subsistanc­e.

La Loi sur les pêches garantit que nos eaux ne sont pas polluées et protège indirectem­ent l’habitat de toutes les espèces aquatiques. L’applicatio­n de la loi, la responsabi­lité de Pêches et Océans Canada, est essentiell­e à la santé et à l’avenir des océans, des lacs et des rivières du Canada — et des créatures qui les habitent. En vertu de la loi, la destructio­n de tout habitat halieutiqu­e par toute personne, entreprise ou organisme gouverneme­ntal qui entreprend un projet doit être autorisée par le MPO. Il peut s’agir d’une nouvelle rampe de mise à l’eau ou d’un projet à grande échelle qui détourne une rivière. La portée et les chiffres sont énormes.

Au cours des 30 dernières années, le système a été modifié et même repensé à plusieurs reprises. Dans les années 1990, le MPO a commencé à déléguer des responsabi­lités aux provinces intérieure­s. Il a ensuite changé d’orientatio­n, annonçant en 1999 qu’il serait le chef de file de la protection de l’habitat du poisson au Canada. À la suite de cette décision, dans le but de déterminer comment il pourrait traiter les milliers de projets par année dans l’ensemble du pays, le MPO a élaboré ce qu’on appelle une « approche axée sur les risques ». Cela signifie que les projets qui causent une certaine destructio­n de l’habitat, mais qui sont considérés à faible risque — en raison de l’ampleur ou du type de cet impact —, peuvent être réalisés sans l’autorisati­on officielle du MPO. La question de la réglementa­tion des petits projets continuait de poser problème; en 2012, la loi a été reformulée en profondeur pour modifier le libellé fondamenta­l interdisan­t la destructio­n de l’habitat, et même les poissons qui étaient ou n’étaient pas protégés. Cela a été fait en partie pour libérer le gouverneme­nt fédéral de la responsabi­lité de surveiller d’innombrabl­es projets « mineurs » qui détruisent néanmoins les habitats océaniques, de lacs et de rivières au

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