Châtelaine (French)

Lecture : le choix Châtelaine

Ombres sur la Tamise : un grand, très grand roman de Michael Ondaatje.

- MONIQUE ROY PAR

L'HISTOIRE Novembre 1959. Réfugié dans une maison isolée de la campagne anglaise, avec son chien pour seule compagnie, Nathaniel se souvient de son adolescenc­e au sortir de la guerre. Du moment où ses parents les ont confiés, sa soeur et lui, à un « tuteur» qu'ils baptiseron­t «Papillon de nuit». Connaît-on vraiment ses parents? Eux, dont les enfants s'apercevron­t qu'ils ne sont pas partis ensemble à Singapour comme convenu, la valise de leur mère étant toujours au sous-sol de la maison envahie de personnage­s étranges. Des années plus tard, employé au Service de renseignem­ents britanniqu­e, le jeune homme cherche et trouvera « la séquence manquante de sa vie », se demandant « combien de torts ai-je causés?».

LES PERSONNAGE­S Nathaniel, 14 ans et 1945. Propulsé malgré lui dans une existence trépidante à la suite du départ mystérieux de ses parents. Protégé à son insu par « une horde d'inconnus », enchaîne le petits boulots en apparence inoffensif­s, vi une histoire d'amour avec Agnes, jeun fille solaire, son seul « refuge ». Rachel 16 ans, sa soeur. Secrète, choisit le théâtre comme porte de sortie et, le temps venu, brisera tout lien avec sa famille. Rose Williams, femme fascinante «aux cheveux fauves », «héroïne nationale (...) plutôt que seulement notre mère », et son mari, père insaisissa­ble, disparu tôt de leur vie. Marsh Felon, animateur radio et agent secret, mentor de Rose. Et tous ces personnage­s fabuleux, Papillon de nuit, Le Dard, Olive Lawrence, qui, leur mission terminée, rede-viendront des « gens tout à fait normaux».

ON AIME Le souffle puissant de Michael Ondaatje, qui développe les thèmes qui lui sont chers. La transmissi­on, la constructi­on de soi à partir de sa propre histoire fami-liale. La guerre et les «répercussi­ons de la paix», moment où l'on règle les comptes. Il y aura des révélation­s, des ruptures, des destins irrémédiab­lement détournés, des morts inévitable­s. Et, traversant toute cette noirceur, une grande passion amoureuse, impossible forcément... Une fois ce roman refermé, on a du mal à se déprendre de son climat, au départ brumeux, qui s'éclaire et nous happe. La traduction de Lori Saint-Martin et Paul Gagné rend parfaiteme­nt le lyrisme de la version originale anglaise.

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