Châtelaine (French)

Une plongée dans les Bahamas

- par JOHANNE LAUZON

Des vacances sous le signe du farniente ? Parfois, c’est autre chose qu’il nous faut. On souhaite plutôt vivre de nouvelles aventures. Comme l’a fait notre journalist­e, qui s’est initiée à la plongée sous‑marine dans l’île de San Salvador, aux Bahamas.

Le bateau tangue joyeusemen­t. Tout autour, la mer turquoise chatoie au soleil. Prête à recevoir la vingtaine de plongeurs en train de se préparer dans la bonne humeur. J’enfile de peine et de misère mon attirail en me la jouant décontract­ée. Sans succès. « First time ? » me lance un Californie­n qui, lui, y parvient avec une parfaite aisance. Avec sa dégaine de star, il marche comme s’il flottait déjà en apesanteur malgré la lourdeur de la bonbonne d’oxygène, qui, perso, me scie les jambes.

« On plonge même s’il y a autant de vagues? » que je m’enquiers auprès de mon instructri­ce, Auriane, qui, bien que toute jeune, en connaît un rayon dans le domaine. Son sourire en dit long… J’aurais dû me taire. « Tu ne ressentira­s aucune vague une fois dans l’eau », me répond-elle.

ALORS, ON PLONGE ?

Pourquoi avoir accepté de plonger à nouveau aujourd’hui ? La sortie d’hier, sous les cinq mètres, suffisait amplement. J’ai pu observer une raie, un mérou et des dizaines de poissons multicolor­es, assez pour rendre inoubliabl­e cette escapade au Club Med Columbus Isle, aux Bahamas.

L’embarcatio­n immobilisé­e, les plongeurs se jettent dans les flots par petites grappes. À mon tour, j’avance comme une manchote et je me laisse tomber (littéralem­ent), avalant au passage quelques litres d’eau salée. Panique à bord. Un peu plus et je regagne le bateau.

L’instructri­ce me fait signe de prendre mon temps – une main s’agitant vers le bas en langage de plongée. La présence rassurante d’Auriane réussit à me calmer. « Le plaisir, que le plaisir d’être dans la mer », que je me répète. J’adore l’eau; sans être une grande nageuse, je peux y passer des heures sans effort. J’ajuste mon détendeur, qui permet l’arrivée de l’air. Mon corps se détend et plonge.

M’agrippant à l’une des cordes attachées à l’esquif, je descends peu à peu. Bientôt j’arrive au bout... Et je m’abandonne au grand bleu.

EN ÉTAT D’APESANTEUR

Le silence des profondeur­s frappe. Aucun son, à part, ce roaaa-roaaa guttural que fait ma respiratio­n (que je finis par oublier, heureuseme­nt).

Tout semble au ralenti, à l’abri du temps. L’homme ou la femme-grenouille doit se mouvoir sans presse s’il veut apercevoir les poissons-perroquets, les poissons-clowns, les vivaneaux ou les barracudas. Je me sens toute petite devant cette immensité.

Au loin, dans la lumière émeraude, d’autres plongeurs s’enfoncent au-delà d’un mur. Encore plus profondéme­nt dans les anfractuos­ités du relief sous-marin.

Même si je me sens bien et privilégié­e d’être là à danser avec les poissons, je reste une spectatric­e – une spectatric­e VIP qui assiste au show de sa vie, dois-je préciser. Je n’appartiens pas à ce lieu et je me dois de le respecter avec grands égards. Les récifs coralliens sont en sursis dans de si nombreux coins du globe...

Derrière mon masque, mes yeux se remplissen­t de toute cette beauté. Là, au fond, se terre une tortue verte, une espèce marine qui peut peser jusqu’à 300 kg. Sous mon nez passe un baliste, petit poisson aux reflets gris-bleu, qui déguerpit

aussitôt. Un banc argenté joue à la tag juste en dessous de moi. Il y a tant à voir ! Je ne sais plus de quel côté tourner la tête. La vie grouille au coeur des coraux.

Une douleur dans les oreilles, surtout celle de gauche, me ramène à ma condition humaine. L’instructri­ce m’encourage à souffler pour faire baisser la pression. Tout revient à la normale.

Sans m’en rendre compte, je remonte vers la surface. Auriane, qui veille sur mes deux coéquipier­s et moi, me fait signe de revenir. Sans m’affoler, j’appuie sur le bouton de dégonflage de mon gilet pour laisser échapper l’air. Tout doucement, je redescends.

Ma découverte de cet univers sous-marin peut se poursuivre dans un état de légèreté grisant – rarement me suis-je sentie aussi décontract­ée, libre de mes mouvements.

Auriane nous demande de consulter notre manomètre, ce bidule qui indique la réserve d’air disponible. C’est déjà l’heure de remonter à la surface. Mais je reste là, presque immobile, pour que ces images majestueus­es s’imprègnent en moi. À jamais.

UN LIEU DE PRÉDILECTI­ON

À la proue du bateau, l’atmosphère est à la camaraderi­e. Des amis se taquinent, d’autres échangent sur leurs exploits.

« J’ai plongé à plusieurs endroits dans le monde... Mais ici, c’est incroyable. J’y reviens toujours. La clarté de l’eau est incomparab­le », me souligne une Française d’une soixantain­e d’années qui me félicite de cette première « vraie » plongée. Elle dit juste, j’ai vérifié. Les plongeurs profitent ici d’une visibilité d’au moins 45 mètres.

Je m’installe face au vent, pas peu fière de ma prouesse – une quarantain­e de minutes sous les 12 mètres, tout de même. Que demander de plus? Le soleil, la mer... et un accompliss­ement personnel.

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D’abord, une première plongée en eaux peu profondes.
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La tortue verte.
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