QUEL SENS DONNER À NOËL ?
Qu’est-ce qui nous pousse à célébrer Noël, une fête religieuse, alors que nous sommes de moins en moins croyants ? Il doit bien y avoir autre chose que les cadeaux (même si on aime aussi les cadeaux) !
En sueur sous un manteau trop chaud, on court encore pour łĵʼn ijıĴĵıőŔ łĵ ࡴ4 ĴéijĵŃIJňĵ après-midi, tandis que la dinde – qui aurait dû être Ĵéķĵłéĵ ĸĹĵň Ȃ Őňôńĵ Őoőjoőňʼn ĵńŐňĵ ĴĵőŔ poŐʼn Ĵĵ HäıķĵńǦDızʼn… EŐ łı vĹʼnĹŐĵ qőĹ ʼn’ĵń vĹĵńŐ ! Dĵ qőoĹ ʼnĵ ĴĵŃıńǦ Ĵĵň : poőňqőoĹǡ Ĵéjàǡ oń fıĹŐ ŐoőŐ çı ?
CĸňĹʼnŐĹńĵ Gıķńońǡ ĵłłĵǡ ı ijĸoĹʼnĹ Ĵĵ ʼn’épıňķńĵň ijĵʼn ĴéʼnıķňéŃĵńŐʼn. MıŃıń Ĵĵ ŐňoĹʼn ϐĹłłĵʼn Ĵĵ ࡷǡ 7 ĵŐ 8 ıńʼnǡ ĵłłĵ voĹŐ ĵń No´ł ıőŐňĵ ijĸoʼnĵ qő’őńĵ oňķĹĵ Ĵĵ IJéIJĵłłĵʼn. Ǽ L’ĹŃpoňŐıńŐǡ ij’ĵʼnŐ Ĵĵ ijňéĵň őńĵ oijijıʼnĹoń poőň ʼnĵ ňıʼnʼnĵŃIJłĵň ĵŐ ʼnĵ ŃońŐňĵň qő’oń ʼn’ıĹŃĵǡ pıʼn jőʼnŐĵ Ĵ’éijĸıńǦ ķĵň Ĵĵʼn ijıĴĵıőŔ qőĹ ϐĹńĹʼnʼnĵńŐ Ĵıńʼn łĵ IJıij à ňĵijyijłıķĵ »ǡ ĴĹŐǦĵłłĵ. Ełłĵ offňĵ à ʼnĵʼn ϐĹłłĵʼn őń oő ĴĵőŔ pĵŐĹŐʼn pňéʼnĵńŐʼn ijĸıijőńĵ ĵŐ őń ķňoʼn ijıĴĵıő ijoŃŃőńǡ choisi pour qu’elles passent du temps ĵńʼnĵŃIJłĵ ȋł’ıń ĴĵňńĹĵňǡ ij’éŐıĹŐ őń Lĵķo à ijońʼnŐňőĹňĵ à ŐňoĹʼn). Dıńʼn łĵ ŃêŃĵ ĵʼnpňĹŐǡ ĵłłĵ ı fıĹŐ őńĵ ijňoĹŔ ʼnőň łĵʼn ijıłĵńǦ driers de l’avent traditionnels, qu’elle ijońʼnĹĴèňĵ ijoŃŃĵ őń pőň ķıʼnpĹłłıķĵ. À łı płıijĵǡ ĵłłĵ fıĹŐ őńĵ ıijŐĹvĹŐé ʼnpéijĹıłĵ ıvĵij ʼnĵʼn ϐĹłłĵʼn Őoőʼn łĵʼn joőňʼn Ĵő 1er au ࡴ4 ĴéijĵŃIJňĵ. Çı łĵőň ijňéĵ Ĵĵ IJĵıőŔ ʼnoővĵńĹňʼn Ĵĵ fıŃĹłłĵ ĵŐ ij’ĵʼnŐ Ĵĵvĵńő őń Ĵĵ łĵőňʼn ňĹŐőĵłʼn pňéféňéʼn.
PLUS COMMERCIAL, VRAIMENT ?
On aimerait toutes que Noël soit plus authentique, comme ceux d’antan, avant qőĵ ŐoőŐĵ ł’ıffıĹňĵ ńĵ vĹňĵ à ijĵŐŐĵ fołĹĵ Ĵĵ ŃıķıʼnĹńıķĵ qőĵ főĹŐ CĸňĹʼnŐĹńĵ Gıķńoń.
ıőf qőĵ Ǽ ŃêŃĵ ıvıńŐǡ ijĵ ń’éŐıĹŐ pıʼn ijoŃŃĵ ıvıńŐ. Oń ń’ı jıŃıĹʼn ĴéńıŐőňé No´łǡ pıňijĵ qőĵ No´ł ı Őoőjoőňʼn éŐé őńĵ fêŐĵ ijoŃŃĵňijĹıłĵ ıő QőéIJĵij »ǡ ıfϐĹňŃĵ JĵıńǦPĸĹłĹppĵ Wıňňĵńǡ pňofĵʼnʼnĵőň Ĵĵ ʼnoijĹoǦ łoķĹĵ à ł’UńĹvĵňʼnĹŐé CońijoňĴĹıǡ ĵŐ ıőŐĵőň du livre Hourra pour Santa Claus ! ȋBoňéıł).
Lĵʼn joőňńıőŔ ijıńıĴĹĵńʼnǦfňıńçıĹʼn Ĵĵ łı ϐĹń Ĵő 19e ʼnĹèijłĵ ĵŐ Ĵő ĴéIJőŐ Ĵő ࡴ0e pıňłıĹĵńŐ Ĵéjà Ĵő Ǽ ŃıķıʼnĹńıķĵ ŐňıĴĹǦ ŐĹońńĵł Ĵĵʼn fêŐĵʼn » ȋ1904) ĵŐ ijońʼnĵĹłłıĹĵńŐ Ĵ’Ǽ évĹŐĵň Ĵĵ ʼnőijijoŃIJĵň à łı fňéńéʼnĹĵ Ĵĵʼn ıijĸıŐʼn ». Lĵʼn QőéIJéijoĹʼn ŃoĹńʼn foňŐőńéʼn oő qőĹ ĸıIJĹŐıĹĵńŐ łoĹń Ĵĵʼn ķňıńĴĵʼn vĹłłĵʼn ıijĸĵŐıĹĵńŐ pĵőŐǦêŐňĵ ŃoĹńʼn Ĵĵ IJĹĵńʼnǡ ŃıĹʼn Ǽ Ĺłʼn ňĵijĵvıĹĵńŐ qőıńĴ ŃêŃĵ łĵ ijıŐıłoķőĵ EıŐoń ĵŐ vĹvıĹĵńŐ Ĵıńʼn łĵ ňêvĵ Ĵő No´ł ijoŃŃĵňijĹıł »ǡ ĴĹŐ łĵ ʼnoijĹołoķőĵ.
Lĵ fıĹŐ ŃêŃĵ qőĵ No´ł ʼnoĹŐ ijĵńŐňé ʼnőň łĵʼn ĵńfıńŐʼn ń’ĵʼnŐ pıʼn foňŐőĹŐǡ ʼnĵłoń łőĹǡ pőĹʼnqőĵ ijĵłı ı pĵňŃĹʼn ıőŔ ijoŃŃĵňçıńŐʼn Ĵĵ fıĹňĵ Ĵĵ IJońńĵʼn ıffıĹňĵʼn. Ǽ EńŐňĵ ıĴőłŐĵʼnǡ oń ńĵ vĵőŐ pıʼn Ĵĵ ʼnőňĵńijĸèňĵ. Oń vı ĴĹňĵ qő’oń ń’ı IJĵʼnoĹń Ĵĵ ňĹĵńǡ ńoŐĵǦŐǦĹłǡ ıłoňʼn qőĵ ł’ĵńfıńŐǡ łőĹǡ Ĺł vĵőŐ ŐoőŐ. ő pĵőŔ ł’ĹńońĴĵň Ĵĵ joőĵŐʼn. » vĵij ł’ĹńvĵńŐĹoń Ĵő pĵňʼnońńıķĵ Ĵő pèňĵ No´ł Ȃ ĴońŐ łĵ pňĵŃĹĵň ĴéϐĹłé à MońŐňéıłǡ ňőĵ
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UN HÉRITAGE MULTIPLE
Cĵ ń’ĵʼnŐ pıʼn Ĵ’ĸĹĵň qő’oń Ĵépłoňĵ qőĵ No´ł ń’ĵʼnŐ płőʼn ijĵ qő’Ĺł éŐıĹŐǡ ʼnĵłoń yłvĹĵ BłıĹʼnǡ ĸĹʼnŐoňĹĵńńĵ Ĵĵ ł’ıňŐ ĵŐ ijoıőŐňĹijĵ du livre La fête de Noël au Québec ȋÉĴĹŐĹońʼn Ĵĵ ł’HoŃŃĵ). Ǽ Loňʼnqőĵ łĵʼn ijĸıńĴĵłłĵʼn Ĵıńʼn łĵ ʼnıpĹń ońŐ éŐé ňĵŃǦ płıijéĵʼn pıň Ĵĵʼn ıŃpoőłĵʼn éłĵijŐňĹqőĵʼnǡ ıőŐoőň Ĵĵʼn ıńńéĵʼn 19ࡷ0ǡ Ĵĵʼn ķĵńʼn ońŐ
trouvé que c’était épouvantable, que la tradition était gâchée », dit-elle.
D’où vient alors l’engouement que suscite toujours Noël ? Qu’est-ce qui a permis à cette fête chrétienne, célébrée aő ŃŅińs Ĵepőis le ࡶe siècle, de traverser le temps? Comment expliquer sa popularité aux quatre coins de la planète, de la Chine au Cameroun, en passant par le Sri Lanka ? Beaucoup de questions, une seule réponse : partout, Noël est devenu la fête familiale par excellence. Même dans les pays où vivent peu de chrétiens.
Ce tournant s’est amorcé en Angleterre aő Ńilieő Ĵő 19e siècle, au moment où s’estompait le caractère religieux des célébrations. C’est à cette époque qu’est publiée la première image de la famille royale, celle de la reine Victoria, autour d’un sapin décoré. Noël devient dès lors une occasion de prendre un bon repas avec ceux qui nous sont chers, et d’offrir des cadeaux, des bonbons ou des pâtisseries aux enfants, comme l’explique Sylvie Blais.
Ce repli sur la famille est aussi une manière d’oublier le travail, les tensions, les guerres, les problèmes politiques, estime François Walter, professeur à l’Université de Genève et coauteur de Noël – Une si longue histoire… (Payot). « On se retrouve avec les gens qu’on aime pour faire bloc contre tout ce qui est à l’extérieur et qui pourrait nous inquiéter. »
Si Noël a pu ainsi franchir les siècles, c’est parce que cette fête s’est adaptée, jőge-t-il. « Elle s’eńrichit, se ŃŅĴifie et se cŅŃplexifie, Ĵit l’histŅrień. Des ritőels qui, au départ, n’avaient rien à voir avec NŅ´l se sŅńt greffés aő 25 ĴéceŃbre. Ce sont de multiples strates, très anciennes, qui s’ajoutent et dont on ne connaît plus trop l’origine. »
La coutume des cadeaux, par exemple, vient probablement des étrennes romaines que l’on offrait aux enfants. Les arbres de Noël, on les doit aux Allemands, qői, aő 16e siècle, les décoraient de pomŃes rŅőges, Ĵe cŅńfiseries et Ĵe petits gâteaux. Quant à la traditionnelle bûche, elle a été inventée par des pâtissiers parisieńs Ĵő 19e siècle qui s’étaient inspirés du Yule log anglais, lui-même hérité de fêtes païennes celtes et scandinaves entourant le solstice d’hiver…
À CHACUN SA TRADITION
Ces traĴitiŅńs fińisseńt sŅőveńt par devenir ce que l’on préfère du temps des fêtes. Pour les proches de MarieClaire Girard, originaire de Portage-desRoches, au Saguenay, Noël ne serait pas Noël sans la fameuse tourtière qu’elle prépare chaque année. La vraie, vertigineuse, pas ces disques aplatis que les Montréalais et bien d’autres Québécois appellent « tourtière ».
Cette journaliste et enseignante à la retraite Ĵe 65 ańs la cŅńfectiŅńńe eń suivant la recette de sa mère et la sert avec du ketchup aux fruits et des morceaux de pain trempés dans le sirop d’érable. Le plus important pour elle ? « Quand je cuisine, j’y mets de l’amour. Quand je fais ma tourtière, je pense avec affection et tendresse aux gens autour de ma table », dit-elle.
Ces rites nous permettent de renouer avec notre histoire. C’est pour cette raison que Christine Gagnon a comŃeńcé à aŃeńer ses filles à la Ńesse Ĵe minuit. « Nous ne sommes pas croyants, mais nous voulons leur montrer d’où vient la culture québécoise, façonnée en grande partie par la religion catholique », dit-elle.
La messe de minuit continue d’ailleurs d’être extrêmement populaire. Les églises ont beau être vides le reste de l’ańńée, elles ĴébŅrĴeńt le 2ࡶ ĴéceŃbre, au point où il faut souvent réserver sa place Ĵes seŃaińes à l’avańce. Les fiĴèles viennent honorer la fête du Christ, selon l’abbé Robert Gendreau, de Montréal. «C’est quand même la raison d’être de Noël, ne l’oublions pas, dit-il. Les noncroyants, eux, recherchent un émerveillement, une émotion religieuse. »
Ce ravissement a d’ailleurs des racines tŅőtes scieńtifiqőes, fait Ņbserver Kelly Lambert, professeure de neurosciences comportementales à l’Université de Richmond, en Virginie. Selon elle, nous ressentons la magie de Noël… parce que nous sommes conditionnés à la ressentir ! La neige qui tombe, les arômes de pain d’épices, les lumières, tŅős ces stiŃőli fińisseńt par servir Ĵe déclencheurs à ces réactions automatiques. Le célèbre chien de Pavlov salivait rien qu’en entendant le tintement d’une cloche… L’odeur du sapin nous transporte vers la chaleur des Noëls de notre enfance.
UN VOYAGE DANS LE TEMPS
Car il s’agit bien plus que de simples souvenirs, selon la professeure. Cela s’apparente plutôt à un voyage dans le temps, une émotion enveloppante et viscérale qu’on peut même percevoir à l’aide de tests de résonance magnétiqőe. « J’ai 5ࡶ ańs, et lŅrsqőe j’eńteńĴs les cantiques de Noël, je revis cette magie, dit-elle. Je la ressens en périphérie, dans ŃŅń cerveaő blasé Ĵe scieńtifiqőe. »
C’est pour préserver cette graine de féerie qu’elle est allée jusqu’à mentir à ses filles alŅrs qő’elles étaieńt âgées Ĵe 3 et 7 ańs et avaieńt trŅővé leőrs cadeaux, cachés dans le grenier, bien avant la date magique. Elle leur avait fait croire que le père Noël les avait expédiés par messagerie parce qu’il avait mal au dos. « Je suis bien contente de l’avoir fait », lance la chercheuse, habituellement pragmatique.
Les neurosciences font état d’un autre facteur qui contribue à la joie des fêtes : l’anticipation. De nombreuses expériences, certaines sur des rats de laboratoire, ont démontré qu’attendre quelque chose peut être aussi agréable que de l’obtenir. « De nos jours, on veut tout, tout de suite, mais à Noël, il faut attendre... Ça fait partie du plaisir », dit Kelly LaŃbert.
Pour toutes ces raisons, Noël permet d’injecter un peu de lumière, de chaleur et de merveilleux à l’une des plus longues nuits de l’année. « Ce n’est pas pour rień qőe NŅ´l est célébré le 25 ĴéceŃbre, conclut l’historienne Sylvie Blais. C’est en plein solstice d’hiver, une période qui a un petit côté angoissant. Les humains ont besoin de se rapprocher à ce ŃŅŃeńt-là. C’est őń réflexe qői remonte à la nuit des temps. »