Faune urbaine
Rendre les environnements urbains plus accueillants à la biodiversité facilite la propagation de la maladie de Lyme. Avec le retour du printemps et des tiques à pattes noires, soyez prêt!
Les efforts déployés pour favoriser la biodiversité dans les villes canadiennes et y diminuer les émanations de carbone augmentent notre risque face à la maladie de Lyme. Au retour du printemps (et avec lui, des tiques à pattes noires), voici ce que vous devez savoir.
Dans notre siècle mondialisé, urbanisé et de plus en plus mobile, où les migrations signifient que les populations sont dans un état d’échange constant et rapide, les virus se propagent aussi plus rapidement. Les changements climatiques ne font qu’aggraver le problème.
Près de 20 % de toutes les maladies infectieuses dans le monde sont transmises par des organismes hôtes, appelés vecteurs, tels que les moustiques, les moucherons, les phlébotomes, les escargots aquatiques, les poux et les tiques. Les maladies dont ils sont porteurs entraînent plus d’un million de décès dans le monde chaque année. Et si la majeure partie du fardeau (de la fièvre jaune, du paludisme, de la dengue, du zika et du chikungunya, entre autres) pèse sur les populations les plus pauvres dans les climats tropicaux et subtropicaux, les maladies à transmission vectorielle sont également un problème au Canada.
Les changements climatiques, la mobilité et l’urbanisation sont autant de facteurs. Le paradoxe tient dans ce que les mesures prises récemment pour améliorer l’écologie urbaine et réduire la production de carbone contribuent à un problème croissant dans ce domaine. Et si les moustiques peuvent sembler être le vecteur le plus menaçant dans ce pays (nous en avons plus sur notre territoire que tout autre pays, et le virus du Nil occidental est une menace depuis 2002, bien qu’elle soit lointaine pour la plupart), les Canadiens devraient s’inquiéter davantage de deux types distincts de tiques à pattes noires et de la maladie de Lyme qu’elles distribuent. En 2009, 144 cas ont été signalés; en 2017, il y a eu 2025 cas. Les coupables sont la tique du cerf, ou tique à pattes noires (Ixodes scapularis), dans les régions de l’est et du centre du Canada méridional et la tique à pattes noires de l’Ouest (Ixodes pacificus), un peu moins menaçante, en Colombie-Britannique.
Les tiques ont besoin de sang pour vivre, et elles l’obtiennent en s’attachant à d’autres animaux pour se nourrir. Une fois infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi à partir du sang d’oiseaux sauvages et de rongeurs, elles sont capables de propager la maladie de Lyme à chaque prédation ultérieure. Parmi les principales victimes, on trouve les humains et leurs animaux de compagnie, en particulier les chiens.
La menace est réelle : les effets de la maladie de Lyme peuvent être dévastateurs. Les premiers symptômes, entre trois et trente jours après une morsure de tique, ressemblent à ceux d’une grippe bénigne : fièvre, frissons, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires, ganglions lymphatiques enflés et fatigue paralysante. Un signe révélateur est une éruption cutanée qui ressemble souvent – mais pas toujours – à une cible de cercles concentriques rouges. Non traitée, elle peut entraîner la paralysie de Bell (paralysie faciale), des troubles cardiaques, des lésions neurologiques, la méningite, l’arthrite et d’autres affections graves. Les enjeux sont importants.
Jusqu’à récemment, le seul endroit au Canada où nous devions prendre des précautions était dans la nature. Plus maintenant. Les tiques à pattes noires se sont installées en ville. Le changement climatique a contribué à créer les conditions plus chaudes et plus humides que ces parasites apprécient particulièrement. Les oiseaux migrateurs hôtes, dont les destinations ont été modifiées par la hausse des températures et le refuge offert par les villes, introduisent la maladie en dehors des zones endémiques.
Cette tendance est renforcée par des stratégies visant à contenir l’étalement urbain, à réduire la pollution et à minimiser l’effet d’îlots de chaleur. Dans le but de favoriser la biodiversité et de devenir plus « vivables », les villes du pays augmentent la densité urbaine tout en multipliant les espaces verts et les espaces naturalisés, créant des corridors de végétation non entretenue pour favoriser une plus grande biodiversité. Parallèlement, l’accent mis sur le plein air et les sentiers de randonnée en milieu urbain pour un mode de vie plus sain exposent les citoyens à un risque accru de contracter la maladie de Lyme.
La réponse la plus efficace au problème ne se trouvera probablement pas dans des stratégies politiques et d’urbanisme de haut niveau. Oui, nous devrons adapter notre façon de concevoir, de construire et de gérer les environnements urbains et suburbains. Mais d’abord, les instructions désormais familières devront devenir une routine, comme le port de manches longues et de pantalons longs lorsque l’on se trouve dans la nature, même si je pense qu’il est peu probable que des citadins soucieux de leur apparence en viennent à rentrer leur pantalon dans leurs chaussettes. Et il sera probablement difficile de convaincre les randonneurs urbains d’appliquer un insectifuge à base de DEET avant de se rendre au parc. Mais tout le monde devra être prudent, et cela implique de faire un contrôle minutieux des tiques, en particulier dans les cheveux, sous les bras, dans et autour des oreilles, derrière les genoux, entre les jambes et autour de la taille. Si vous trouvez une tique sur votre corps, enlevez-la immédiatement à l’aide d’une pince à épiler. L’attraper dans les 24 premières heures peut aider à prévenir l’infection. Les tiques peuvent être difficiles à voir lorsqu’elles s’accrochent pour la première fois – elles peuvent être aussi petites qu’une graine de pavot ou de sésame – mais sont beaucoup plus faciles à trouver une fois qu’elles sont gorgées de sang. De même, l’action communautaire la plus efficace sera locale. La prévention nécessitera la vigilance de tous les membres d’une communauté, le signalement à la municipalité locale des flaques d’eau stagnante, la modification de la conception et de l’entretien des cours et l’utilisation de pesticides si nécessaire. Imaginez un programme tel que la surveillance de quartier, engageant des communautés entières à minimiser le risque de maladie de Lyme. En attendant, consultez les avis de Santé Canada ainsi que des informations plus localisées sur les sites Web de votre gouvernement provincial et municipal.