Châtelaine (French)

Ce que j’aime de moi

On souligne souvent à quel point c’est important d’être bien dans sa peau. Mais au-delà du fait de devoir vivre avec le corps qu’on a, on doit apprendre à s’aimer. Cinq femmes nous parlent en toute franchise de ce qu’elles apprécient d’elles-mêmes.

- PAR ANDRÉANNE MOREAU MARJORIE GUINDON PHOTOS

J’aime mes bras, qui ont porté mes cinq enfants, les ont bercés, dorlotés. Je les apprécie depuis que je suis mère. Je ne m’en étais jamais vraiment préoccupée avant. Mais à partir de ce moment-là, ils sont devenus une source de réconfort intarissab­le.

Ce que ça révèle de moi? Ma fibre maternelle incroyable. Je l’ai toujours eue, d’ailleurs. Déjà toute petite, je voulais devenir enseignant­e et j’étais celle qui gardait tous les cousins et cousines.

Je les tiens de ma mère et de sa mère à elle. Comme les leurs, mes bras commencent à rousseler quand je vais au soleil (et j’y vais souvent !). J’aime beaucoup ces petites marques qui me rappellent d’où je viens.

Pour me sentir belle, je porte des vêtements tout simples, par exemple, des jeans et un t-shirt blanc. J’affectionn­e les basiques, les fibres naturelles comme le coton. Comme je suis entreprene­ure, je ne travaille pas dans un bureau, alors mon premier critère est souvent le confort. Et puis, mon chum m’aime comme ça, pas compliquée.

On dit de moi que je suis passionnée. Quand je parle de ce qui m’intéresse, comme de mon entreprise, j’ai l’impression que je m’allume et que ça me donne du charisme. On dit que je suis une fille simple, et que je n’ai pas besoin de grand-chose pour être heureuse. Pour moi, rien ne bat une fin de semaine : dans mon camp en bois rond avec ma petite famille. Sans WiFi, ni électricit­é, ni eau courante. C’est mon côté coureuse des bois.

J’aime mes lèvres, parce que c’est par elles que passent toute l’expression du visage, les paroles, l’amour, la reconnaiss­ance.

Je les apprécie depuis aussi loin que je me souvienne. Je me rappelle, quand j’allais à l’école en France, j’avais plusieurs amies qui me jalousaien­t pour mes lèvres. J’ai vite compris que j’étais chanceuse de les avoir, qu’elles soient aussi charnues. Nous, les Noires, nous avons peu de variété dans nos couleurs de cheveux ou d’yeux, alors ce sont nos traits qui nous distinguen­t. Moi, ce sont mes lèvres.

Ce que ça révèle de moi? Que j’ai le bonheur facile. Le sourire en dit beaucoup sur nous. C’est d’ailleurs ce que je remarque en premier chez les autres. Je les tiens de ma mère. Je crois que ses ancêtres étaient d’origine peule, un peuple de nomades de l’Afrique de l’Ouest. Mais mon sourire, je le tiens de mon père. Il était un grand optimiste qui mettait de la joie partout où il allait. Il a été enseignant, puis directeur d’école, et tout le monde l’aimait. Mes fils en ont hérité aussi. Quand ils sourient, ces deux beaux jeunes hommes, c’est tout leur visage qui s’illumine. Pour me sentir belle, je porte du maquillage. Un peu de fond de teint, d’ombre à paupières, du rouge à lèvres, et je suis prête à partir. Moi aussi je pâlis, l’hiver. Alors je trouve que ça me revigore.

On dit de moi que je suis toujours de bonne humeur. Dès que je passe le pas de ma porte, je veux rayonner, alors j’ai le sourire facile. On me dit souvent que je ne fais pas mon âge parce que je n’ai pas de rides. Peutêtre aussi parce que je suis jeune de coeur.

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MES BRAS
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