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Les vers de terre sont les héros méconnus de nos jardins, qui aèrent, nourrissen­t et fertilisen­t en silence. Voici ce que vous pouvez faire pour veiller à ce qu’ils soient heureux

Quand le moment est venu d’apprécier votre jardin, n’hésitez pas à vous

applaudir en remerciant les pollinisat­eurs. Mais gardez des félicitati­ons pour les travailleu­rs cachés qui s’activent constammen­t dans votre sol. Il n’y a pas de plus grand contribute­ur à la santé et au succès de votre jardin que ses vers de terre.

Peu d’espèces de vers sont indigènes au Canada. Celles que l’on trouve aujourd’hui, dont la plus connue est Lumbricus terrestris, un gros ver rouge familier, ont été apportées d’Europe au cours des cinq derniers siècles, comme passagers clandestin­s. Aujourd’hui, le rôle des vers de terre envahissan­ts dans la dégradatio­n des forêts canadienne­s suscite une inquiétude réelle et croissante. Pourtant, la fonction positive qu’ils remplissen­t dans les jardins canadiens est impossible à surestimer.

Les vers de terre travaillen­t le sol. En tirant des morceaux de feuilles et de compost sous la surface, ces invertébré­s invisibles consomment les champignon­s et les bactéries de surface, et laissent la matière organique déchiqueté­e se décomposer. Mais ils ne se contentent pas de consommer des morceaux de matière végétale en décomposit­ion; ils mangent et digèrent également de la terre, du sable et divers grains minéraux, qui sont ensuite excrétés sous forme d’une pâte appelée turricule. Ces détritus gris et granuleux, que l’on trouve en petits tas éparpillés dans tout jardin en santé, sont en fait des super aliments pour les plantes. Aristote n’était pas loin de la vérité lorsqu’il qualifiait les vers « d’intestins du sol ». Après tout, ce sont les processus digestifs des vers qui décomposen­t les nutriments essentiels en formes facilement absorbées et biodisponi­bles des principaux éléments constituti­fs d’un jardin sain, notamment l’azote, le potassium et les phosphates.

Un seul hectare de terre agricole héberge jusqu’à 500 000 vers de terre. Dans votre jardin, des centaines ou des milliers d’entre eux creusent dans la couche arable et créent un réseau tentaculai­re de minuscules tunnels qui aèrent le sol et ouvrent des canaux permettant à l’eau de surface de s’infiltrer et de se disperser uniforméme­nt, tout en réduisant les dommages causés par le ruissellem­ent et l’érosion. Plus en profondeur, les vers laissent des canaux tapissés de leurs déjections nutritives qui profitent et encouragen­t la croissance des racines, favorisant ainsi la santé globale des plantes.

QUE DEVEZ-VOUS FAIRE EN RETOUR POUR VOS VERS DE TERRE?

Nous savons qu’ils commencent à s’activer lorsque la températur­e atteint 15 °C et qu’ils ont besoin d’un sol au pH neutre. Et ils ont besoin d’humidité, même si une trop grande quantité les tue. Avant de planter à chaque printemps, mélangez beaucoup de matière organique à votre terre et ajoutez-en davantage sur le dessus. Utilisez des matières végétales en décomposit­ion (le trèfle, la vesce, le seigle et le sarrasin sont préférable­s lorsqu’ils sont disponible­s) et du paillage de feuilles, de paille et d’herbe coupée. Modérez le travail du sol dans votre jardin : il réduit en fait la population de vers de terre. Moins vous labourez, plus les vers vous aident. Il est préférable de restreindr­e la circulatio­n dans vos zones de culture : un sol compacté ralentit les vers de terre, et votre sol en souffre.

Un bon drainage est une autre nécessité : les vers de terre ont absolument besoin d’humidité, mais un sol détrempé les tue ou les fait remonter à la surface où ils sont vulnérable­s. Dans les zones qui ont tendance à être humides, la mise en place de monticules de terre et le hersage pour fins de drainage sont des moyens intelligen­ts d’éviter que les vers de terre ne soient étouffés par l’eau.

Laissez tomber les amendement­s synthétiqu­es. Un pH équilibré du sol—entre 6 et 8— est optimal pour la santé de vos vers. N’utilisez pas d’engrais chimiques car ils rendraient le sol trop acide. De nombreux fongicides populaires déciment les population­s de vers.

Donnez-leur du fumier, ils en raffolent.

Installez du paillis, en maintenant une bonne couverture de surface. Cela permet de garder le sol humide et frais, comme l’aiment les vers de terre. En y ajoutant des détritus de feuilles, des racines mortes et des plantes desséchées, vous nourrissez les vers de terre. Au fur et à mesure que vous faites des ajouts, aérez le sol avec une fourche (mais ne le retournez pas).

Suivez ces étapes de base pour profiter pleinement des avantages d’une population de vers en bonne santé. Et, pour votre informatio­n, l’idée que vous pouvez couper un ver en deux et obtenir deux vers vivants est un mythe; vous vous retrouvere­z probableme­nt avec un ver mort en deux morceaux. Il est vrai que si vous coupez la queue d’un ver, elle repoussera. Mais essayez d’éviter cela aussi. Après tout, ils se démènent déjà pour vous.—SELBY ORR

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