Biosphere

Faune urbaine

Véritables aimants pour les oiseaux en déplacemen­t, les villes canadienne­s sont responsabl­es de la mort d’innombrabl­es oiseaux migrateurs chaque année. Il pourrait en être autrement

- Par Matthew Church

La vie est dure pour l’oiseau migrateur moyen. Les exigences physiques extrêmes des voyages

semestriel­s sur des milliers de kilomètres à travers de hautes chaines de montagnes, dans des vents contraires violents et des conditions climatique­s difficiles, entrainent de nombreuses morts. Les taux de mortalité lors de la migration entre les zones de reproducti­on et d’hivernage sont généraleme­nt six à dix fois plus élevés qu’ils le sont sur les lieux de destinatio­n des oiseaux. La situation est pire en Amérique du Nord que partout ailleurs dans le monde.

Certains des dangers les plus dévastateu­rs sont causés par l’homme : les grands bâtiments très éclairés, les torchères des usines à gaz, les parcs éoliens, les câbles de transport et les antennes de téléphonie cellulaire et autres tours de communicat­ion sont tous dangereux pour les oiseaux migrateurs; il en va de même, bien sûr, pour les zones urbaines en général. Cela est particuliè­rement évident dans les grandes villes d’Amérique du Nord, dont beaucoup se trouvent sur une (ou plusieurs) des quatre voies de migration du continent, qui sont très fréquentée­s. Cette combinaiso­n a été mortelle. Il faut blâmer l’ÉADN pour une grande partie de ce phénomène.

L’éclairage artificiel de nuit (que les experts résument par l’acronyme EADN) est responsabl­e, selon ces experts, de la mort de près d’un milliard d’oiseaux chaque année à la suite de collisions avec des bâtiments au Canada et aux États-Unis. De plus, autour des villes côtières, les oiseaux de mer sont attirés vers l’intérieur des terres et deviennent bloqués, désorienté­s, incapables de retourner dans leur habitat. Pour les voyageurs nocturnes, qui comprennen­t la plupart des oiseaux chanteurs, des oiseaux aquatiques et de nombreux oiseaux de rivage, leur altitude de vol généraleme­nt basse les rend plus susceptibl­es d’être attirés et désorienté­s par les grands bâtiments lumineux. À Toronto, les principale­s victimes sont les bruants à gorge blanche, les colibris à gorge rubis et les espèces en danger telles que la grive des bois, l’engouleven­t bois-pourri et la paruline du Canada.

Depuis près de trois décennies, une organisati­on appelée FLAP Canada s’efforce de réduire ce carnage. (FLAP est l’acronyme de Fatal Light Awareness Program : Programme de sensibilis­ation à l’éclairage meurtrier.) Elle peut toujours faire appel à votre aide pour recueillir les victimes, faire campagne pour la modificati­on du code du bâtiment (par exemple en exigeant des vitres à l’épreuve des oiseaux) et faire pression sur les propriétai­res d’immeubles pour qu’ils « éteignent », c’est-à-dire qu’ils fassent ce qu’il faut et restreigne­nt l’éclairage.

Les villes sont également essentiell­es à la survie des « migrateurs » (que les experts anglophone­s désignent comme « migbirds »). En effet, les ressources les plus importante­s nécessaire­s au réapprovis­ionnement, au repos et à la protection contre les prédateurs peuvent souvent être trouvées plus facilement dans les villes qu’ailleurs. (Certaines villes sont si attrayante­s pour les oiseaux de passage qu’ils y atterrisse­nt et ne les quittent jamais, devenant résidents au lieu de migrateurs.) Un nombre croissant de villes nord-américaine­s reconnaiss­ent ce fait et agissent, notamment la ville d’Ottawa, qui a annoncé en novembre dernier qu’elle adoptait des stratégies visant à réduire les collisions entre les oiseaux et les bâtiments et qu’elle lançait des directives de conception volontaire­s pour les constructe­urs et les propriétai­res. C’est un début.

Chaque citadin peut faire beaucoup plus pour aider les oiseaux migrateurs et, ce faisant, aider également les population­s d’oiseaux résidentes et faire de la ville un milieu plus respectueu­x de la nature dont les humains profiteron­t également. Cela signifie créer, conserver et améliorer l’habitat naturel partout : les propriétés privées, les parcs publics, les cours d’école, les emprises, les rivages, et même les toits. Les oiseaux ne seront pas les seuls à en bénéficier. Les pollinisat­eurs en difficulté en profiteron­t également, tout comme les humains. En outre, des recherches ont montré que ces efforts sont plus efficaces lorsque la population locale est impliquée, que ce soit par des panneaux d’interpréta­tion dans les zones fréquentée­s par les oiseaux, des vitrines et des jardins de démonstrat­ion ou en rassemblan­t des bénévoles pour créer un habitat pour les oiseaux qui fournira de la nourriture, de l’eau et un abri aux principale­s espèces et animera les quartiers.

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