Châtelaine (French)

Il est urgent de traiter l’obésité comme une maladie

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Pourquoi l’obésité n’est-elle pas largement reconnue comme une maladie chronique?

Les préjugés de notre société vis-à-vis du poids ont infiltré le système de soins de santé. L’idée que l’obésité se résume à une question de « style de vie » alimente deux malentendu­s : en premier lieu, les gens deviennent obèses tout simplement parce qu’ils ont une mauvaise hygiène de vie et, en second lieu, une fois qu’ils sont obèses, ils le restent parce qu’ils ne sont pas suffisamme­nt motivés pour perdre du poids.

Comment les preuves médicales contredise­nt-elles ces fausses idées?

On ne « choisit » pas d’être obèse. Un grand nombre de gens (de fait, probableme­nt la majorité) ont une forte prédisposi­tion à prendre du poids. Or, une fois que vous avez grossi, votre organisme ajuste sa physiologi­e pour conserver cet embonpoint et favoriser la reprise de poids. La recherche révèle que sur 20 personnes ayant essayé un type quelconque de programme d’amaigrisse­ment, 19 d’entre elles finiront par reprendre tout le poids qu’elles ont perdu. Dans la plupart des cas, tenter de lutter contre votre propre biologie par la seule force de la volonté se solde par un échec sur le long terme.

Quelles sont les conséquenc­es de notre échec à traiter l’obésité en tant que maladie?

Plus de 200 maladies sont directemen­t liées à l’obésité et nous dépensons beaucoup d’argent pour traiter ces complicati­ons. Nous affectons les ressources des régimes de santé publics et privés au traitement du diabète, de l’hypertensi­on artérielle et des maladies coronarien­nes, mais pas du facteur le plus déterminan­t, qui est l’obésité. En fait, ce que nous disons, c’est « je ne peux pas vous aider maintenant; revenez quand vous aurez une “vraie” maladie ».

Comment voyez-vous un système de soins de santé qui traiterait l’obésité comme une maladie chronique?

Si vous prenez les personnes qui souffrent de diabète ou d’hypertensi­on artérielle, elles ne sont pas « guéries »; mais, si leur maladie chronique est bien gérée, elles peuvent avoir de longues vies, bien remplies. Le système de santé doit prendre ses responsabi­lités en procurant le même niveau de soins aux personnes obèses et en finançant adéquateme­nt l’accès à des traitement­s sûrs et efficaces.

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Le point de vue du Dr Arya Sharma, professeur de médecine, Université de l’Alberta, Edmonton

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