CLAUDETTE DION plus que la soeur de…
C’EST L’HEURE DES BILANS POUR CLAUDETTE DION, QUI RELATE, DANS SA BIOGRAPHIE, LE DESTIN HORS NORME DE LA CÉLÈBRE FAMILLE DE CHARLEMAGNE.
Il faut être vraiment de mauvaise foi pour résister au charme débonnaire de Claudette Dion. Quand je l’ai rencontrée à la cafétéria de TVA alors qu’elle sortait d’une énième entrevue pour promouvoir
La soeur de…, un récit biographique, la pimpante marraine de l’illustre Céline m’a accueillie en m’offrant une partie de son club sandwich, et s’est étouffée de rire en évoquant certains moments de son parcours singulier. Comme la fois où, dans la même semaine, elle s’est produite en spectacle au Camping Ste-Madeleine, le long de l’autoroute 20… avant de s’envoler pour Paris, où elle chantait Piaf à l’Olympia. « Quand Michel Girouard a raconté ça dans une chronique, je l’ai trouvée bonne… Il avait tellement raison ! »
UNE BELLE SIMPLICITÉ
Il n’y a pas l’ombre du début d’une graine de prétention chez la sexagénaire – d’ailleurs elle admet candidement qu’on ne lui aurait jamais proposé de publier un livre, signé par Jean-Yves Girard, collaborateur de Châtelaine, n’eût été son lien familial avec une star planétaire. Et, franchement, son ego n’en souffre pas. Elle sait que son nom attire surtout ceux qui sont curieux de sa soeur. « Quand les gens m’abordent, c’est souvent pour me demander comment va Céline. Il y en a même qui demandent à me toucher, en se disant qu’au moins, ils auront pu approcher sa soeur ! Je trouve ça surtout dommage pour eux. Il me semble que leur vie doit être plate ! »
Tout de même, avec sept albums à son actif, Claudette n’aurait-elle pas rêvé de Grammy Awards sur le manteau de sa cheminée, elle aussi ? « Contrairement à ce que les gens pensent – dont certains membres de ma famille –, je n’ai jamais rêvé d’être à la place de Céline. J’aime chanter, mais ce n’est pas viscéral, mon épanouissement n’en dépend pas. »
Pour le reste, sa trajectoire est surtout une collection d’expériences disparates, découvre-t-on à la lecture de son livre : puéricultrice à l’époque révolue des crèches, animatrice et chroniqueuse télé, hôtesse dans un Nickels (plus tard, elle en possédera un à Terrebonne), participante à une émission de téléréalité en France – La Ferme Célébrités 3 –, directrice générale de la Fondation Maman Dion, conceptrice de spectacles, coauteure d’un livre de recettes de conserves, porte-parole du centre de soins palliatifs La Maison Adhémar-Dion… Ne cherchez pas le fil conducteur, il n’y en a pas.
« Moi, quand il y a un défi à relever et que je m’en sens capable – pas question d’avoir l’air poche et de faire rire de moi, quand même ! –, j’y vais jusqu’au bout, dit-elle. Tant pis si ça ne lève pas : j’aurai participé honnêtement, avec mon coeur. Le reste, on s’en fout. »
LA RICHESSE, BOF !
Dans sa bio, elle révèle pour la première fois avoir mangé de la misère quand elle a quitté son mari dans les années 1990, assumant seule la charge de leurs quatre enfants. Elle a été pauvre aux « cinq cents près », assez pour cogner à la porte de l’aide sociale quand Hydro a menacé de lui couper l’électricité. Elle était déjà connue à l’époque et le fonctionnaire qui l’a reçue n’en revenait pas. « Mais quand j’ai vendu ma maison, j’ai remis à l’État tout l’argent qui m’avait été donné – j’ai fait un chèque de 7 000$! »
Ce qui l’amène à crever un mythe persistant : ce n’est pas parce que la fortune de Céline s’élèverait, selon le magazine
Forbes, à 545 millions de dollars, que sa fratrie roule sur l’or.
Bien sûr, Céline les gâte. Croisières en cadeau, chaussures haute couture, Noëls grandioses… « Certaines années, il y avait des poches de jouets pour chacun des enfants, une équipe de techniciens qui mettaient en scène l’arrivée du père Noël avec ses rennes… On se serait crus à Disney! »
Richesse et célébrité extrêmes changent à jamais le visage d’une famille. Certains le vivent très bien, comme Claudette, mais d’autres « n’y prennent pas de plaisir ». « Il y en a même qui ont adopté le nom de famille de leur conjoint pour ne jamais se faire reconnaître, ça les stresse trop. »
Claudette, elle, ne céderait pas sa place: « Nomme-moi quelqu’un qui ne voudrait pas être sa soeur… » Aussi répond-elle présente chaque fois que Céline a besoin d’elle. Elle a déjà remis une série de spectacles – et son mari Serge, pris un congé sans solde – pour s’occuper des enfants de la star à Las Vegas pendant des mois. « Elle préfère que ce soit un proche qui en prenne soin. Elle peut se payer n’importe quoi dans la vie, mais cette sécurité-là, ça n’a pas de prix. Quant à moi, je me sentais chanceuse d’être choisie. »
D’autant que ces moments lui permettent de renouer avec sa « p’tite soeur », celle d’avant le jet privé et les robes à 25 000$. Car la famille, c’est du sérieux pour Claudette – pas mal plus que la gloire et les paillettes. « Mon plus grand rêve serait d’acheter un domaine pour qu’on soit toujours ensemble, toute la gang! »